Ambroise Oyongo a mis plus de temps que prévu à découvrir le vestiaire montréalais, mais il sourit quand on lui demande de raconter son premier contact avec ses nouveaux coéquipiers. C'était au coeur du mois de mai, soit près de quatre mois après son acquisition des Red Bulls de New York.

«Je suis arrivé et tous les gars étaient présents. À la réunion vidéo, l'entraîneur a lancé: "Enfin, il est là!" tout en blaguant. Les joueurs étaient contents que je sois arrivé et ils m'ont donné un coup de pouce, particulièrement Baky [Soumaré], Hassoun [Camara] et Laurent [Ciman], énumère-t-il. Ça m'a vraiment fait plaisir de trouver des grands frères comme ça qui ont une bonne attitude.»

Oyongo a été officiellement acquis par le bleu-blanc-noir le 27 janvier dernier, en vertu d'une transaction qui a, entre autres, envoyé Felipe à New York. L'échange a également permis à l'Impact de recevoir une somme d'allocation nécessaire pour attirer Dominic Oduro. Mais après la Coupe d'Afrique des nations, à laquelle le Camerounais participait, l'entente montréalo-new-yorkaise a pris des allures de feuilleton. L'Impact, le clan du joueur et la Fédération camerounaise - qui faisait valoir qu'Oyongo était amateur lors de son prêt aux Red Bulls - se sont mutuellement rejeté la responsabilité de la situation. Bref, il semblait y avoir autant de vérités que d'interlocuteurs.

«Il fallait régler certains problèmes avec la ligue. Dans mon contrat, il fallait vraiment que tout soir clair pour que j'arrive à l'Impact, répond le numéro 2. Tout s'est bien passé malgré le temps que ça a pris. Ça a mis certaines idées dans la tête de certaines personnes. Aujourd'hui, je suis là et je vais tout donner au maximum pour que cet épisode soit oublié et effacé. [...] Je trouve que c'était un passage de la vie, une étape.»

Il n'empêche qu'une période d'inactivité de ce genre est contre-productive pour un joueur de 23 ans qui a le vent dans les voiles. En attendant que l'incertitude soit levée, il a gardé la forme avec l'aide d'un préparateur physique et de ses amis d'enfance. Il s'est d'abord entraîné sur la côte atlantique, à Limbé, avant de monter à Yaoundé, la capitale, pour se rapprocher de sa famille. «Le plus dur était de ne pas jouer et de rester, là, à attendre. Le footballeur vit pour la compétition: tu peux t'entraîner tous les jours, mais tu dois avoir le rythme des matchs. J'ai joué deux matchs avec l'équipe nationale, mais ce n'était pas suffisant. Je manquais de rythme», souligne-t-il.

Un joueur polyvalent

Oyongo a été formé comme un milieu extérieur avant de reculer d'un cran au gré des choix de ses différents entraîneurs. S'il semble s'installer sur le flanc gauche, à Montréal, c'est de l'autre côté qu'il s'aligne avec la sélection camerounaise. Il a également disputé quelques matchs à ce poste avec les Red Bulls.

À sa première sortie montréalaise, samedi dernier, le défenseur a avoué avoir eu besoin de quelques minutes pour trouver son rythme et son synchronisme. Il a toutefois montré son potentiel offensif en multipliant les montées et les dédoublements. «C'est l'une de mes forces. Aujourd'hui, les défenseurs sont appelés à marquer ou à faire des passes [décisives]. Moi, j'ai toujours travaillé comme ça, pour aller vers l'avant et donner un coup de main aux attaquants. Évidemment, je dois penser à défendre en même temps. Contre Dallas, je suis fier, car j'ai quand même été à mon niveau. Il faut essayer de continuer pour que je sois au top.»

La question est maintenant de savoir combien de temps Oyongo restera à Montréal. Au mois de janvier, son agent avait indiqué à La Presse que plusieurs clubs européens s'intéressaient à son poulain. À la fin de 2013, il a même failli être recruté par Lille, en première division française. Alors, ce rêve européen?

«Tout joueur ambitieux rêve de jouer dans un grand championnat et dans une grande équipe. Même si tu joues au Canada ou n'importe où ailleurs, certaines personnes vont venir te repérer si tu fais parler de toi grâce à ton talent. Si je joue bien avec l'Impact, tout ça viendra seul. [...] Je ne fixe pas de date, elle se fixera certainement quand je donnerai le meilleur de moi-même avec l'Impact et que j'aurai de bonnes prestations.»

À commencer par le Fire, demain, à Chicago.

Le dernier à savoir

C'est à la veille d'un rendez-vous décisif contre la Côte d'Ivoire, en Coupe d'Afrique des nations, qu'Oyongo a appris, contre toute attente, son acquisition par l'Impact. À vrai dire, il l'a su après certains de ses coéquipiers. «J'avais laissé mon téléphone à l'hôtel et ce sont des coéquipiers, qui utilisaient le leur, qui l'ont su. En sélection, on a une coutume: quand un joueur change de club, il faut qu'il arrose [paie la tournée] et qu'il exprime sa joie. Après, quand je suis rentré à l'hôtel, j'ai vu partout sur mon compte Twitter et ailleurs des messages de félicitations.»

Oyongo a connu une trajectoire linéaire avant d'être appelé avec les Lions indomptables. Après des débuts en quatrième division et une convocation pour l'équipe nationale des moins de 20 ans, il est devenu membre du Coton Sport FC, qui domine la scène camerounaise depuis près de 20 ans. L'apprentissage a cependant débuté, comme bien souvent, par des matchs entre amis dans des conditions modestes. «Il faut commencer dans la rue pour avoir une certaine qualité. Quand tu joues dans la rue, il faut avoir le fighting spirit et aimer gagner. Parce que si tu perds, au quartier, on va te lancer des petits mots et ce ne sera pas bien. J'ai appris à jouer au foot comme ça avant de rejoindre le centre de formation du Moussango FC.»