L'implacable machine s'est grippée: le Real Madrid a vécu une sortie de route cauchemardesque samedi face à l'Atletico (4-0), symbole d'une équipe en panne en 2015 après avoir pourtant tout renversé sur son passage à l'automne.

Un évident manque de carburant

Fin 2014, le Real Madrid a enchaîné une série de 22 victoires toutes compétitions confondues, un record en Espagne, avec un jeu très offensif et une belle maîtrise collective. Mais l'entraîneur Carlo Ancelotti n'a que peu fait tourner son effectif, très sollicité jusqu'à la Coupe du monde des clubs remportée fin décembre.

La claque reçue samedi devant l'Atletico, troisième défaite en neuf matches en 2015, a mis en lumière un manque d'énergie manifeste.

Un joueur comme l'Allemand Toni Kroos, qui marchait sur l'eau à l'automne, n'a plus le même impact physique. «Je commence à être fatigué», avait-il reconnu fin novembre, sans être ménagé pour autant.

Le Real Madrid n'était pas «frais, ni physiquement, ni mentalement» samedi après-midi, a reconnu Cristiano Ronaldo. Allusion à la difficile victoire trois jours plus tôt contre Séville (2-1) et à une série de blessures qui ont compliqué les rotations.

Ainsi, cinq habituels titulaires étaient absents contre l'Atletico: Marcelo (suspendu), James Rodriguez (pied), Sergio Ramos (cuisse), Pepe (côtes) et Luka Modric (cuisse).

La défense, autour de l'inhabituelle charnière Varane-Nacho, a pris l'eau. Et l'abattage d'un milieu de terrain comme Modric, absent depuis novembre, a fait cruellement défaut au Real, surclassé dans l'engagement et l'intensité.

Mentalement, ça grince

Peut-être est-ce un contrecoup normal pour une équipe qui a autant gagné en 2014? Vainqueur de la Coupe du Roi, de la Ligue des champions, de la Supercoupe d'Europe et du Mondial des clubs, le Real Madrid a brusquement baissé le pied début janvier.

Défaite à Valence en Liga (2-1), puis élimination en Coupe du Roi contre l'Atletico (2-0, 2-2), victoires très poussives à Getafe (3-0), Cordoue (2-1) ou contre Séville...

Le naufrage de samedi est en tout cas la plus lourde défaite du Real en Liga depuis la «manita» (5-0) subie par l'équipe de José Mourinho contre le FC Barcelone en 2010.

Samedi soir, Carlo Ancelotti a exhorté ses troupes à «changer d'attitude». Car le manque de révolte de ce Real-là inquiète. Signe de ce relâchement mental: en 2015, les joueurs merengues ont pris la mauvaise habitude d'encaisser des buts précoces.

En outre, certains sont moins impliqués dans l'effort collectif et le rendement de l'équipe s'en ressent, à l'instar de Gareth Bale, très critiqué pour son égoïsme et son manque d'activité défensive.

Ronaldo, Casillas: cadres sans ressort

Samedi, Ronaldo faisait son retour après deux matches de suspension, mais alors qu'il aurait dû revenir en pleine forme après ce repos forcé, le Portugais a été fantomatique: centres manqués, dribles prévisibles et agacement palpable.

C'est comme si «CR7» avait relâché la pression avec l'obtention de son troisième Ballon d'Or en janvier. Trente-deux buts en 23 matchs entre août et fin décembre 2014, et seulement quatre buts en sept matches depuis.

Quant au gardien et capitaine Iker Casillas, il a commis samedi une nouvelle bourde, retombant dans ses travers d'il y a quelques mois. «C'est une défaite dure. Il faut l'affronter, faire face et penser au prochain match», a réagi le portier espagnol, qui sait que le Real va devoir vite retrouver la bonne carburation.

En Liga, la situation reste favorable: la «Maison blanche» est toujours leader et les matches à venir contre le Deportivo La Corogne et Elche semblent parfaits pour rebondir.

Mais dans dix jours, il y aura le huitième de finale aller de Ligue des champions contre Schalke 04, un virage que le Real Madrid ne peut pas se permettre de rater.