Lorsqu'il sera assis à son casier, dans le vestiaire du stade Saputo, Marco Di Vaio ne verra plus Alessandro Nesta à quelques mètres de lui.

Il n'apercevra pas plus ses amis Andrea Pisanu et Daniele Paponi qui n'auront joué qu'une saison en demi-teinte avec l'Impact.

Il ne fait aucun doute que le monde du joueur désigné a évolué pour sa troisième campagne à Montréal.

Ce sentiment est aussi renforcé par l'absence de sa famille qui a décidé de demeurer en Italie.

La situation a d'ailleurs entraîné chez lui une profonde réflexion, l'an dernier, avant qu'il accepte de disputer une nouvelle saison.

Même si le club détenait une option pour l'année 2014, le Romain a d'abord obtenu la bénédiction de ses proches avant de dire oui à Joey Saputo, le 15 octobre.

Mais, l'an prochain, Di Vaio n'est pas prêt à refaire de tels sacrifices familiaux.

«Si ma famille ne peut pas venir l'année prochaine, c'est sûr [que c'est ma dernière année]», indique-t-il à La Presse avant d'enchaîner sur ses rapports avec ses partenaires.

«Ce sera différent comme relation avec mes coéquipiers parce que nous étions tous les jours entre Italiens. Mais, l'équipe est la même, je connais tout le monde et ce n'est pas trop différent dans le vestiaire. À l'extérieur, c'est un peu plus difficile, mais j'ai des amis.»

Il est encore tôt pour discuter de l'héritage que laissera Di Vaio à Montréal quand il raccrochera ses crampons. On peut toutefois déterminer que l'Impact ne s'est pas trompé en faisant de lui le premier joueur désigné de son histoire. Grâce à son buteur, et à Alessandro Nesta notamment, le nom de l'Impact a pu s'étendre à différents horizons. Comment veut-il que l'on se souvienne de lui dans une dizaine d'années? «Je veux qu'on se rappelle un joueur sérieux qui a toujours donné le maximum sur le terrain, à son âge, répond-il. Ce n'est pas facile, mais j'ai choisi de venir à Montréal et j'ai laissé une équipe comme Bologne où j'étais capitaine. Cette année, je suis aussi revenu sans ma famille. Ce sont deux décisions majeures qui signifient quelque chose. Je me sens bien à Montréal.»

Marco, la menace

Malgré les 38 bougies qu'il soufflera en juillet, Di Vaio reste parmi les attaquants les plus intelligents et les plus efficaces de la MLS devant le but. Combien d'entraîneurs adverses ont-ils bâti leur plan de match en essayant de jouer bas et ainsi réduire l'espace dans lequel Di Vaio peut s'engouffrer? Depuis son arrivée en juin 2012, l'Italien possède malgré tout des chiffres semblables à ceux de ses bonnes périodes à Parme ou à Bologne, marquées par des saisons de 22 ou 25 buts.

À son âge, il reconnaît toutefois qu'il aborde le soccer de façon un peu différente. «Je mets plus de temps à récupérer après un match. Mais je connais mieux mon corps qu'avant et je sais que certaines choses sont plus faciles alors que je dois faire attention à d'autres aspects. Je sais ce que je dois faire pendant l'entraînement et ça n'a pas beaucoup changé avec les années», souligne-t-il. Di Vaio a surtout eu la chance de connaître une carrière sans grands soucis physiques. La chose est toujours vraie aujourd'hui. «Si on a de grosses blessures quand on est jeune, comme Alessandro [Nesta], c'est ce qui va faire que la compétition et les entraînements seront plus difficiles», croit-il.

20 ans de carrière

Si Di Vaio avait disputé quelques rencontres de Coupe au cours de la saison 1993-1994, ce n'est qu'à partir de la campagne suivante qu'il a fait ses débuts en Serie A, avec la Lazio Rome. Pour son premier match, le 20 novembre 1994 contre Padoue, il avait immédiatement trouvé le chemin des filets. Di Vaio est un attaquant dans l'âme chez qui les moments de génie peuvent côtoyer les remontrances envers un coéquipier lui servant un mauvais ballon. Même avec les équipes de jeunes, le numéro 9 montréalais a toujours évolué au poste d'attaquant. Quant à déterminer ce qui lui a permis de durer, il ne peut se résoudre à trouver un facteur unique.

«Pour marquer des buts, on doit avoir quelque chose de plus que les autres. Mais j'ai aussi eu la chance de rencontrer beaucoup d'entraîneurs qui m'ont permis de progresser. C'est surtout vrai au début de ma carrière, quand je suis passé du centre de formation à la première équipe [grâce à Dino Zoff]. Les trois ou quatre premières années sont les plus importantes et les plus décisives.»

Au fil de sa carrière, Di Vaio a porté les couleurs de 11 clubs, dont celles de la Juventus qui l'avait acquis pour 18 millions, en 2002. Avant d'atterrir à Montréal, il avait aussi tenté sa chance dans les championnats d'Espagne et de France. Son séjour à Monaco est d'ailleurs l'un de ses plus grands regrets. «Quand j'y suis allé, ce n'était pas une bonne chose pour ma carrière. J'avais 30 ans et l'équipe n'était pas comme celle d'aujourd'hui. On n'a pas envie de jouer parce qu'il n'y a personne dans le stade et que, dans la victoire comme dans la défaite, c'est la même chose.»

Son avenir passe maintenant par un retour chez lui, à Bologne, où sa famille réside et où il demeure le joueur emblématique de la dernière décennie pour le Bologne FC. Une place dans l'organigramme l'attend. «Je n'ai pas encore parlé avec le club, soutient-il. Je sais que j'ai l'occasion d'y retourner quand je vais arrêter de jouer.» D'ici là, il a encore quelques buts à inscrire...