Le championnat d'Italie reprend samedi avec en arrière-plan le «calcioscommesse», le scandale de paris truqués que la brillante performance de l'équipe nationale, finaliste de l'Euro 2012, n'a pas suffi à éclipser totalement.

La vaste enquête initiée il y a plus d'un an par le parquet de Crémone a démontré qu'il existait de nombreux arrangements dans le football italien. Le principe est simple: fixer les résultats des matchs à l'avance, parier sur ces résultats et récolter le pactole.

Dans un premier temps, il semblait que ces pratiques ne concernaient que les divisions inférieures. Mais le 28 mai, les carabiniers ont procédé à une nouvelle vague d'arrestations.

Parmi les personnes impliquées, des footballeurs de premier plan: le capitaine de la Lazio de Rome, Stefano Mauri, ou les défenseurs de l'équipe d'Italie Domenico Criscito et Leonardo Bonucci.

Dans la foulée, l'entraîneur de la Juventus Turin fraîchement sacrée championne pour la première fois depuis 2003, Antonio Conte, a été mis en cause par la justice sportive pour non-dénonciation de combines quand il était à la tête de Sienne (Serie B).

En Italie, l'émoi suscité par ces nouveaux rebondissements a été considérable. Le 29 mai, le chef du gouvernement Mario Monti a même émis l'hypothèse de «suspendre le football pour un an ou deux».

La phrase a provoqué de nombreuses réactions sans toutefois être suivie de faits. Et, malgré le brillant parcours des «Azzurri» lors de l'Euro, l'été italien a passé au rythme des condamnations ou des relaxes.

La Serie A qui débute samedi porte les stigmates de cet énième barouf: face à la suspension pour dix mois d'Antonio Conte et de son adjoint (six mois) la Juventus n'a pas eu d'autres choix que de mettre un novice sur le banc de touche.

Ainsi la carrière d'entraîneur de Massimo Carrera débutera-t-elle samedi face à Parme, avec un titre à défendre et une Ligue des Champions à disputer.

Chez les clubs épargnés par les ennuis juridiques, l'été n'a pas forcément été plus joyeux. L'AC Milan de Silvio Berlusconi, en crise, s'est littéralement fait piller par le Paris SG. Sa vedette, Zlatan Ibrahimovic, et son meilleur joueur, Thiago Silva, ont fait leurs valises pour la France.

Et c'est aussi sans Cassano, parti à l'Inter, que les «rossoneri» débuteront dimanche avec la réception de la Sampdoria Gênes.

L'Inter justement, qui se déplacera dimanche à Pescara, n'est pas beaucoup mieux loti: alors que le président Massimo Moratti souhaitait recruter le petit prodige brésilien Lucas, le PSG a déposé 43 millions d'euros sur le tapis: rien à faire.

Le Napoli a aussi vendu l'un de ses joueurs les plus importants, l'Argentin Ezequiel Lavezzi, toujours au PSG. À sa place, les dirigeants ont misé sur le jeune Lorenzo Insigne, une saison en Serie B au compteur, des promesses, mais pas grand-chose d'autre.

Devant le manque d'argent, de nombreux clubs ont été contraints de miser sur la carte jeune. L'AS Rome a choisi de faire venir Mattia Destro, un autre espoir né en 1991, en provenance de Sienne.

Même tendance pour les entraîneurs: l'Inter a confirmé Andrea Stramaccioni, 36 ans, sur le banc. La Fiorentina a fait confiance à Vincenzo Montella, 38 ans. Giovanni Stroppa débutera à 44 ans sa carrière d'entraîneur chez le promu Pescara.

Mais la principale attraction pourrait être le retour du vieux briscard Zdenek Zeman à la Roma, 13 ans après avoir quitté la capitale. Le «bohème fumant», adepte des cigarettes et du 4-3-3, est réputé pour son football offensif, parfois un peu désorganisé, mais toujours divertissant.

«Je veux ramener les gens au stade et leur donner du plaisir», s'est-il simplement fixé comme objectif lors de sa première conférence de presse. Avant la réception de Catane dimanche, le Stade olympique affiche déjà des records d'abonnés. Une exception, à l'heure où de plus en plus de «tifosi» désertent les stades, dégoûtés par les scandales à répétition.