La section des Sports de La Presse est fière d'accueillir dans ses pages l'ancien milieu de terrain de l'Impact de Montréal, Patrick Leduc. Reconnu pour l'intelligence de ses analyses, ce nouveau «retraité» signera une chronique régulière sur l'Impact et le soccer et partagera avec vous sa connaissance intime du sport et des athlètes qui le pratiquent. Bonne lecture!

Semaine fertile en émotion pour moi: annonce de ma retraite, conférence de presse dans les locaux du CH, préparation de mon allocution et des remerciements que je voulais adresser aux gens qui m'ont aidé dans mon cheminement. Tout ça conjugué au lancement d'une nouvelle chronique dans un journal que je lis depuis que je suis tout petit et pour lequel je fus un illustre camelot pendant au moins cinq ans!

Il y a longtemps que je n'avais pas senti une telle nervosité m'envahir. La dernière fois que cela s'est produit remonte au jour de la demi-finale retour en Caroline, l'an dernier. J'ai toujours été un véritable paquet de nerfs le jour d'un match. J'ignore encore ce qui arrivera à générer autant de papillons dans mon estomac maintenant que je m'éloigne du terrain. La retraite me soulagera d'une certaine angoisse précompétition, mais j'ignore encore par quoi je remplacerai cette ponctuelle dose d'adrénaline.

J'ai toujours su qu'une carrière de sportif professionnel pouvait être de courte durée et je connaissais les risques du métier. Loin de me sentir invulnérable, j'ai couvert mes arrières. Dès 2003, j'ai commencé à travailler au sport-études soccer du Collège Français en parallèle de ma vie de joueur professionnel avec l'Impact. Mon objectif en faisant cela était d'aplanir la transition vers l'après-carrière en préparant lentement le terrain... tout en restant près de celui-ci. Avec toutes ces précautions, je me croyais armé pour affronter l'inévitable dénouement.

Seulement, à mon grand désarroi, je n'ai pas eu le contrôle sur les circonstances qui ont entouré la fin de ma carrière. Lorsque l'Impact m'a annoncé que je ne serais pas de retour avec l'équipe, ce fut le début d'une période de deuil pour moi après 11 ans dans le onze montréalais. Bien sûr, j'aurais pu tenter d'aller jouer ailleurs, mais le coeur n'y était plus, sans parler du genou gauche, encore en pleine guérison.

Liberté 33, donc. Ça fait rêver, n'est-ce pas? Malgré l'orgueil qui fait parfois encore des siennes, j'en suis venu à accepter la situation et à comprendre que le temps était venu de céder mon poste, de passer à autre chose.

J'amorce aujourd'hui un nouveau chapitre à mon aventure dans le paysage du soccer québécois. Je sens que j'ai encore un rôle à jouer dans le développement de mon sport. Qui sait, cette contribution sera peut-être plus marquante que celle que j'ai eue en tant que joueur? Je suis enchanté de déjà pouvoir compter sur une tribune de choix pour exprimer mon opinion.

Le soccer a beau être le sport le plus pratiqué chez nous, force est d'admettre que notre niveau de jeu reste médiocre quand on le compare au reste du monde. Le temps est venu de passer de «l'ère de la quantité à celle de la qualité», comme le dit si bien Éric Leroy, directeur technique de la Fédération de soccer du Québec (FSQ).

Dans cet ordre d'idée, le passage de l'Impact en MLS est une étape fondamentale. La mise en place de l'Académie de l'Impact en collaboration avec la FSQ est également nécessaire et souhaitable au niveau technique. Elle doit servir de catalyseur pour le perfectionnement de l'élite.

De manière plus générale, la culture du ballon rond reste encore à approfondir dans nos chaumières. On doit se pencher davantage sur la qualité du jeu offert au Québec, à commencer par celui de l'Impact. Qui aime bien châtie bien. Faisons donc preuve d'amour au onze montréalais.

L'année 2011 marque une transition dans ma vie professionnelle. Il en sera de même pour les joueurs de l'Impact et son personnel technique lors de ce dernier championnat avant l'entrée en MLS. L'Impact commence sa métamorphose, j'ai bien hâte de voir le résultat final.