Fernando Torres traverse pour l'heure le Mondial 2010 comme une âme en peine, insuffisamment remis de ses blessures, mais l'Espagne peut compter sur un autre Fernando, Llorente, auteur d'une entrée remarquée à la place du «Kid» mardi en huitièmes de finale.

Torres a donc toujours du mal à revenir à 100% de ses possibilités après son opération au genou droit le 18 avril. Le «Kid» de Liverpool a tenté de donner le change par quelques éclairs en début de match contre le Portugal - battu 1 à 0 sur un but de David Villa - mardi. Mais son jeu s'est étiolé au fil des minutes et il n'était plus qu'un boulet accroché au pied des accélérateurs de particules Xavi et Iniesta.

Vicente Del Bosque s'est rendu à l'évidence avant l'heure de jeu et l'a fait sortir. La Roja a alors retrouvé des couleurs. Le sélectionneur espagnol, en manageur avisé, s'est évidemment refusé à accabler «El Niño»: «Torres avait beaucoup couru, il fallait des joueurs frais».

Del Bosque a de la mémoire. À l'Euro 2008, Torres avait été beaucoup critiqué pour un rendement insuffisant. Mais le jour de la finale contre l'Allemagne, Villa était blessé et forfait, et c'est Torres qui avait inscrit le but de la victoire (1-0). Torres, 26 ans, aura donc encore sa chance.

«Vitalité»

Pendant que la star de Liverpool prend son mal en patience, l'autre Fernando peut jouer sa carte. Entré à la place de Torres, Llorente, 25 ans, s'est mis en évidence une minute plus tard avec une belle tête bien négociée par le gardien portugais Eduardo. Sa grande taille, 1,94 m, et sa mobilité, ont remué une défense lusitanienne qui jouait sur du velours auparavant en gérant tranquillement le spleen de Torres.

«Llorente a fait une très bonne dernière demi-heure, s'est réjoui Del Bosque. Ça n'a pas changé la tactique. Llorente nous a donné de la vitalité.»

Il faut y lire entre les lignes un bel hommage: l'attaquant de l'Athletic Bilbao s'intègre parfaitement dans le «toque», ce jeu de passes rapides de la Roja. Convoqué irrégulièrement en sélection depuis sa première apparition en novembre 2008, jusqu'ici tapi dans l'ombre de Torres et Villa, Llorente présente des statistiques prometteuses avec 3 buts pour 8 sélections. Il avait d'ailleurs marqué son premier but pour l'Espagne après avoir remplacé Torres en amical contre l'Angleterre en février 2009 (2-0, avec un autre but de Villa).

Pour son premier match dans une phase finale de Coupe du monde, il n'a donc pas tremblé. Et, au-delà de sa belle occasion franche, le natif de Pampelune a réalisé 11 passes, avec un pourcentage de 82% de réussite dans cet exercice selon les statistiques de la FIFA. Les défenseurs portugais ont rapidement commis deux fautes sur lui, prenant conscience du danger.

L'encadrement du Paraguay, futur adversaire des champions d'Europe en titre, aurait tout intérêt à isoler ce joueur dans son DVD de préparation avant le quart de finale avec la mention «numéro 19 à surveiller».