La fête du Mondial de foot en Afrique du Sud s'est ouverte jeudi soir avec un concert de super-stars à Soweto et un festival des fans au Cap, dans une euphorie d'unité nationale à peine gâchée par un mouvement de foule qui a fait trois blessés.

«C'est le véritable coup d'envoi!», a déclaré le président de la Fédération internationale de football, Sepp Blatter, en préambule du concert dans le stade d'Orlando, le temple du football à Soweto. «Le football connecte les gens», a-t-il ajouté, acclamé par les 35 000 spectateurs.

«L'Afrique du Sud est une scène! L'Afrique du sud rock! L'Afrique du Sud est cool!», a enchaîné le chef de l'Etat Jacob Zuma, 65 ans, portant l'écharpe aux couleurs du drapeau national qu'il ne quitte plus.

Une marée humaine vêtue des or et vert des Bafana Bafana, le Onze sud-africain surnommé «les Garçons» en zoulou, emplissait le stade. Blancs et Noirs étaient rassemblés à Soweto, le township au coeur de la lutte contre l'apartheid, qui a vu le soulèvement étudiant de 1976.

Les vuvuzelas, ces longues trompettes de plastique coloré en passe de devenir l'emblème du Mondial sud-africain, avaient été confisquées à l'entrée, pour ne pas gâcher la musique.

Pour le coup d'envoi de la Coupe du monde, vendredi, «vous pouvez multiplier tout ça par 100!», prédit Pieter van Rooyen, qui a fait quatre heures de route pour venir au concert. Selon lui, «tout le pays va descendre» sur Soccer City, le gigantesque stade en forme de calebasse qui accueille le match d'ouverture opposant l'Afrique du sud au Mexique.

La star colombienne Shakira et les Black Eyed Peas ont ouvert ensemble le concert, diffusé dans le monde entier, improvisant autour des mots «World Cup in South Africa».

A l'autre extrémité du pays, la foule était telle au Cap, où la ville a inauguré un fan park sur la place de la mairie, qu'un mouvement incontrôlé a fait trois blessés, dont un policier.

La fameuse place, où Nelson Mandela avait prononcé son premier discours d'homme libre en 1990, débordait de fans venus goûter aux festivités. Le débordement a vite été contenu et la musique a pris la place, derrière plusieurs rangs de policiers munis de boucliers.

A Soweto, même le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu est venu, à 78 ans, manifester sa joie de voir l'Afrique du Sud accueillir le Mondial, le premier jamais organisé sur le continent.

«Je rêve!», a-t-il lancé, intervenant entre deux artistes. «Nous voulons dire au monde que cette chenille laide, si laide, que nous étions, est devenue ce papillon si joli, si joli!», a continué l'ancien archevêque anglican du Cap, en référence à la chute de l'apartheid, il y a seize ans.

«Nous sommes tous Africains!», a proclamé Mgr Tutu, 78 ans, portant le T-shirt des Bafana Bafana par dessus un gros pull pour se protéger des rigueurs de l'hiver austral, un bonnet jaune enfoncé jusqu'aux oreilles et une écharpe du Onze national autour du cou.

Pour que rien ne vienne gâcher la fête, le gouvernement sud-africain a exhorté «les citoyens et les visiteurs à faire attention à leur sécurité personnelle et à celle de leur entourage.»

Plusieurs incidents ont rappelé cette semaine que, malgré les efforts de l'Afrique du Sud pour sécuriser la compétition, le pays reste dangereux, avec ses 50 meurtres quotidiens.

Des hommes armés ont fait intrusion dans les chambres d'hôtel de journalistes étrangers pour voler argent liquide, matériel photo et passeport. D'autres reporters ont été victimes d'un vol à main armé alors qu'ils conduisaient à Johannesburg.

Le pays a investi 1,3 milliard de rands (environ 130 millions d'euros) et recruté 44 000 agents supplémentaires pour la compétition.

Photo: AP

Desmond Tutu