Le milieu Park Ji-sung, qui disputera en Afrique du Sud son troisième Mondial avec la Corée du Sud, a gagné le respect de ses pairs en cinq saisons à Manchester United où il n'est plus considéré comme un produit d'appel pour s'imposer sur le marché asiatique.

«Nous ne l'avons pas acheté pour vendre des maillots», affirme son entraîneur Alex Ferguson. «Quand je suis allé le voir en demi-finale de Ligue des Champions avec le PSV Eindhoven en 2005, j'ai vu que c'était un joueur qui comprend le football. Il est intelligent, discipliné, polyvalent.»

Le club anglais est allé le débaucher dans le club néerlandais alors entraîné par Guus Hiddink, héros en Corée du Sud pour avoir mené ces autres «Diables Rouges» en demi-finale de leur Mondial en 2002. «Quand je suis parti, j'ai eu l'impression de trahir Guus», raconte Park.

Mais en Angleterre, beaucoup considèrent alors ce recrutement comme un coup marketing, la spécialité de la famille Glazer, les nouveaux propriétaires américains du club.

De fait, deux tournées des Red Devils au pays du Matin calme, où Park, 29 ans, est une immense star, ont largement amorti les 5 millions de livres (7 millions d'euros à l'époque) qu'avait coûtés ce transfert.

150 matchs avec ManU

Mais Park va s'avérer bien plus que ça. «Il est depuis longtemps l'un de nos joueurs les plus efficaces. Il ne fait pas beaucoup de bruit, mais je suis content de l'avoir avec moi dans les moments difficiles», commente Ferguson.

Park n'est pas titulaire, mais il est un «joker» prisé de l'Ecossais, avec près de 150 apparitions en cinq ans. Infatigable, il se sacrifie pour son équipe, et marque des buts capitaux.

S'il assure ne pas «avoir eu le sentiment d'avoir été recruté pour des raisons commerciales», Park reconnaît qu'il n'est pas arrivé pleinement confiant dans le Lancashire: «Quand je suis arrivé, j'avais peur d'échouer. Mais quand j'ai commencé à m'entraîner, j'ai oublié mes inquiétudes. Maintenant, j'ai confiance en moi, je suis mentalement fort.»

Même si quelques compatriotes tentent de marcher dans ses traces (Lee Chung-yong à Bolton, Ki Sung-yeung au Celtic), Park est à ce jour le seul joueur d'Extrême-Orient à s'être imposé dans l'un des plus grands clubs du monde où il est sous contrat jusqu'en 2012 et avec lequel il dit vouloir terminer sa carrière.

«Je voulais montrer que les Asiatiques pouvaient réussir en Europe», raconte-t-il. Mais «je ne me considère pas comme un porteur d'étendard de l'Asie. Quand ma célébrité a crû, j'étais fier que le continent commence à me suivre mais je travaille pour moi. Je ne veux pas être considéré comme un footballeur asiatique. Juste comme un footballeur».

Park conduira la Corée du Sud dans sa septième phase finale consécutive. S'il fixe un objectif réaliste de 8es de finale, il rêve d'un peu plus en Afrique du Sud: «L'équipe de 2002 était la meilleure de l'histoire, avec un amalgame harmonieux entre les jeunes et vétérans. Il y a de ça cette année. Si on prépare convenablement le tournoi, on peut obtenir un bon résultat.»

Pour Park, ce sera «sans doute la dernière Coupe du monde». «Je ne sais pas sûr que j'aurai assez d'énergie pour aller jusqu'en 2014.»