Remplaçant au FC Barcelone, fragilisé sur son côté gauche en équipe de France par les revendications de Ribéry et par un Malouda flamboyant, Thierry Henry, dont l'image s'est brouillée depuis sa main contre l'Eire, interpelle au moment d'aborder sa quatrième Coupe du monde.

Le capitaine et meilleur buteur de l'histoire de la sélection (118 capes, 51 buts) personnifie à lui seul les maux des Bleus avant le début du Mondial-2010 (11 juin-11 juillet).

Il y a d'abord l'aspect sportif. Après une saison 2008-09 historique avec le Barça (triplé Liga, Coupe du Roi, Ligue des champions, 19 buts inscrits en championnat, 6 en C1), Henry a commencé à flancher et accuse cruellement le poids des ans (33 le 17 août).

L'entraîneur du club catalan, Pep Guardiola, l'a bien compris en ne l'utilisant plus qu'à dose homéopathique (21 rencontres de championnat en 2009-10 dont seulement 15 en tant que titulaire). Un pas que le sélectionneur français Raymond Domenech n'a pas osé franchir jusque-là, l'aura de +Titi+ en faisant pour le moment un élément incontournable en bleu.

Ses buts décisifs, notamment contre la Roumanie (1-1, le 5 septembre 2009) et en Serbie (1-1, le 9 septembre 2009) en éliminatoires du Mondial-2010, attestent de la place singulière qu'occupe en équipe de France le dernier rescapé de la génération dorée, championne du monde et d'Europe en 1998 et 2000.

Main grossière

Mais il y a eu cette funeste soirée du 3 mars au Stade de France où les Bleus ont été totalement humiliés par les champions d'Europe espagnols (2-0). Avec en prime, une prestation catastrophique de Henry, dépassé sur son côté gauche et incapable de la moindre accélération. Indiscutable en équipe de France il y a tout juste un an, Henry est alors devenu un gros point d'interrogation.

Pour son malheur, ses concurrents sur le côté gauche, flairant le bon coup, ont commencé à aiguiser les couteaux, un cas de figure inédit pour un joueur qui a rarement été contesté en équipe de France.

Florent Malouda, auteur d'une saison exceptionnelle avec Chelsea (doublé Championnat-Coupe d'Angleterre, élu meilleur joueur du club par ses coéquipiers), constitue ainsi une sérieuse menace. Et puis il y a le cas Franck Ribéry, positionné à droite en bleu mais qui n'a pas renoncé publiquement à occuper son poste de prédilection.

Pour le moment, Domenech continue de défendre bec et ongles son capitaine mais cette position risque d'être intenable si Henry n'a pas retrouvé la forme pour le premier match amical de préparation contre le Costa Rica, le 26 mai à Lens.

Faudra-t-il changer de système et positionner Henry en attaque où les efforts demandés sont moins contraignants? Domenech osera-t-il le sortir de son onze de départ? Les questions ne manquent pas avant le premier match contre l'Uruguay, le 11 juin.

Il faudra surtout éviter les précédents fâcheux de l'Euro-2004 (Desailly) et de l'Euro-2008 (Thuram et Sagnol) quand d'autres +grands anciens+ avaient effectué le tournoi de trop. A moins que Henry ne monte en puissance au fur et à mesure de la compétition, à la manière de Zidane en 2006.

Son expérience et sa science innée du jeu plaident pour lui mais il y a aussi la force des symboles. Depuis sa faute de main grossière contre l'Eire, en barrages du Mondial, Henry est devenu la figure de proue d'une équipe dont la cote de popularité est au plus bas.