La controverse entourant la médaille de bronze de Kim Boutin pourrait tourner à l'avantage des patineurs canadiens, selon l'ancien directeur haute performance du courte piste à Patinage de vitesse Canada.

Yves Hamelin est à PyeongChang pour deux raisons. D'abord à titre de père de Charles et François Hamelin, membres de l'équipe canadienne de courte piste. Ensuite comme directeur de l'ovale olympique de Calgary, dont les employés sont responsables de la conception et de l'entretien de la glace à l'ovale de Gangneung.

Il agit aussi à titre de guide pour la famille de Marianne St-Gelais, la blonde de son fils Charles. Il assiste donc régulièrement aux entraînements de l'équipe féminine à l'Université Gangneung Yeongdong. Sans jouer les belles-mères, celui qui a été directeur haute performance de 2006 à 2014 offre ses conseils en cas de besoin.

Aujourd'hui, celle qui lui a succédé, Jennifer Cottin, et l'attaché de presse Patrick Godbout se sont enquis de son opinion à la suite de la tempête au centre de laquelle Boutin s'est retrouvée. Ce qu'il a entendu l'a rassuré.

«Ils ont l'air d'avoir bien géré la situation, a jugé Hamelin. Toute l'équipe, les athlètes, le staff, sont vraiment au coude à coude. Ils s'assurent que rien ne va rentrer dans leur bulle. La crainte en ce moment, c'est de voir comment la foule va réagir lors du prochain jour de course [vendredi].»

Pendant la journée, les images de l'incident impliquant Boutin et sa rivale sud-coréenne Choi Minjeong ont tourné en boucle à la télévision coréenne. 

«Je pense que Kim va être correcte. L'équipe est autour d'elle et elle se sent appuyée. Elle sait qu'elle n'a rien à se reprocher. La décision a été prise par l'arbitre.»

Une réaction hostile du public pourrait même servir les intérêts de l'équipe canadienne, selon l'ex-directeur.

«Je leur ai dit de tourner ça un peu à leur avantage, a-t-il expliqué. Si les Coréens réagissent mal, ça va avoir un plus grand impact sur leurs patineurs que sur les Canadiens. Même s'ils sont au centre de la controverse, les Canadiens n'ont rien à voir là-dedans. Si la foule embarque de la mauvaise façon, les Canadiens peuvent l'utiliser. Si quelqu'un est distrait par ça, ça va être les Coréens. Aux Canadiens de tirer avantage de ça et de rester concentrés.»

13 000 messages

À l'époque où il était directeur haute performance, Hamelin a été témoin du fanatisme des Sud-Coréens pour le patinage de vitesse courte piste. 

«Kim a reçu 13 000 messages sur son compte, c'est démentiel, a souligné Hamelin. En Corée, quand ils embarquent, ils embarquent. C'est leur genre. Ils réagissent fort et ils ont une mémoire vive de ce qui s'est passé.»

La façon dont Choi a réagi dans le feu de l'action ne l'a pas surpris. «Si je prenais le dernier cycle olympique, je trouverais probablement 50 situations où les Coréens font ça. En sortie de virage, quand c'est trop serré, ils font juste s'appuyer sur [leurs adversaires] et les tassent un peu. Quand tu vois la reprise, Kim fait juste se donner un peu d'espace.»

À ses yeux, ce sont les patineurs sud-coréens qui risquent de pâtir davantage de la controverse. «Là, ils sont frustrés. Quand tu es frustré, ça ne t'amène pas nécessairement dans le meilleur contexte de performance. Si la foule embarque là-dedans, les athlètes vont le savoir. Ça influence.»

Après avoir reçu sa médaille de bronze mercredi à l'esplanade olympique de PyeongChang, Boutin reprendra la compétition au 1500 m samedi soir (heure locale) au Palais des glaces de Gangneung.