Fin du suspense: le drapeau russe ne flottera pas dimanche lors de la cérémonie de clôture des jeux Olympiques de Pyeongchang, le Comité international olympique (CIO) ayant décidé de maintenir la suspension de la Russie, mise au ban pour un système de dopage institutionnalisé.

Les 168 sportifs russes de la délégation - moins les deux contrôlés positifs - invités à Pyeonchang sous bannière neutre, espéraient bien pouvoir entrer dimanche soir derrière leur bannière tricolore pour les adieux à la Corée du Sud.

Mais le CIO en a décidé autrement: à l'unanimité, les 51 membres votants ont jugé que, certes la délégation russe avait «respecté l'esprit» de la décision du 5 décembre qui les a suspendus, mais que les deux cas de dopage révélés durant la quinzaine ne permettaient pas de lever cette suspension.

La décision de suspendre le Comité olympique russe (ROC), prise en décembre, prévoyait la possibilité de lever cette suspension au dernier jour des JO d'hiver, afin d'autoriser les athlètes russes à défiler sous leur drapeau national.

Deux cas décisifs

Le CIO «aurait pu envisager de lever la suspension dans la mesure où la délégation des athlètes olympiques de Russie (OAR) a respecté la décision du CIO du 5 décembre», a expliqué son président Thomas Bach en lisant la décision de la commission exécutive de son instance.

«Toutefois, deux athlètes de l'OAR ont été convaincus de dopage ici à Pyeongchang. Ceci est extrêmement décevant et ne permet pas au CIO d'envisager la levée de la suspension du ROC pour la cérémonie de clôture», a poursuivi M. Bach.

Si le CIO n'a pas précisé quand la suspension serait désormais levée, «il est envisagé» qu'elle le soit «une fois que l'unité sport sans dopage (DFSU) aura confirmé qu'il n'y a pas d'autres» cas de dopage. Ce qui pourrait prendre «de quelques jours à quelques semaines», selon une source proche du CIO.

Le curleur russe Alexander Krushelnitsky, médaillé de bronze en curling mixte et positif au meldonium, un médicament normalement destiné à soigner les angines et les cardiopathies, avait été le premier cas de dopage russe révélé en debut de semaine.

Suivi d'un second avec Nadezhda Sergeeva, 12e de l'épreuve de bob à deux des JO-2018, contrôlée positive au trimétazidine (utilisé pour prévenir les angines de poitrine ou des baisses de l'acuité visuelle).

Cas de dopage «isolés»

«Ces deux cas sont des cas individuels et isolés qui ne révèlent pas un dopage systématique», a reconnu Nicole Hoevertsz, membre du CIO.

Juriste de profession, Mme Hoevertsz présidait le groupe chargé de superviser le comportement des sportifs russes durant ces JO et de présenter des recommandations à la Commission exécutive du CIO, le gouvernement olympique.

Celle-ci, censée prendre une décision samedi soir, avait finalement repoussé sa réflexion à dimanche matin, signe d'une intense discussion en son sein.

«C'est le fruit d'une profonde réflexion,  cela n'a pas été décidé sur l'émotion ou en 2 minutes. Je pense que c'est une bonne décision», a réagi Jean-Christophe Rolland, l'un des trois membres français du CIO.

Un rapport de l'Agence mondiale antidopage, appuyé par le témoignage de l'ancien chef du laboratoire antidopage de Moscou, avait apporté les preuves d'un vaste système de dopage institutionnalisé et de manipulation des résultats, mis en place en Russie, notamment durant les JO d'hiver de Sotchi-2014.

Première au tableau de médailles à Sotchi, la Russie avait ensuite perdu nombre de ses titres et médailles à la suite de la suspension à vie par le CIO de plusieurs grands noms du ski de fond ou de bobsleigh.

Mais les Russes avaient fait appel de ces décisions devant le Tribunal arbitral du sport, qui avait permis à certains Russes de récupérer leur médaille.

La période précédant les JO avait de ce fait été marquée par une grande incertitude sur le nombre de Russes finalement admis à y participer.

Au total, seuls 168 sportifs russes considérés comme «propres» avaient été invités par le CIO à participer aux JO de Pyeongchang.

Dimanche, à quelques heures de la cérémonie de clôture, la délégation des Athlètes olympiques de Russie et son acronyme officiel OAR occupait la 15e place au tableau des médailles avec un seul titre, en patinage artistique, contre 13 titres à Sotchi au moment de la clôture des JO-2014 (11 désormais).