Le Québec a perdu, dimanche, l'une de ses voix mythiques. Richard Garneau, monument du journalisme sportif et télévisuel, s'est éteint à l'âge de 82 ans.

Le collaborateur de Radio-Canada reposait aux soins intensifs de l'hôpital Royal-Victoria depuis plus de deux semaines. Il y avait été hospitalisé pour des complications survenues à la suite d'une chirurgie cardiaque subie à la fin du mois de décembre.

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«Ce sera une longue et constante tristesse», a réagi Joël Le Bigot qui a partagé le micro avec Richard Garneau pendant 15 ans sur les ondes de la Première chaîne. «Il laisse un exemple rare dans un monde qui va maintenant très vite, constate-t-il. Il est de l'époque où on apprenait les choses lentement, où on consacrait beaucoup de temps à préparer les choses.»

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«Ce ne sera plus jamais comme ça a été, déplore son grand complice Alain Goldberg. C'est un grand vide. Il va y avoir l'ombre de Richard qui va planer.» Pendant 20 ans, les deux hommes ont décrit ensemble les compétitions de patinage artistique. «Il était d'une grande générosité malgré son immense savoir, note Alain Goldberg. Il donnait toute la place à son analyste. Il n'essayait pas de se mettre en avant. Il essayait de nous donner toute l'opportunité possible pour que le public apprécie le sport.»

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Affecté à la couverture de 23 Jeux olympiques et membre de la grande famille de La Soirée du Hockey pendant 23 ans, Richard Garneau a marqué plusieurs générations de téléspectateurs et d'athlètes québécois. Selon son ami de longue date, Serge Arsenault, directeur des Grands Prix Cyclistes de Québec et de Montréal et propriétaire de la chaîne Évasion, il fait partie de ces gens qu'on dit irremplaçables. Derrière son grand talent de communicateur se cachait une immense culture, une rigueur, un perfectionnisme et une ardeur au travail sans bornes. «J'ai passé des nuits entières avec Richard dans ses fiches où il me disait de lui poser n'importe quelle question, raconte-t-il. Il y avait des milliers de questions. Il m'épuisait!» Pour Serge Arsenault, celui qu'il appelle son «petit frère» a arrêté de vieillir à 15 ans. «Il a eu cette faculté de ne pas vieillir dans sa tête. Il découvrait tout le temps. Il me racontait des choses et j'avais l'impression d'avoir un gamin devant moi.»

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«Richard était synonyme de classe, constate Laurent Godbout, qui a connu Richard Garneau à Radio-Canada avant de devenir directeur général de la Fédération québécoise d'athlétisme. C'était un monsieur qui dégageait une grande classe en ondes et c'était la même chose dans la vie.»

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L'un des moments les plus marquants de sa carrière s'est produit pendant les Jeux olympiques de Barcelone, en 1992, alors que le marcheur Guillaume Leblanc a remporté une médaille d'argent à l'épreuve du 20 kilomètres.

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Jean-Paul Baert s'en souvient très bien. L'analyste sportif était aux côtés de Richard Garneau. «Quand on a vu Guillaume qui entrait dans le stade, on était debout, on hurlait, on pleurait, se remémore-t-il. Quand on vit de tels moments ensemble, c'est quelque chose qu'on n'oublie jamais.»

Richard Garneau non plus ne l'a pas oublié. L'été dernier, il a appelé Guillaume Leblanc de Londres pour souligner le 20e anniversaire de sa médaille. «Voir Richard après une épreuve, c'était un cadeau, dit Guillaume Leblanc. Ça valait un podium. On avait de belles entrevues avec lui. Il nous connaissait.»

Le sport: pur et noble

Celui que Serge Arsenault qualifie de «Grec de la Grèce antique» était très attaché au côté pur et noble du sport. «Il était, je pense, amèrement déçu de ce que le sport professionnel devenait, c'est-à-dire l'argent avant le sport, remarque M. Arsenault. Pour lui, le sport, c'est le public.»

«On l'aurait excusé d'être devenu cynique et blasé comme tant d'autres, affirme à ce sujet son ami proche Pierre Nadeau dans une lettre transmise aux médias. Mais Richard a vécu et décrit tous ces changements à sa manière, la manière Garneau. Toujours élégant, toujours précis, et surtout enthousiaste et passionné, des qualités qui ne lui ont jamais fait défaut.»

«Il était très près des athlètes, mentionne Sylvie Bernier, ex-championne olympique en plongeon qui a été analyste aux côtés de Richard Garneau. Il vivait vraiment les émotions parce qu'il connaissait les athlètes et que c'était un athlète lui-même. Il vivait, il comprenait l'effort qu'il y a derrière les années d'entraînement.

Infatigable, Richard Garneau entrevoyait avec enthousiasme sa présence aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014. «J'ai beaucoup de boulot à faire pour me préparer», a-t-il dit à Serge Arsenault quelques instants avant de subir sa chirurgie en décembre dernier.

L'organisation du Canadien a annoncé qu'un hommage sera rendu à celui qui a longtemps fait la description des matchs de l'équipe, mardi avant la partie qui opposera le Tricolore aux Panthers de la Floride.