Pour la quatrième fois en cinq ans, le Canadien s'est tourné vers les États-Unis pour y dénicher son choix de première ronde.

Cette année, c'est le colosse défenseur Jarred Tinordi -le fils de l'ancien arrière Mark Tinordi- sur lequel Trevor Timmins a jeté son dévolu.

Et le directeur du recrutement du Tricolore y tenait: pour éviter de se faire damer le pion par une autre formation, il a mis la main sur le choix que détenaient les Coyotes de Phoenix (22e), en plus de leur 113e choix, et lui ont refilé en retour son 27e choix ainsi que le 57e.

«Notre liste de priorités commençait à descendre et il fallait s'ajuster, a expliqué Pierre Gauthier. Heureusement, nous avons pu récupérer un choix de quatrième ronde...»

Tinordi, un géant de 6'5 et 212 livres, a senti venir le coup dans les minutes précédentes.

«Quand j'ai vu que le Canadien transigeait pour améliorer son rang, j'ai eu le feeling que mon tour s'en venait, a-t-il raconté.

«J'avais déjà participé à une séance d'entraînement (à Brossard) et ça s'était très bien déroulé. Le Canadien a également parlé abondamment à mon conseiller de famille.

«J'ai senti que c'était la bonne place pour moi.»

Il ne fait aucun doute qu'avec son gabarit imposant, Tinordi pourrait un jour combler une lacune chronique dans l'organisation du Canadien.

Mais d'ici là, il devra convaincre les amateurs que le Tricolore n'a pas eu tort de se tourner une fois de plus vers les États-Unis!

Comme Robyn Regehr?

Mark Tinordi, qui a évolué sous les ordres de Bob Gainey avec les North Stars de Minnesota, est à même d'apporter à son fils une expérience de première main.

«Mon père me rappelle qu'il est non seulement difficile d'atteindre la LNH, mais qu'il est encore plus difficile d'y rester, a expliqué le jeune homme. Cela prend du coeur et des sacrifices.»

Tinordi se décrit comme un joueur physique autant devant le filet que dans les coins de patinoire, et qui n'hésite pas à jeter les gants lorsque la situation le commande. Un recruteur cité par le Hockey News le compare favorablement à Robyn Regehr, des Flames de Calgary.

Par contre, admet Tinordi, il doit améliorer son maniement de rondelle.

«J'aimerais me développer de façon à être plus efficace dans les deux sens de la patinoire plutôt que d'être strictement à caractère défensif.»

Mais comme on dit, la pomme n'est pas tombée loin de l'arbre. Car son style rappelle quelque peu celui de son père, à la différence qu'il est un patineur plus mobile que le paternel.

Un leader

L'une des choses qui revient le plus souvent à propos de Tinordi, ce sont ses qualités de leadership. On raconte que lors des entrevues menées par les équipes lors du Combine, le nom de Tinordi revenait fréquemment parmi les jeunes Américains lorsqu'on leur demandait quel coéquipier ils souhaiteraient avoir parmi les jeunes admissibles au repêchage.

Il ne faut donc pas se surprendre que Tinordi ait été le capitaine de l'équipe de développement du programme des États-Unis la saison dernière.

«Ça a été un honneur d'être capitaine de cette formation car ce sont les joueurs qui ont voté pour ce titre, a mentionné Tinordi. Quand tu es un leader auprès de tes pairs, tu dois rester loin du trouble et faire tout ce qu'il faut pour gagner.»

Tinordi, qui a remporté la médaille d'or au sein de l'équipe américaine des moins de 18 ans en avril, entreprendra ses études à l'Université Notre-Dame la saison prochaine.

Il estime qu'il pourrait se retrouver dans la Ligue nationale d'ici deux ou trois ans.

«Il peut encore ajouter à sa charpente et prendre entre 15 et 30 livres», a soutenu son père Mark.

Même si ses droits appartiennent aux Knights de London dans la Ligue de l'Ontario, il est peu probable qu'il décide d'opter pour cette voie.

«Comme on l'a dit à propos de Louis Leblanc, le choix lui revient», a indiqué Pierre Gauthier.