Après avoir été expulsé du match en milieu de première période, Steve Bernier est allé s'asseoir, seul, dans le vestiaire des visiteurs au Staples Center. Il n'a rien vu - il n'y a pas de télé dans ce vestiaire -, mais il a entendu les trois buts des Kings.

Il est resté dans ce vestiaire en silence, pendant que sur la glace, à quelques mètres de là, ses coéquipiers subissaient un but après un autre. Trois, en tout.

«Je n'ai rien vu, mais j'ai entendu la réaction de la foule, a dit l'attaquant québécois, qui a répondu à toutes les questions après le match. Ce fut difficile. Tu ne veux jamais nuire à ton club, tu veux aider. J'arrivais à toute vitesse, il s'est tourné, et ç'a donné un très mauvais jeu.»

Le très mauvais jeu, c'est ce coup par derrière sur le défenseur Rob Scuderi, et la pénalité de cinq minutes qui a suivi.

Un très mauvais jeu qui a tout changé.

«Je pensais peut-être écoper d'une pénalité de deux minutes, a ajouté Bernier. Je trouve que cinq minutes, c'est beaucoup. Il [Scuderi] est revenu au jeu en plus. Je ne sais pas trop quoi dire... Les gars sont venus me voir ensuite, ils savent que je voulais aider l'équipe. Si c'était à refaire, je chercherais quand même à compléter ma mise en échec.»

De son côté, l'entraîneur Peter DeBoer n'a pas voulu montrer Bernier du doigt.

«C'est le moment des Kings avant tout, a-t-il répondu. Il faudrait me parler de ça dans une semaine. Steve s'est retrouvé dans une mauvaise position, mais on sait tous que son coeur est à la bonne place.»

On l'aura deviné, l'ambiance était un peu meilleure du côté des Kings de Los Angeles. Les Kings sont restés sur la glace très tard lundi soir, le temps de célébrer avec parents et amis en pleine patinoire. Ils ont fait un premier tour avec la Coupe Stanley au son du classique We Are The Champions de Queen, et pas un seul membre de cette équipe n'avait le goût de sortir de là par la suite.

C'était surtout spécial pour Simon Gagné. Il n'y a pas si longtemps, l'attaquant québécois, victime d'une commotion cérébrale en décembre, ne savait même pas s'il allait être en mesure de poursuivre sa carrière.

Il l'a fait. Et depuis lundi, il est enfin champion de la Coupe Stanley.

«Je ne savais pas si j'allais être en mesure de jouer ce printemps, a-t-il raconté sur la patinoire. Il y a deux mois, j'avais deux choix: tout arrêter, et me concentrer pour un retour la saison prochaine, ou encore poursuivre mon entraînement et espérer. Je me disais que l'équipe allait avoir une chance de tout gagner, alors j'ai dit à mon docteur que j'allais continuer l'entraînement. J'ai fait ce choix-là, et je suis très content de l'avoir fait.»

Les Kings ont continué à faire la fête comme ça sur la glace, une heure après le son de la dernière sirène. Personne ne semblait pressé de partir.

«Quand tu es jeune et que tu joues au hockey, tu as deux buts, a ajouté Simon Gagné. Tu veux jouer dans la LNH et tu veux gagner la Coupe Stanley. Je crois que j'ai gagné la Coupe Stanley dans ma tête à quelques reprises quand j'étais plus jeune... mais là, c'est la vraie.»

Simon Gagné est reparti sur patins, ses deux enfants dans les bras, rejoindre parents et amis. Lui et les Kings peuvent dire mission accomplie. Dans la ville des scénarios hollywoodiens, leur histoire ne sera pas oubliée de sitôt.