La conclusion d'une entente de six saisons entre Yanni Gourde et le Lightning de Tampa Bay vendredi est l'aboutissement des cheminements de deux hommes qui ont fait patiemment leurs classes. Et, au passage, d'un troisième qui a parcouru une route semblable à la leur et qui s'est bâti une enviable réputation pour découvrir des perles.

Gourde est l'exemple type du hockeyeur qu'un peu tout le monde abandonne en cours de route, mais dont la persévérance et la patience ont fini par rapporter des dividendes.

Jon Cooper, l'entraîneur-chef du Lightning, en a d'ailleurs témoigné samedi matin à quelques heures du duel contre le Canadien de Montréal au Centre Bell.

« Il est infatigable, il est tenace, il n'abandonne jamais, a décrit Cooper. Des joueurs comme Yanni, Jonathan Marchessault, Paul Byron et Brendan Gallagher ici à Montréal, c'est du pareil au même. Ce ne sont pas des tricheurs. Vous en avez besoin, car ils aident à propulser votre équipe. C'est ce que fait avec nous un joueur comme Yanni Gourde. »

En faisant l'éloge de l'attaquant québécois, Cooper a rappelé que Gourde avait dû s'y prendre par deux fois pour établir sa niche avec le Lightning de façon définitive. Et que ses passages dans la Ligue américaine lui auront été profitables, comme pour Cooper lui-même, a insisté l'entraîneur-chef originaire de la Colombie-Britannique.

« Yanni a été rappelé. Il a bien fait, mais il avait des aspects sur lesquels il devait travailler. Il est retourné dans les mineures, il a travaillé sur ces aspects, il est revenu et il était un joueur différent. C'est une question de croissance, de ne rien précipiter. Et c'est aussi une question de comprendre que la Ligue américaine de hockey existe pour une raison », a noté Cooper.

« Sans la Ligue américaine, je ne serais pas dans la LNH aujourd'hui, a d'ailleurs affirmé Cooper. J'ai tellement appris pendant mes trois années là-bas. Je n'aurais jamais pu survivre dans la LNH et je pense que c'est la même chose pour les joueurs. Oui, des surdoués comme (Connor) McDavid ou (Auston) Matthews n'ont pas besoin de passer par là. Mais je n'ai pas connu un seul joueur qui s'est causé du tort en passant par la Ligue américaine. »

Par ailleurs, pour faire ses classes dans la Ligue américaine, encore faut-il que des portes s'ouvrent. Dans les cas de Gourde et de Cooper, ces portes leur ont été ouvertes par Julien BriseBois, qui a lui aussi appris son métier dans ce circuit souvent mésestimé.

« Je serai toujours redevable à Steve Yzerman parce qu'il m'a permis de devenir un entraîneur-chef dans la Ligue nationale de hockey. Mais bien des gens ne réalisent pas que c'est Julien qui m'a donné ma première chance dans le hockey professionnel », a déclaré Cooper.

« Lorsque le Lightning se cherchait un entraîneur-chef dans la Ligue américaine en 2010, il m'a approché et il m'a interviewé. Nous sommes ensemble depuis ce temps et nous avons vécu une année magique quand nous avons gagné la coupe Calder en 2012. J'apprends tellement de lui dans la façon de gérer une équipe. Il est toujours préparé et quand vous croyez avoir tout compris, il a le don de vous présenter les choses d'un angle différent. Il me force à me surpasser. »

Les critères qui ont poussé BriseBois à embaucher Cooper sont les mêmes qui l'ont fait se tourner vers Guy Boucher pour diriger les Bulldogs de Hamilton en 2009, puis vers Benoit Groulx pour voir au développement des espoirs du Crunch de Syracuse en 2016.

« La qualité première d'un grand entraîneur-chef, c'est d'être un meneur d'hommes et les trois le sont certainement. Ce sont des gens brillants, ce sont des travailleurs acharnés. Ils sont tous les trois différents, mais à la base, ils sont de grands leaders, ils sont très intelligents, ils sont très travaillants et ils sont d'excellents communicateurs », a expliqué BriseBois en entrevue avec La Presse canadienne.

Dans le cas des joueurs, la recherche de talent est d'abord née d'une vision globale de la réussite chez le Lightning. Selon BriseBois, tout le mérite revient à son prédécesseur comme directeur général, Yzerman.

« Quand Steve est arrivé à Tampa, il avait une vision du style de jeu qu'il voulait implanter, et on savait que ça allait prendre du temps. Huit ans plus tard, je suis obligé de dire que ce dont il m'a parlé à l'été de 2010, il l'a réalisé. Il a bâti une équipe axée sur la vitesse d'exécution et le talent. Par la suite, les gens qui travaillaient pour Steve ont cherché des joueurs qui pouvaient cadrer dans cette vision. C'est comme ça qu'on a trouvé certains joueurs qui ont trouvé le moyen de faire leur marque, dont Yanni Gourde. »