Brayden Point. Patrice Bergeron. Aleksander Barkov. John Tavares. Jack Eichel.

Voici une liste de très, très bons centres de la LNH. Ils sont si bons, «c'est pas gênant», dirait le collègue Marc-André Perreault.

Ces centres sont aussi ceux qui viennent en tête de liste parmi les adversaires contre qui Artturi Lehkonen a joué le plus souvent cette saison. Les cinq sont dominants offensivement, et les trois premiers de cette liste recevront en plus des votes pour le trophée Selke cette saison.

Lehkonen devrait continuer à avoir de saprés bons joueurs de hockey devant lui mardi soir, puisque l'Avalanche du Colorado débarque en ville. Et l'Avalanche, c'est essentiellement un trio mené par Nathan MacKinnon et Mikko Rantanen, deux attaquants qui terrorisent la LNH.

«Ce sera plaisant! Ils sont vraiment bons dernièrement, ce sera un bon défi», a lancé Lehkonen, rencontré après l'entraînement de lundi.

En panne

La blessure à Phillip Danault a forcé l'entraîneur-chef Claude Julien à brasser ses cartes, si bien que Lehkonen joue maintenant au sein du trio de Tomas Plekanec. Lehkonen n'a donc pas d'autre choix que de trouver son plaisir dans ces confrontations où on lui demande de neutraliser les meilleurs éléments adverses. Car ce n'est pas en zone offensive qu'il trouve son compte cette saison.

Le Finlandais connaissait déjà une saison difficile avant de se blesser, en novembre. Il totalisait alors 5 points en 18 matchs, et ses 2 seuls buts avaient été marqués dans le même match, la victoire de 8-3 à Ottawa.

Depuis son retour, il ne fonctionne même plus au ralenti: il est carrément figé, si bien qu'il a seulement marqué dans un de ses 31 matchs cette saison.

«C'est difficile, je ne m'en cacherai pas, a répondu le numéro 62. T'essaies de jouer le mieux possible, et l'an passé, je l'ai fait, j'ai marqué des buts tout en étant fiable défensivement. Je dois simplement trouver mon erre d'aller en zone offensive, arrêter de trop penser et de serrer mon bâton, et être plus détendu en zone offensive.»

«Lehkonen a quand même du talent offensif. C'est difficile pour lui cette saison, il a deux buts et il est capable d'en donner plus offensivement, a admis Julien. Mais il revient d'une blessure. On l'a vu l'an passé avec [Alex] Galchenyuk, avec [David] Schlemko cette année; quand une blessure te tient à l'écart pendant un mois, ce n'est pas facile de revenir. Il faut continuer à travailler avec ces gars-là pour qu'ils retrouvent leur touche offensive. Ces gars-là nous donnent du bon hockey cette saison, Plekanec, [Brendan] Gallagher aussi. Ce ne sont pas vraiment eux qui m'inquiètent.»

Deux possibilités ici. Soit que Julien ne souhaite pas montrer publiquement qu'il tape du pied devant le rendement d'un bon soldat qui lui offre un effort irréprochable soir après soir. Soit qu'il est réellement satisfait du travail de Lehkonen et de Plekanec malgré leur manque de production, et qu'il s'attend à ce que ses piliers offensifs prennent sur eux de marquer des buts.

Le problème, c'est qu'on peut aussi se demander si le travail défensif est réellement accompli. Depuis son retour au jeu, Lehkonen présente des indicateurs de possession normaux (le Canadien fait jeu égal contre les adversaires au total des tentatives de tirs quand Lehkonen est sur la patinoire).

Par contre, au chapitre des chances de marquer à forces égales, compilées par le site spécialisé Natural Stat Trick, le Canadien est largement déficitaire quand Lehkonen est sur la patinoire: l'équipe en a généré 81, mais en a accordé 101. Toujours depuis le retour au jeu du Finlandais, dans la colonne des buts - celle qui compte réellement -, le Tricolore affiche un différentiel de -6 quand Lehkonen est sur la patinoire: deux buts marqués, huit accordés.

Malchance?

Lehkonen est-il simplement victime de son association avec Plekanec, qui perd ses capacités offensives à une vitesse inquiétante depuis deux ans? Difficile d'affirmer que oui, car le jeune homme ne produisait guère plus lorsqu'il était associé à Jonathan Drouin plus tôt cette saison.

Un peu de malchance? Vrai que son pourcentage d'efficacité sur ses tirs ne restera pas éternellement sous les 3%, comme c'est le cas actuellement (2,9%). L'an passé, il avait marqué sur 11% de ses tirs. Ces statistiques-là ont tendance à revenir à la norme avec le temps.

La guigne de la deuxième année? C'est peut-être ce qu'on dira avec le recul, si Lehkonen devient un marqueur de 20 buts comme son potentiel le laisse croire. Mais l'explication est un peu facile.

Quoi qu'il en soit, le directeur général Marc Bergevin croisera les doigts pour que son attaquant retrouve ses marques, car c'est lui qui, jusqu'ici, sauvait un repêchage 2013 décevant. Cette année-là, rappelons-le, le CH détenait 6 des 90 premières sélections.

Outre Lehkonen, il en est ressorti Michael McCarron et Jacob De La Rose, tous deux incapables de s'établir dans la LNH dans un rôle permanent, Sven Andrighetto, échangé pour pas grand-chose à l'Avalanche, Zachary Fucale, qui ne ferait plus partie des plans selon Dany Dubé, et Connor Crisp, qui n'est plus membre de l'organisation.