Nombreux sont les joueurs du Canadien qui ont haussé leur niveau de jeu depuis la semaine de relâche et le changement d'entraîneur. Carey Price, entre autres, a retrouvé son niveau de domination d'antan.

Mais Andrew Shaw, lui, joue présentement à un niveau qu'on ne lui connaissait pas depuis qu'il porte l'uniforme tricolore. À vrai dire, il est transformé. Claude Julien l'a reconnu, mardi soir à Vancouver, en l'employant plus que tout autre attaquant. Ses 22 min 01 s d'utilisation marquaient un sommet pour lui avec le Canadien.

«Jouer 18 minutes par match au lieu de 11, c'est le jour et la nuit, a observé Shaw. Tu es davantage impliqué dans le jeu, tu ne sens pas que tu es assis en train d'attendre ta prochaine présence. J'ai de la misère à jouer mon rôle si je ne suis pas engagé dans la partie. Quand je le suis, je joue avec un tempo rapide, je suis dans la face de l'adversaire et je le force à commettre des revirements. Pour cela, il ne faut pas que je joue sur les talons. Mais à 11 minutes par match, c'est dur d'y arriver...»

Bon, parler de 11 minutes est exagéré, car l'ailier de 25 ans n'a jamais été dans ces eaux-là cette saison. Cela dit, c'est vrai qu'il bénéficie d'un temps de jeu accru. Sous Michel Therrien, il était employé 14 min 39 s en moyenne et il a fait un bond de tout près de trois minutes depuis l'arrivée de Claude Julien (17 min 34 s). 

C'est un peu l'oeuf et la poule: il est utilisé un peu plus à chaque match parce qu'il est plus efficace, mais il est également plus efficace parce qu'il joue davantage.

Julien a aimé son niveau d'énergie face aux Canucks de Vancouver et il compte tirer profit de son expérience en séries éliminatoires et dans les matchs plus importants de fin de saison.

«Les Blackhawks de Chicago ont toujours fait de bons bouts de chemin en séries et il sait comment gagner, il sait élever son jeu au bon moment, a expliqué l'entraîneur-chef. Ce sont des éléments pas mal importants dans une équipe. Tout le monde recherche des joueurs qui ont vécu cette expérience-là parce que souvent, les joueurs ne réalisent pas à quel point c'est difficile de gagner la Coupe Stanley.»

Un meilleur état d'esprit

Au dire de Shaw, il y a le système de jeu prôné par Julien qui convient davantage à son style, mais aussi un climat plus positif qui l'a aidé à se relancer.

«Quand des gars sont en léthargie, ils s'apitoient sur leur sort, a-t-il rappelé. Or, dans un marché comme Montréal, les médias et les amateurs vont s'attarder sur les aspects négatifs et ça finit par faire boule de neige. Claude est arrivé et il a vu tout ça. C'est un gars positif et un players' coach. Il veut qu'on vienne à l'aréna et qu'on ait du plaisir.»

Mais ça prend aussi des moments lors des matchs sur lesquels un joueur peut bâtir. Dans le cas de Shaw, son but gagnant marqué en prolongation face aux Maple Leafs de Toronto, à la fin février, lui a servi d'étincelle.

«Avant ce match-là, je travaillais, j'étais compétitif, mais mes chances de marquer ne se concrétisaient pas. À un moment donné, il fallait que ça arrive. Les buts viennent souvent par grappes, c'est comme ça partout dans la ligue. Il faut utiliser ça pour bâtir sa confiance.»

L'ancien des Hawks a récolté trois buts à ses huit derniers matchs.

Indiscipliné? Oui et non

Ce qui n'a pas aidé Shaw plus tôt cette saison - et qui ne l'a peut-être pas aidé à gagner la faveur de Therrien -, c'est l'indiscipline dont il a fait preuve. Depuis la semaine de relâche, on ne voit plus de débordements de sa part.

«Sans dire que j'ai une cible dans le dos, je sais que je suis reconnu pour être un peu impertinent auprès des arbitres. J'essaie de travailler là-dessus et de m'améliorer. Juste d'encaisser la pénalité et de me rendre calmement au banc au lieu de perdre la tête. Ça n'arrivera pas du jour au lendemain, mais je dois rester loin de tout ça.»

C'est vrai que certains joueurs ont moins de corde que d'autres aux yeux des officiels...

«Je n'ai pas juste une laisse courte, j'ai le collier d'étranglement qui va avec!»

Ses punitions en fin de période ou en zone offensive ont été abondamment décortiquées, mais le bouillant attaquant a soulevé un point intéressant à ce sujet. 

«J'ai écopé de quelques punitions égoïstes, mais je pense avoir amené l'équipe en supériorité numérique plus souvent qu'en désavantage», a-t-il soutenu.

Vérification faite auprès du site de statistiques avancées Corsica.hockey, Andrew Shaw est le meilleur joueur du Tricolore à forces égales au chapitre du différentiel de pénalités. Autrement dit, il a provoqué beaucoup plus de punitions chez l'adversaire que l'autre équipe ne l'a forcé à en subir.