Que ce soit dans le vestiaire de l'équipe ou lors du point de presse de l'entraîneur-chef, la réaction de colère de Carey Price à l'endroit de Kyle Palmieri, jeudi soir, a été saluée unanimement. Pourtant, elle aurait pu coûter cher au Canadien si les arbitres avaient appliqué le règlement comme il leur est permis de le faire.

Le règlement 51,3 stipule que les officiels peuvent, selon leur jugement, imposer une inconduite de match à un gardien de but qui s'est servi de son bloqueur pour frapper un rival à la tête ou au visage dans une tentative ou avec l'intention de le blesser.

Or, Price s'est vu infliger seulement deux pénalités mineures pour rudesse à l'endroit de Palmieri, entré en collision avec lui lorsque légèrement poussé par le défenseur Jeff Petry, lors d'une incursion au filet du Canadien. Palmieri s'en est tiré avec une seule mineure, pour obstruction à l'endroit du gardien, procurant un avantage numérique aux Devils.

Le Canadien a complètement fermé la porte à ses rivaux et il a su protéger sa mince avance de 2-1 en route vers un triomphe de 5-2 au Centre Bell.

La reprise de la séquence montre clairement que Price a d'abord assené un coup derrière la tête de Palmieri, puis trois autres dans le bas du dos, avant que les joueurs des deux équipes ne se précipitent vers le filet du Canadien.

Selon John Dellapina, vice-président au département des communications de la LNH, les officiels ont jugé que Price ne méritait pas d'être expulsé pour son geste. Par ailleurs, a-t-il précisé, le département de la sécurité des joueurs a immédiatement revu la séquence et, à moins de nouveaux éléments, le gardien du Canadien ne sera pas mis à l'amende ni suspendu.

La réaction de Price est survenue quelque trois minutes après le premier but des Devils, marqué par Adam Henrique. Ce dernier était également entré en collision avec Price au même moment où la rondelle glissait entre les jambières du gardien du Canadien et derrière la ligne rouge.

«Je ne sais trop, a d'abord répondu Price lorsque invité à expliquer sa réaction inattendue à l'endroit de Palmieri, surtout quand on sait à quel point le gardien du Tricolore est reconnu pour ne jamais perdre son sang-froid.

«On m'a foncé dedans sur le but (de Henrique) et je suppose que je n'allais pas accepter un autre geste du genre. Ça m'a enflammé», a ajouté Price, qui était d'accord avec la décision d'accorder le but, mais qui pensait que Henrique aurait dû être pénalisé pour obstruction à son endroit.

Phillip Danault, l'une des vedettes de la victoire du Canadien, a applaudi la réaction du gardien. Selon lui, Price mérite le respect et sa réaction a aussi eu pour effet de donner des ailes à tous ses coéquipiers.

«Pour moi, il a démontré un certain leadership, estimait Therrien. On s'entend tous; Carey est une personne très calme. C'était la deuxième fois qu'il se faisait pousser un peu dans son demi-cercle. Quand Carey a réagi de la sorte, ça nous a donné un deuxième élan», a enchaîné l'entraîneur-chef du Canadien, qui croit que la ligue se doit de protéger tous les gardiens.

À ce sujet, Price s'est montré prudent dans ses réponses. Et il n'a fait aucune allusion à ses blessures antérieures, notamment celle dont il avait été victime lorsque Chris Kreider, des Rangers de New York, était entré en collision avec lui lors du premier match de la série finale de l'Association Est au printemps 2014.

«Ça semble désormais être la norme dans la ligue. On fonce vers le filet, on entre en collision avec le gardien et on marque un but. Parfois, il faut se défendre soi-même.

«On ne donne plus de punitions, a-t-il plus tard fait remarquer, à une autre question. On n'appelle plus de pénalités pour obstruction à l'endroit des gardiens sauf, on dirait, lorsqu'un but est marqué.»

La réaction de Price a aussi été saluée par Wayne Gretzky, qui a été questionné à ce sujet lors de la réunion des gouverneurs, en Floride, vendredi.

«Ça fait partie du sport, a dit la Merveille, qui fait maintenant partie de la direction des Oilers. On s'attend parfois à ce que les athlètes agissent comme des robots, mais c'est un sport d'émotions. J'ai toujours cru que certains des plus grands athlètes avaient atteint ce niveau grâce à leur passion, leurs émotions. Et il faut donc savoir répondre, démontrer où est la ligne.»