Un entraîneur d'une équipe pee-wee AAA de la région de Montréal a été suspendu après avoir organisé un entraînement punitif tout de suite après une défaite, a appris La Presse. Au moins un des enfants, âgé de 11 ou 12 ans, a même dû rater un entraînement deux jours plus tard parce qu'il avait encore mal aux bras.

Selon Hockey Lac Saint-Louis, l'incident est survenu le 18 septembre dernier à l'aréna de Dollard-des-Ormeaux. Ce jour-là, Lac Saint-Louis Nord a perdu 7-2. Après la défaite, l'entraîneur Louis Isabella a ordonné aux enfants de faire des push-ups; ils en auraient fait entre 150 et 300, selon plusieurs témoignages recueillis. Des jeunes ont eu mal aux bras pendant des jours.

«On entend 100 push-ups, 150, 300, 350... jusqu'à 500, explique le responsable de la structure intégrée pour les Lions de Lac Saint-Louis, Gerry Gomez. Honnêtement, pour moi, le nombre de push-ups, ce n'est pas le plus important. Pour moi, ce qui dérange, c'est le concept de faire des push-ups après une défaite.»

Alertée mercredi dernier, la formation des Lions n'a pas mis de temps à réagir. Elle a convoqué une réunion de parents vendredi. Elle a décidé ce jour-là de suspendre l'entraîneur le temps de faire la lumière.

En fin de semaine, Louis Isabella n'était pas derrière le banc de cette équipe, l'une des meilleures au Québec. Elle évolue dans le plus haut niveau de compétition de la province pour les jeunes de 11 et 12 ans. 

Dimanche, Gerry Gomez a aussi rencontré tous les enfants pour entendre leur version des faits. «Des jeunes se sont étiré des choses, se sont blessés, dit-il. C'est une histoire très plate. Mais il faut qu'il y ait des conséquences pour le coach

Celui-ci sera probablement entendu par le comité de discipline de l'organisation dans les prochains jours, a dit M. Gomez. La Presse a réussi à parler à l'entraîneur la semaine dernière, avant sa suspension. Louis Isabella a alors nié avoir organisé l'entraînement punitif après le match, contrairement à ce que l'équipe soutient, ainsi que plusieurs sources proches des parents.

«On n'a jamais fait 300 push-ups. C'était 100 push-ups. C'était pendant un entraînement», a dit M. Isabella. Hier, après sa suspension, il n'a pas rappelé La Presse.

Les Lions disent ne pas soutenir l'idée d'un entraînement punitif pour les enfants, surtout immédiatement après le match. «Si tu veux passer un message, tu peux arriver le mardi et faire une pratique intense, pas punitive, mais intense, dit Gerry Gomez. Ça peut arriver deux fois dans la saison, pas plus. Ça, ça se fait.»

Un entraîneur «old-school»

Louis Isabella est un entraîneur d'expérience dans le hockey mineur, où il évolue depuis 20 ans. Dans une entrevue de 2011 au journal The Gazette, il admettait que «certains parents peuvent penser [qu'il est] dur avec leurs enfants». Il se disait aussi en faveur du retour de la mise en échec au niveau pee-wee.

«C'est un gars de hockey, qui a beaucoup d'années d'expérience. C'est un entraîneur "old-school". Mais il a été entraîneur dans le midget espoir (15 ans). Il a été entraîneur dans le bantam (13-14 ans). Ça fait longtemps qu'il est entraîneur», explique Gerry Gomez.

«Personne ne se plaint de ses entraînements. Il est très bien organisé, il est à l'heure, il ne sacre jamais. Mais ce dimanche-là, manifestement, quelque chose n'allait pas. Il a pris une très mauvaise décision.»

Les Lions ont été mis au parfum de cet incident non pas par les parents, mais plutôt par Hockey Québec. «Hockey Québec est en total désaccord avec ce genre de pratique», a dit le porte-parole de la fédération, Patrick Marineau.

M. Gomez affirme qu'il aurait aimé qu'un parent le prévienne, plutôt que de l'apprendre par la fédération. «Je leur ai dit en début de saison que ma porte était toujours ouverte», dit-il.

Une source proche d'un des parents nous a expliqué que ceux-ci ne voulaient pas parler. «Le pee-wee AAA, c'est la ligue nationale pour beaucoup d'entre eux. Ils n'ont pas le goût de se mettre l'équipe à dos, a dit cette source. Je vous garantis qu'aucun parent ne vous parlera.»

La Presse a tenté de confirmer la nouvelle auprès des parents. Un seul a accepté d'en parler, dans l'anonymat. Les autres n'ont pas nié l'incident, mais n'ont pas voulu commenter.

«Tout ce que je peux dire, c'est que mon fils aime le hockey», a dit l'un d'eux.

«J'aime mieux ne pas commenter, a dit un autre parent. Je suis impliqué dans le hockey mineur depuis plusieurs années et il y a beaucoup de belles choses qui se font.»

Photo tirée du documentaire Parents inc.

Louis Isabella