Ken Dryden n'a vu qu'un seul match du Canadien cette saison. C'était contre les Rangers de New York, au Madison Square Garden, la veille de l'Action de grâce américaine. Incidemment, c'était aussi le match où Carey Price a aggravé la blessure dont il n'est toujours pas remis.

«Je ne pouvais pas croire à quel point ils étaient rapides, pas plus que la vitesse à laquelle tout était exécuté. Les Rangers ne sont pas une équipe lente, et on aurait dit qu'ils étaient immobiles», a-t-il raconté hier, en marge de la présentation de la Tournée de la Série du siècle '72.

L'ex-gardien du CH était alors bien loin de se douter - à l'instar de bien du monde - que le club allait ensuite s'engouffrer dans la spirale noire que l'on sait.

Nombreux sont ceux qui ont attribué cette chute libre à l'absence du numéro 31, qui n'en finit plus de se prolonger. Dryden est de ceux-là. Selon lui, il ne faut pas s'étonner du fait que la confiance de toute l'équipe semble s'être évaporée au moment où Price s'est retrouvé sur la touche.

«Le travail du gardien semble être d'arrêter des rondelles et d'empêcher des buts. Mais ce dont il s'agit en réalité, c'est de donner un sentiment de sécurité au reste de l'équipe. C'est en quelque sorte un message à tous les autres joueurs leur disant: allez-y, les gars, tout est beau par ici», explique-t-il.

«Le plus souvent, lorsque quelqu'un se blesse, il se blesse pour deux ou trois semaines, ajoute Dryden. Peut-être cinq si c'est un genou. Ça n'arrive pas souvent que ce soit un joueur aussi central qui s'absente pendant aussi longtemps. Ça change tout.»

À trop vouloir en faire...

L'ex-défenseur et directeur général du Tricolore Serge Savard ne partage cependant pas l'opinion de son ancien coéquipier. À son avis, la blessure de Price ne suffit pas pour expliquer le bourbier dans lequele Canadien s'est enfoncé depuis le début du mois de décembre.

«Lors des deux derniers matchs [avant celui d'hier], on n'a pas parlé de l'absence de Price et on a gagné. Au début, c'était la même chose. [Mike] Condon faisait le travail. Je comprends que le gardien de but peut améliorer une équipe, mais pas sur 20 ou 30 matchs.»

Savard estime plutôt que cette léthargie émane principalement des carences offensives de l'équipe, soulignant au passage qu'elle a inscrit en moyenne «1,6 ou 1,7» but par match au cours des huit dernières semaines.

De plus, à mesure que le CH a accumulé les défaites, les joueurs ont voulu trop en faire pour tenter de replacer leur équipe sur les rails. Et ce faisant, ils se sont tirés dans le pied.

«Quand tout va mal, sans s'en apercevoir, les gars essaient tous de faire les choses eux-mêmes, fait valoir Savard. Un P.K. Subban va prendre la rondelle, essayer de déjouer tout le monde et de se rendre au gardien de but. Il va réussir une fois sur 40. Ce n'est pas ça, le jeu.»

«Quand ça va mal, tout le monde est fâché et tout le monde travaille mal. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'effort. Des fois, l'effort est là, même plus qu'avant. Mais on travaille de la mauvaise manière.»

Malgré ces récents ennuis, l'ex-numéro 19 refuse de jeter l'éponge quant aux chances du Canadien de se qualifier pour les prochaines séries éliminatoires. Mais il faudra d'abord que les joueurs réapprennent à travailler en équipe.

«Tu ne peux pas gagner si tu ne travailles pas en équipe. Lorsque tu joues au hockey, tu ne joues pas au tennis ou au golf. Ce n'est pas un sport individuel. [...] On a oublié que le hockey est un sport d'équipe. Et lorsqu'on oublie ça, on ne gagne pas», lance-t-il.

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La Tournée de la Série du siècle

Les amateurs de hockey, jeunes et moins jeunes, pourront bientôt revivre la Série du siècle de 1972 entre le Canada et l'URSS par l'entremise de la Tournée de la Série du siècle '72, dont le programme a été dévoilé en conférence de presse hier midi.

Produit par le fondateur de MusiquePlus et président d'Atmosphère Musique Pierre Marchand, l'événement s'ouvrira le 2 septembre à la Place des Arts de Montréal, avant de se déplacer à Winnipeg, Vancouver et Toronto. Chaque soir, les joueurs qui composaient l'équipe canadienne raconteront de quelle façon ils ont vécu ce moment marquant du sport et relateront de nombreuses anecdotes.