On a vu plusieurs cérémonies de retrait de chandail au Centre Bell. Mais honorer la carrière d'un nouveau retraité comme l'a fait le Canadien jeudi soir pour Saku Koivu, voilà qui sortait des cadres habituels.

Même si son chandail ne sera peut-être jamais retiré et qu'on ne le verra probablement pas au Temple de la renommée, il fallait saluer le parcours exceptionnel de Koivu d'une façon ou d'une autre.

La visite des Ducks d'Anaheim était une occasion on ne peut plus appropriée.

Son épouse Hanna, ses deux enfants ainsi que ses parents venus de Finlande ont assisté à cette cérémonie qui a débuté avec une ovation de plus de trois minutes.

Koivu a amorcé son allocution en offrant ses condoléances à la famille de Jean Béliveau.

«C'était le capitaine ultime, et quand je pense à lui, je vois que c'est d'autant un privilège d'avoir porté comme lui le C du Canadien», a-t-il dit.

Koivu partage avec Béliveau l'honneur d'avoir été l'un des deux joueurs restés capitaines de l'équipe durant 10 ans. Plus tôt dans la journée, il s'est souvenu des mots du Grand Jean lorsqu'il a été nommé à ce poste en 1999.

«Monsieur Béliveau est venu me voir et m'a dit: "Ça va aller, tu n'as pas à changer. On t'a nommé à ce poste-là à cause de que tu es."»

«Le prochain capitaine du Canadien devra s'assurer de rester lui-même, a-t-il ajouté. Il devra se soucier de ses coéquipiers et du personnel. S'il s'en montre capable, il recevra le respect de tous en retour.»

La détermination

Face à 21 000 amateurs qui lui avaient servi du «Saku! Saku! Saku!» à satiété, sa voix s'est brisée au moment d'évoquer sa lutte contre le cancer. «Et vous, les amateurs, vous m'avez incité à continuer alors que je me battais pour ma vie. Ce que vous m'avez donné le soir de mon retour au jeu est l'un des plus beaux cadeaux que j'aie jamais reçus.»

Aux Drs David Mulder et Blair Whittemore, qui l'ont accompagné tout au long de sa lutte, il a adressé ses remerciements pour lui avoir donné une seconde chance. Koivu avait insisté pour que les deux médecins soient de la fête.

«C'est la fin de sa carrière et c'est très satisfaisant, d'une part, qu'il soit ici, d'autre part que l'organisation et la ville aient jugé bon de le célébrer», a déclaré le Dr Whittemore, l'hématologue-oncologue qui l'a suivi durant ses traitements.

L'éminent spécialiste de l'Hôpital général de Montréal a rencontré en 2002 un jeune homme dont toute la détermination allait être requise dans une période de thérapie courte mais ô combien intense.

«Il avait dit au Dr Mulder et moi qu'il allait revenir à temps pour les séries éliminatoires. Nous lui avions répondu de ne pas compter là-dessus.

«Et il a dit: "Non, comptez là-dessus."»

Du respect et de l'amour

Qu'il s'agisse du fait français ou des insuccès de l'équipe qui lui étaient parfois attribués, Koivu n'a pas toujours fait l'unanimité auprès des amateurs de Montréal. Mais les longues histoires d'amour ne traversent-elles pas toutes leurs moments difficiles?

Chose certaine, l'ancien capitaine n'avait guère à se soucier de l'accueil favorable qui lui serait réservé jeudi.

«En quittant l'aéroport pour rentrer à Montréal, tout m'est apparu tellement familier, a-t-il raconté. Sauf qu'après avoir passé quelques années à Anaheim, j'avais un peu oublié combien on nous reconnaît dans la rue. Les gens nous ont accueillis chaleureusement, ils m'ont arrêté dans la rue et m'ont souhaité bonne chance.»

On a demandé à Koivu s'il croit avoir joui davantage du respect que de l'amour des amateurs durant ses 13 saisons à Montréal.

«J'ai toujours senti que j'étais respecté en tant que joueur en raison de mon style de jeu, a-t-il répondu. Mais ça me remplit d'humilité de sentir que j'étais également aimé par les fans. Je me demande pourquoi ça a été le cas, pourquoi ils m'ont adopté. C'est dur à expliquer, mais il y a un lien assez unique qui s'est créé entre les fans de Montréal et moi.»

En conférence de presse, Koivu a dit espérer qu'on se souvienne de lui comme de quelqu'un de bien, d'un joueur qui donnait tout ce qu'il avait et qui a porté le C de capitaine avec fierté.

Le soir venu, s'adressant aux partisans au centre de la patinoire, capitaine Courage a complété son allocution en lançant - en français: «Je t'aime pour toujours, Montréal. Merci beaucoup.»