Rene Bourque a bien failli ne plus être un membre du Canadien. Son nom a été au centre de rumeurs d'échange l'hiver dernier, et à l'été, les chances de son retour avec l'équipe en vue de 2014-2015 semblaient bien minces. Mais il est encore là.

À n'en point douter, le cas Bourque est un cas plutôt complexe. Son impact financier sur la masse salariale de l'équipe (3,3 millions par année pour encore deux saisons) laisse croire qu'il est un candidat idéal pour un éventuel déménagement. En coulisses, on racontait qu'il avait lui-même exigé un échange la saison dernière, ce qu'il a depuis nié.

Une source de la LNH a confié à La Presse cette semaine que les Coyotes de Phoenix avaient tenté de l'obtenir avant la date limite des transactions, la saison dernière. Sans succès, bien évidemment.

Ce qui ne dérange pas le principal intéressé, au contraire.

«Écoutez, j'ai été échangé deux fois déjà, répond-il en haussant les épaules. Alors je ne perds pas une seule minute de mon temps avec ces rumeurs. Je parle régulièrement avec Berge (le directeur général Marc Bergevin). Je suis très bien au courant de ce qui se passe. Les rumeurs de la saison dernière ne m'ont jamais inquiété.»

Du même souffle, Rene Bourque reconnaît que la saison qui s'amorce en est une de première importance pour lui.

«C'est vrai que c'est une saison importante pour moi. Les gars de mon trio et moi, on connaît un début de saison terrible, statistiquement en tout cas... On ne peut plus être dans la colonne des moins comme ça. On a eu un peu de malchance, mais en même temps, on n'a pas marqué assez souvent depuis le début de la saison.»

Rene Bourque est très au fait de ses propres statistiques. Sans même qu'on lui en parle, il évoque lui-même sa fiche au chapitre du différentiel (-7 après le match de samedi soir) et il admet que ça lui pèse un peu lourd sur les épaulettes.

«Je m'en rends compte, je sais que ça existe. Les plus et les moins, c'est une statistique bizarre, je ne sais pas si je suis d'accord avec ce concept. Mais cette statistique est une réalité et ça me fâche de constater que j'en suis là (à -7). En même temps, les entraîneurs ne nous tapent pas sur les doigts à cause de ça. Si on jouait si mal défensivement, on ne serait pas de la formation.»

Ajustements

Bourque le dit ouvertement: pour lui, jouer avec des collègues européens comme Lars Eller et Jiri Sekac qui ont, forcément, un style de jeu européen, ça suppose des ajustements.

«C'est un ajustement parce que je dois souvent ralentir en arrivant en zone adverse. Eux, ils tentent de patiner est-ouest pour aller le long des bandes. Je dois arrêter à la ligne bleue en attendant qu'ils arrivent. Des fois, la cohésion au sein d'un trio, ça peut prendre du temps.»

En attendant de retrouver son rythme (un seul point en six matchs cette saison), Rene Bourque demeure un peu une énigme. Rappelons d'ailleurs ses chiffres de la saison dernière: 9 buts en 63 matchs réguliers... puis 8 buts en seulement 17 matchs des séries!

C'est un peu ce manque de constance qui a fait rager quelques entraîneurs au cours de cette carrière qui a commencé chez les Blackhawks de Chicago, en 2005. Cette réputation de joueur qui ne se présente pas tous les soirs, elle le suit depuis longtemps...

«Quand on t'impose l'étiquette du joueur qui manque de constance, tu ne peux jamais y échapper... Mais je m'en fous un peu. On m'a collé cette réputation quelque part lors de ma carrière, je trouve que c'est exagéré.»

Et pourquoi ne joue-t-il pas plus souvent comme il l'a fait en séries? La question le fait un peu sourire.

«Les séries, c'est vraiment mon style de jeu. Ça frappe, c'est plus agressif. Je dirais que je m'ajuste mieux à ce style-là...»

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Entraînement au Centre Bell

Avis aux amateurs qui pensaient se rendre au centre d'entraînement du Canadien, à Brossard, ce matin. Le Tricolore s'entraînera plutôt au Centre Bell et l'exercice ne sera donc pas ouvert au public. C'est que l'équipe en profitera pour prendre la première de ses deux photos d'équipe de la saison. Le Canadien prend généralement deux portraits de famille par saison: un au tout début, et un autre en fin de campagne, une fois la date limite des transactions passée.

- Guillaume Lefrançois