«C'est une hypothèse, si vous voulez.» Au bout du fil se trouve Howard Bloom, l'auteur du tweet qui a déclenché mardi une tempête médiatique en avançant que la LNH préparait pour 2017 une expansion à Las Vegas, Seattle, Toronto et Québec.

La formulation du micromessage était péremptoire: «Expansion de la LNH, quatre équipes ajoutées en 2017, Québec, Toronto, Seattle et Las Vegas. 1,4 milliard en frais d'expansion.»

Le message au style télégraphique a été partagé plus de mille fois. Son contenu a été repris par les organes de presse les plus crédibles. L'espoir renaissait au bout de l'autoroute 40.

Mais voilà que son auteur reconnaît que son tweet relevait davantage de l'hypothèse que d'une information béton. «C'est une hypothèse. Mais le moment est parfait pour une expansion, explique Bloom en entrevue. Ça représente une occasion exceptionnelle pour la LNH.»

Le message est devenu viral notamment parce que quelques heures avant sa publication, un article du quotidien The Province, citant des sources anonymes, annonçait une expansion à Las Vegas. Le message de Bloom, journaliste au Sports Business News, venait donner du poids à la dépêche, laissant croire qu'une conférence de presse était imminente et que la LNH avait arrêté son plan.

Le ton impératif laissait croire que Bloom avait une source crédible auprès de la LNH. Tout comme le détail intrigant des frais d'expansion établis, selon lui, à exactement 1,4 milliard. Mais Bloom explique qu'il a opéré par «déduction». Après coup, dit-il, des gens proches de la LNH l'ont contacté et lui auraient affirmé que «ce scénario (était) l'un de ceux envisagés par la ligue».

La confusion vient sûrement du ton impératif du message. Prenons en exemple un tweet tout à fait fictif: «Vincent Lecavalier à Montréal en échange d'un choix de première ronde.» Venant d'un journaliste, le message serait perçu comme l'annonce d'une nouvelle plutôt que comme une hypothèse.

Or, dans le cas de Bloom, il ne s'agissait pas d'une nouvelle. Le message a toutefois largement circulé. Son auteur a été invité à accorder des dizaines d'entrevues. «J'ai dû en donner une quinzaine et en refuser une cinquantaine.» Plusieurs centaines de personnes se sont abonnées à son compte Twitter.

Les répercussions de cette confusion sont relativement faibles. Qui, en 2017, se rappellera ce tweet incendiaire si ni Seattle ni Toronto n'ont d'équipe?

Le mystère Toronto

Même si la LNH a nié hier la véracité de ses «déductions», le journaliste Howard Bloom soutient qu'elles sont réalistes. «Le scénario que j'ai présenté, j'en ai discuté avec des gens de la LNH. Ce serait un scénario crédible pour la LNH. Sans hésitation, je réaffirme que c'est logique.»

Avec quatre nouvelles équipes, la LNH se retrouverait avec 16 équipes dans l'Ouest et 18 dans l'Est. Or, la ligue cherche à équilibrer ses deux associations. «C'est de la logistique. Je laisse cela à la ligue», répond M. Bloom.

Il croit par ailleurs qu'une deuxième équipe pourrait s'installer dans la région torontoise. Selon lui, MLSE, propriétaire des Maple Leafs de Toronto, ne s'opposerait pas à ce scénario.

«Les frais d'expansion pour une équipe à Toronto avoisineraient les 600 ou 700 millions de dollars, croit-il. De ce magot, 400 millions iraient dans un fonds commun pour tous les propriétaires. Les 200 ou 300 millions restants iraient en indemnisation à MLSE. C'est beaucoup d'argent.

«Par ailleurs, qui sont les propriétaires de MLSE? Rogers et Bell Media, des magnats de la câblodistribution, poursuit Bloom. Si vous pouvez ajouter 80 ou 90 événements de sport par année dans la région de Toronto, ça peut générer des retombées très intéressantes pour la câblodistribution.»

Tout cela paraît très logique, mais rappelons qu'il ne s'agit que d'hypothèses.