À Brossard, plus tôt cette semaine, Brendan Gallagher et Alex Galchenyuk étaient assis côte à côte.

Quand un joueur du Canadien a lancé «Hey Gally!» dans leur direction, les deux jeunes se sont retournés. C'était devenu impératif que l'un d'eux change de surnom.

«Les gars se sont mis à appeler Galchenyuk "Chuckie" à cause de son nom de famille, j'ai donc visiblement gagné la bataille pour maintenir le surnom de "Gally"», a raconté Gallagher.

«Il fait dire que j'ai trois camps d'entraînement derrière la cravate, j'ai une séniorité!»

Les deux recrues du Canadien ont passé beaucoup de temps ensemble au cours des derniers jours et ont vécu les dernières heures au même rythme.

«Après le match intra-équipe, hier soir, on n'en revenait pas de la quantité de gens qui s'étaient déplacés, a raconté Gallagher. Nous savourons tous les deux l'expérience.»

Gallagher s'est rappelé du jour où, au terme du camp de sélection d'Équipe Canada Junior, on lui avait annoncé qu'il avait mérité un poste au sein de la formation. La même nervosité, la même fébrilité.

«J'ai eu ma rencontre ce matin après tous les joueurs qui ont été retranchés et, en voyant le sourire des dirigeants à mon entrée, j'ai compris que c'était positif, a raconté le sympathique ailier.

«Alex attendait son meeting à l'extérieur et je savais qu'il aurait lui aussi de bonnes nouvelles, mais j'ai préféré ne rien lui dire. Quand ça a été à son tour de sortir de sa rencontre, je l'ai vu partir à courir dans le couloir et on s'est serré dans nos bras.

«On va célébrer ça ce soir en allant manger un bon steak!»

«C'est fou tout ce qui m'arrive»

C'était devenu évident à mesure que la semaine progressait, mais ça a finalement été confirmé par le Canadien vendredi matin: Alex Galchenyuk amorcera la saison à Montréal.

«Je suis extrêmement heureux, je n'ai jamais vécu meilleure sensation dans toute ma vie», a mentionné l'attaquant recrue, qui deviendra le premier joueur de 18 ans à décrocher un poste avec le Canadien depuis Petr Svoboda en 1984.

«C'est fou tout ce qui m'arrive depuis les derniers mois. Je produisais beaucoup à Sarnia avant de partir pour le Championnat mondial junior, où on a remporté la médaille d'or.

«Et voilà que je vais jouer mon premier match dans la LNH demain soir!

«Je savais que j'avais une chance de rester, mais je ne pouvais pas être certain à 100%. J'étais donc un peu nerveux quand je suis arrivé au Centre Bell ce matin.»

La recrue de 18 ans a été insérée dans un rôle offensif tout au long de la semaine, que ce soit à la gauche de Tomas Plekanec ou de Lars Eller.

«La décision finale a été prise hier soir, mais elle s'est dessinée au fil de la semaine, a expliqué l'entraîneur-chef Michel Therrien. Nous avions entamé le camp avec l'esprit ouvert, mais plus les journées avançaient, en voyant la façon dont il se comportait, plus notre décision est devenue claire.»

Le Tricolore compte y aller un match à la fois avec son jeune joyau et ne mettra pas la charrue devant les boeufs. Mais si Galchenyuk devait passer l'hiver dans la LNH, l'état-major de l'équipe aimerait bien qu'il soit hébergé par un vétéran de la formation.

«On en a discuté un peu durant la semaine, a indiqué Michel Therrien. Je peux vous dire qu'on va s'assurer de bien l'entourer. On a de bons vétérans et on va voir ce qu'on peut faire à ce niveau-là.»

Le capitaine Brian Gionta, qui est appelé à évoluer sur le trio de Galchenyuk, semble un candidat de choix.

«Il va falloir que j'en discute avec ma femme, a lancé Gionta. S'il est prêt à garder mes enfants, ça jouerait en sa faveur, mais je ne suis pas sûr qu'il soit rendu à l'âge où il puisse composer avec trois enfants!»

Aucun lien avec la santé de Plekanec

Dans le cas de Gallagher, Therrien a précisé que sa promotion n'était nullement en lien avec l'état de santé de Tomas Plekanec, qui n'est pas certain à 100 % de participer au match inaugural, samedi soir face aux Maple Leafs de Toronto.

«Gallagher a été excellent (jeudi), il a une éthique de travail extraordinaire, il est toujours près de la rondelle et se dirige toujours au filet», a décrit l'entraîneur.

Le principal intéressé ignore s'il affrontera les Leafs ainsi que la façon dont le Canadien compte l'employer au cours des prochains jours.

«Les entraîneurs doivent prendre des décisions difficiles et mon travail sera de travailler et de leur rendre la vie plus difficile encore en les forçant à me trouver une place dans l'alignement, a indiqué Gallagher.

«Je m'attends à ce genre de défi, mais au moins je commence avec le fait que je fais partie de l'équipe.»

En restant à Montréal, le jeune ailier natif de Delta, en Colombie-Britannique, pourrait rater le match des Étoiles de la Ligue américaine, qui sera présenté le 28 janvier à Providence. Il est le seul membre des Bulldogs de Hamilton à avoir été invité.

Si le fait que Gallagher ait survécu aux retranchements peut être considéré comme une surprise, ce n'est pas le cas de Michael Blunden, qui semble tout destiné au rôle de 13e attaquant en attendant le retour en santé de Petteri Nokelainen (dos).

Ce dernier été placé sur la liste des joueurs blessés vendredi.

Cinq joueurs retranchés

Galchenyuk, Gallagher et Blunden ayant survécu au couperet, les joueurs retranchés vendredi sont donc Gabriel Dumont, Jarred Tinordi et Mike Commodore, qui ont passé la semaine au camp du Canadien, de même que Louis Leblanc, Frédéric St-Denis et Patrick Holland, qui avaient été rappelés en vue du match intraéquipe de jeudi.

« C'était difficile pour un gars comme moi de me faire valoir et je pense que l'organisation en est très consciente », a confié Dumont.

L'énergique attaquant ne croit pas que la position de l'équipe voulant qu'un jeune espoir ne gagnerait pas à rester à Montréal dans un rôle de 13e attaquant ait pu jouer contre lui.

« S'ils avaient eu à me garder, ils m'auraient gardé peu importe, a soutenu Dumont. Ils ne sont pas là pour faire des heureux, ils sont ici pour gagner. »

Photo: Bernard Brault, La Presse

Gabriel Dumont