Je me demande ce que Guy Carbonneau doit penser à ce moment très précis.

Peut-être qu'il ne regarde plus les chaînes sportives, remarquez. Peut-être qu'il se contente de faire le vide en écoutant religieusement Loft Story. Ça se peut. Mais s'il a vu son ancien club à la télé ces derniers jours, Carbo doit trouver que les choses n'ont pas trop changé.

J'en profite d'ailleurs pour vous donner la fiche du Canadien sous Bob Gainey depuis que Carbo a été viré: six victoires et 10 défaites, 6-13 si on tient compte des trois défaites en séries contre les Bruins de Boston. Tout ça pour ça, mesdames et messieurs.

En attendant le moment des grands bilans (et croyez-moi, ça ne saurait tarder), permettez-moi de poser la question qui fait mal: six semaines après le congédiement de Guy Carbonneau, ce club a-t-il meilleure mine?

En voyant Saku Koivu hier midi à Brossard, je n'ai pu m'empêcher de lui poser cette douloureuse question.

«Je pense quand même qu'on a bien joué au cours des 12 ou 15 derniers matchs de la saison régulière, a répondu Koivu. Les gens doutaient de nous, je crois, mais on a réussi à remonter la côte et à participer aux séries. C'est le résultat qu'on voulait.»

Et cette histoire de joueurs qui n'écoutent pas le coach? Bob Gainey y a fait allusion après la deuxième défaite face aux Bruins... «Je ne sais pas trop ce que Bob voulait dire par là», a répondu le Finlandais, qui m'a juré ne pas avoir entendu ce commentaire étonnant de monsieur Bob après la défaite de samedi soir à Boston.

On le sait, la vérité va finir par sortir un jour. J'ai hâte, évidemment. Hâte de savoir si c'est vrai que certains joueurs ont exigé - et obtenu - la tête de Carbo. Je me demande si ce sont les mêmes qui ont l'air de vouloir partir en vacances au plus vite depuis le début des séries. Ce serait toute une coïncidence...

D'ici là, le Canadien a besoin d'un miracle, et Bob Gainey est manifestement à court de tours de magie derrière son banc. De toute façon, avec autant de joueurs qui s'en balancent, ça prendrait un magicien de haut calibre. Au fait, Criss Angel est-il disponible?

Le travail d'un capitaine

Au hockey, l'un des mythes les plus tenaces est celui du capitaine rassembleur, capable de mener son équipe au zénith à grands coups de discours enflammés. Souvent, les capitaines rassembleurs sont aussi du genre à lancer des cruches de Gatorade entre deux périodes.

À Montréal, on a souvent reproché à Koivu de ne pas être ce genre de capitaine. Trop calme, trop gentil, pas assez émotif, bref, Koivu ne correspond pas à l'idée qu'on se fait du capitaine parfait.

Au moment où son club est au bord des vacances, Koivu ne croit toutefois pas que le moment soit venu pour lui de faire de grands discours ou de citer des passages de Braveheart dans le vestiaire.

«Tous les joueurs de cette équipe savent ce qu'ils ont à faire, a expliqué le Finlandais, hier. À 0-3 dans la série, je pense que je dois bien doser mes interventions auprès des gars. Ça ne donnerait rien de me mettre à crier dans le vestiaire. Il faut juste se rappeler que ce n'est pas terminé.»

Dans cette ville, on aime bien montrer du doigt ce capitaine pas assez leader au goût de bien du monde. Mais à voir sa mine hier, on comprenait une chose: Koivu n'aime pas ce qui se passe. Il déteste la défaite. Et il n'a pas le goût de partir en vacances tout de suite. Si certains de ses collègues étaient un peu plus comme lui, ça irait pas mal mieux.