Tom Watson s'apprêtait à tenter un roulé d'une distance de huit pieds pour la normale au 72e trou d'un mythique Omnium britannique, dimanche à Turnberry. Un roulé qui aurait fait de lui le joueur le plus âgé à gagner un tournoi majeur. Pour la première fois du week-end, les nerfs du golfeur de 59 ans ont craqué.

La balle n'a eu aucune chance.

Un peu plus d'une heure plus tard, Watson non plus.

«C'eut été une merveilleuse histoire, n'est-ce pas?», a lancé Watson. «Ce le fut presque. Presque. Le rêve s'est presque réalisé.»

Stewart Cink, qui a calé un roulé de 12 pieds pour un oiselet au dernier trou réglementaire, a profité de cette opportunité ratée, et a complètement dominé une ronde supplémentaire de quatre trous, l'emportant par six coups.

Pendant que Cink se laissait photographier à proximité d'une fosse de sable avec la Cruche d'argent, Watson a fait son entrée dans le centre de presse. Rapidement, il a saisi l'atmosphère qui s'y dégageait.

«Vous savez, nous ne sommes pas à des funérailles», a fait remarquer Watson.

Watson, qui visait un neuvième titre majeur en carrière et un sixième en Grande-Bretagne, s'est présenté une dernière fois sur le tertre du 18e trou, lors de la ronde de prolongation, tentant de chasser les larmes. Il n'était pas le seul à se sentir mélancolique. Des milliers d'amateurs assis dans les gradins sont demeurés muets, abasourdis par la tournure des événements.

Puis, les applaudissements les plus nourris ont été dirigés vers le médaillé d'argent, plutôt qu'en direction du vainqueur de la Cruche d'argent.

Cink, qui n'a jamais occupé le sommet du classement pendant le tournoi jusqu'à ce que Watson rate son roulé au 72e trou, a été impeccable pendant la ronde éliminatoire, inscrivant deux oiselets.

Tout en admirant le fameux trophée emblématique du plus vieux championnat de golf professionnel, il a rendu hommage à Watson, le roi des links des temps modernes.

«Je ne sais même pas quoi dire», a déclaré Cink. «Je lui lève mon chapeau. Il a fait reculer le temps. Il a livré une performance remarquable. Je pense parler au nom de tous les gens ici, également.»

Grâce à son crucial oiselet au 18e trou, Cink a ramené une carte de 69 pour une fiche cumulative de 278, deux coups sous le par. Mais tout indiquait qu'il devrait se contenter de la deuxième place.

Partageant la tête avec trois autres golfeurs pendant le neuf de retour, par un après-midi venteux, Watson a effectué deux roulés pour une normale au difficile 16e trou, où tous ses principaux rivaux avaient perdu un coup tout juste auparavant. Puis, il a facilement inscrit un oiselet au 17e, une normale-5, ce qui lui procurait alors une avance d'un coup.

Cet inoubliable Omnium britannique s'approchait de son zénith.

Après avoir propulsé son coup de départ dans le milieu de l'allée, au 18e trou, Watson a utilisé son fer-8 pour son coup d'approche et surveillé attentivement la trajectoire de sa balle, qui se dirigeait droit vers le drapeau. La balle a bondi sur le vert, mais a traversé la surface de coups roulés pour s'arrêter en bordure de la frise. De là, Watson a logé son coup suivant, effectué à l'aide de son fer droit, quelque huit pieds au-delà de l'objectif.

Le vétéran golfeur s'est placé en position pour son roulé, et des milliers d'amateurs étaient prêts à exploser de joie.

Tout au long de la semaine, alors qu'il se maintenait au sommet du classement, un peu tout le monde avait le pressentiment que Watson ne pourrait tenir le coup pendant quatre jours et 72 trous. Pourtant, il se trouvait à seulement huit pieds de l'impensable.

Mais le suspense est tombé dès que la lame du fer droit de Watson a fait contact avec la balle. Il était évident que le coup manquait de force. Lorsque la balle a bifurqué vers la droite pour s'arrêter à deux pouces de la cible, les épaules de Watson sont tombées.

«C'était un roulé affreux», a-t-il reconnu. «Puis en prolongation, ce fut un mauvais coup après un autre.»

Pour la première fois du week-end, Watson paraissait épuisé. Son coup d'approche au premier trou supplémentaire, le numéro 5, s'est arrêté dans une fosse de sable, à court du vert. Il a dû se contenter d'un bogey et déjà, il accusait un coup de retard sur Cink.

Après une remarquable normale au 6e trou, une normale-3, Watson s'est écroulé. Du 17e tertre, son coup de départ a abouti à gauche de l'allée, dans de l'herbe si haute qu'il a eu besoin de deux coups pour ramener sa balle en jeu.

Watson a ensuite effectué trois roulés, pour un double bogey, pendant que Cink faisait preuve de sagesse et de jugement pour inscrire un oiselet qui lui donnait une confortable priorité de quatre coups avant d'aborder le 18e trou.

Cink, qui a vu le jour deux ans avant que Watson ne gagne sa première Cruche d'argent, à Carnoustie en 1975, a signé une sixième victoire en carrière, mais sa première à un tournoi majeur. Au classement mondial, il grimpera au neuvième rang.

«Pour moi, il s'agit d'une expérience surréaliste», a affirmé Cink. «Pas seulement parce que j'ai évolué sur l'un de mes terrains préférés et participé à un merveilleux tournoi, mais aussi parce que j'ai pu affronter Tom Watson. Ce sont des événements qui ne se produisent pas souvent. J'ai grandi en le regardant jouer à la télé et en espérant suivre ses traces, et non jouer contre lui.»

De son côté, Watson s'est fait philosophe et affichait des sentiments ambivalents.

«Ce fut agréable d'être au plus fort de la lutte, une fois de plus, et d'entendre des jeunes ayant l'âge de mes enfants me demander ce que je faisais ici!», a-t-il confié. «Ce fut plaisant de leur montrer que je pouvais encore tenir mon bout. Je suis sûr que je vais en retirer des points positifs. Mais ça demeure une déception.»