A eux deux, ils ont remporté deux Championnats du monde (2008 et 2009), et quatre victoires en onze courses cette saison: Lewis Hamilton et Jenson Button, qui a triomphé dimanche au Grand Prix de Hongrie, constituent l'atout majeur de McLaren, malgré leurs différences marquées.

L'un paraît aussi gentleman en piste que l'autre est agressif. «Lewis jette la voiture dans les virages serrés et utilise l'accélérateur et le survirage pour tourner. Jenson aime une voiture réglée comme un instrument de précision, ce qui convient à son pilotage très doux», explique Jonathan Neale, cadre de McLaren.

Deux styles bien distincts, mais d'une efficacité égale, qui ont rarement autant été mis en valeur que sur le circuit tortueux du Hungaroring, dans des conditions météorologiques changeantes.

Dès les premiers tours de roue, Hamilton, s'élançant de la première ligne après sa 2e place qualificative, a harcelé Sebastian Vettel (Red Bull), l'auteur de la pole position. Soumis à une pression extrême, l'Allemand est parti à la faute, cédant la tête de course au roi Lewis.

Le feu follet de McLaren a ensuite attaqué au maximum, creusant l'écart sur ses poursuivants... avant de partir en tête-à-queue, d'être pénalisé pour son rétablissement en piste, puis de rater sa stratégie en termes de pneus.

«Commettre des erreurs fait partie du travail. Même s'il ne faut pas trop en faire. Plus tu risques, plus tu commets d'erreurs. Mais en risquant davantage, tu remportes plus de courses, aussi», explique à l'AFP Pedro de la Rosa, le pilote réserve de McLaren.

Etincelles

Retombé à la 6e place, Hamilton a néanmoins dépassé le Brésilien Felipe Massa (Ferrari, au final 6e) et l'Australien Mark Webber (Red Bull, 5e) pour terminer au pied du podium. «Lewis a effectué une performance de combattant. Peu importe le pilote devant lui, il savait qu'il serait le prochain», s'émerveille Jonathan Neale.

«J'adore cela. Nous voulons tous voir un gars qui, une fois qu'il est dans la voiture, ne triche pas, qui martyrise sa voiture. Lewis n'attend aucune faveur. Donc il ne va jamais abandonner», poursuit-il, affirmant qu'il «ne demandera jamais à Hamilton de ne pas attaquer» car «c'est dans son ADN».

Moins flamboyant, mais très rapide, Jenson Button, qui s'était également défait de Vettel, a alors pris la tête des débats, pour ne plus la lâcher. Sans commettre de grosse faute - deux petites erreurs de trajectoire - en piste, contrairement aux autres pilotes de pointe, ou en termes de choix de gommes.

«Button est un authentique spécialiste de ce genre de course. Il sait très bien les interpréter. Il a beaucoup de patience, ne s'énerve jamais. Sur ses 11 victoires, 6 ont eu lieu sur des pistes mouillées ou détrempées. C'est probablement le pilote le plus intelligent de tous», estime Pedro de la Rosa.

Button et Hamilton se sont même livrés à un spectaculaire mano-a-mano aux deux tiers de la course. Que l'aîné, du haut de ses 31 ans, a remporté en s'imposant pour son 200e GP. Tout en faisant gagner son écurie pour la 3e fois en cinq courses.

A la lumière de ce succès, il redécouvrirait presque l'ambition. Et la morgue du champion. «Il est bon de voir que nous nous sommes améliorés en qualification, et que nous sommes tout en haut, avec les Red Bull. Et nous sommes très rapides en course. Ils peuvent s'inquiéter», a lancé Button.

Malgré leur retard sur Vettel - 100 points de moins pour Button, 88 pour Hamilton -, les pilotes McLaren ont faim: vivement le GP de Belgique, le 28 août prochain...