Plus jeune champion du monde de l'histoire, Sebastian Vettel a sérieusement rajeuni l'image du pilote de Formule 1. Les cheveux en pagaille, la barbe tout juste naissante, la tenue décontractée sont ceux de «l'adolescent attardé» que l'Allemand de 23 ans continue d'être au fond de lui-même..

Red Bull ne pouvait évidemment trouver un champion plus conforme à son image hors normes et Vettel l'assume avec une belle insouciance. «Être champion du monde entraîne certaines obligations, c'est vrai, mais j'essaie de m'amuser quand même en toutes occasions», a-t-il souligné en entrevue avec La Presse à Monaco.

«Il n'y a guère que les soirées en tenue de gala que je déteste vraiment et je ne garde habituellement le costume que pour les photos. Dans la vie, je suis le plus souvent en t-shirt et bermuda, prêt à faire du sport et à m'amuser avec mes amis.»

Très sportif, toujours prêt à s'initier aux disciplines extrêmes que Red Bull commandite massivement, Vettel est surtout passionné par le vélo, qu'il pratique en toute saison. Plus jeune, il suivait le Tour de France à la télé en faisant du vélo stationnaire.

«Ça m'arrive encore de le faire, a-t-il avoué à Monaco. Je fais attention à ma forme physique, j'essaie de surveiller mon alimentation - la plupart du temps... - et mes habitudes de vie.

«Je suis bien payé pour faire ce métier et je me dois d'être toujours au maximum de mes capacités. Mais à l'extérieur du sport automobile, je suis un gars assez ordinaire.»

Féru de mécanique, Vettel regrette un peu l'époque où il montait lui-même ses karts, avec son père. Repéré par Red Bull au début des années 2000, il a couru en Formule 3, contre Lewis Hamilton notamment. Il a été promu en F1 en 2007, chez BMW-Sauber, et il a inscrit un point à sa première course avant de passer chez Toro Rosso.

Plus jeune pilote de l'histoire de la F1 (19 ans et 53 jours à ses débuts comme pilote essayeur), il a ensuite enfilé les records de précocité jusqu'à son titre mondial.

«Ces histoires de "plus jeune pilote" ne m'impressionnent pas beaucoup, a-t-il assuré. Plus jeune, c'est dans la même catégorie que plus vieux... En fait, dans le titre "plus jeune champion du monde", c'est d'être champion que je suis fier. C'est ce dont je rêvais depuis longtemps et d'y parvenir m'a procuré une grande satisfaction. Mais ça ne me dérangerait pas d'être cette année le plus jeune double champion du monde!»

Des noms pour ses voitures

Toujours détendu, en apparence du moins, Vettel s'amuse depuis ses débuts à nommer ses voitures. «C'est une façon de reconnaître tout le travail que les mécaniciens ont réalisé pour construire et assembler les voitures, une façon de montrer que je respecte le produit de leurs efforts», a-t-il expliqué.

Les noms de ses Red Bull ne sont pourtant pas toujours très «respectueux». Après Julie, Luscious Liz, Randy Mandy, Kate et Kate's Dirty Sister - quand il a dû changer de voiture après un accident -, la RB7 de cette saison a été baptisée Kinky Kylie, en honneur de la chanteuse pop australienne Kylie Minogue.

«L'idée est de choisir le nom d'une jolie femme et d'y associer un qualificatif qui montre qu'elle peut aussi avoir un côté rebelle, explique Vettel. Ce n'est pas méchant. Si quelqu'un au Canada s'appelle Kate ou Julie, j'espère qu'elle le prendra comme un compliment.»

«Fiancé» à une amie d'enfance, Hanna Prater, il n'entend toutefois pas s'engager pour l'instant. Professionnellement, s'il est encore sous contrat avec Red Bull jusqu'au terme de la saison 2014, il n'a jamais caché qu'il aimerait piloter une Ferrari un jour.

«C'est l'équipe la plus prestigieuse du plateau, expliquait-il récemment. Je suis bien chez Red Bull et j'y resterai tant qu'on me fournira des voitures capables de disputer le titre mondial. Mais j'aimerais aussi gagner au volant d'une Ferrari.»

Le fait que Michael Schumacher ait remporté cinq titres consécutifs chez Ferrari n'est évidemment pas étranger à cette envie. Souvent comparé à son compatriote, Vettel sait que la barre est haute s'il veut rejoindre son aîné au palmarès de la F1.

«Il n'y a pas que les records, insiste-t-il toutefois. Ma principale motivation reste le plaisir que j'éprouve au volant d'une voiture. Tous les pilotes voudraient être à ma place ou à celle de Fernando (Alonso). Je ne l'oublie jamais.»