Demain, le jeune Britannique va tenter de décrocher son premier titre mondial. À SAo Paulo, devant une foule acquise à son rival Felipe Massa, il se retrouve sous pression malgré ses sept points d'avance.

C'est le sujet autour duquel s'animent toutes les conversations du paddock d'Interlagos: Lewis Hamilton parviendra-t-il à décrocher son premier titre mondial demain?

 

Sur papier, le Britannique détient les atouts nécessaires pour réussir: une monoplace au sommet de sa forme, un circuit rapide comme il les apprécie, et un avantage confortable, de sept points, sur son seul rival en lice, Felipe Massa.

Il suffit à Lewis Hamilton de terminer cinquième pour s'assurer de la couronne mondiale, quel que soit le résultat de son adversaire. À priori, il devrait y parvenir facilement.

Et pourtant. À Sao Paulo, la plupart des observateurs s'accordent pour prédire une course à surprise, de laquelle pourrait émerger un vainqueur défiant les probabilités. Tracé dans une cuvette, étouffant sous la chaleur brésilienne, le circuit d'Interlagos est propice aux coups de théâtre en tous genres. L'an dernier, en tout cas, il avait été à l'origine de la course la plus folle de ces dernières années, couronnant la Ferrari de Kimi Raikkonen quand les deux McLaren partaient largement favorites.

Ce jour-là, le pilote finlandais a réussi à combler un retard de... sept points sur Hamilton, qui n'a terminé que septième. Le Britannique a raté son départ avant de sortir de piste puis de faire une mauvaise manipulation qui a mis sa voiture en panne.

Demain, par un terrible clin d'oeil du sort, Hamilton se retrouvera sur la grille de départ avec une situation quasiment identique, avec sept points d'avance sur un pilote Ferrari.

Même si l'intéressé s'en défend, le souvenir de l'échec de 2007 doit nécessairement hanter sa mémoire, preuve douloureuse qu'il est possible de rater une mission de père tranquille. «Je ne pense pas à l'an dernier, affirme-t-il pourtant. Pour moi, ce Grand Prix n'est qu'une course comme les autres. Bien sûr, avec le suspense au championnat, tout le monde va la suivre avec attention. Mais pour moi, ça ne change rien.»

Comme le veut le vieil adage, pour terminer cinquième, encore faut-il terminer. Car le principal problème, pour Hamilton, sera d'arriver au terme de ce Grand Prix. En Formule 1, on n'est jamais assuré de franchir la ligne d'arrivée, même au volant d'une McLaren. Et surtout lorsque plusieurs menaces pèsent sur la course du Britannique.

À commencer par la pluie, qui pourrait se poser comme son principal adversaire. Hier, le temps était calamiteux sur Sao Paulo, frais, humide et pluvieux. Une météo qui devrait se poursuivre jusqu'à demain, les averses alternant avec un désagréable crachin. Dans de telles conditions, le résultat des course est totalement imprévisible, surtout sur le toboggan d'Interlagos.

Mais la pluie ne constitue pas le seul danger pour Hamilton: chez McLaren, on affiche aussi des signes d'inquiétude sur un plan technique. Au Grand Prix du Japon, il y a trois semaines, le moteur de Heikki Kovalainen, le coéquipier du Britannique, a explosé sans crier gare, et, pire encore, sans que l'écurie n'ait réussi à en déterminer la cause, ce problème ne s'étant encore jamais produit cette saison. Du coup, l'écurie a décidé de jouer la prudence en réduisant le régime maximal du V8 de Hamilton, dans l'espoir incertain que cette mesurette lui permette d'atteindre l'arrivée, mais sans aucune garantie.

Ce problème tombe au pire moment pour l'écurie McLaren. Un moteur de Formule 1 compte plus de 5000 pièces, toutes soumises à un effort extrême le temps d'un Grand Prix, surtout sur ce circuit d'Interlagos, le plus bosselé de la saison.

L'ensemble de ces dangers potentiels loge une véritable épée de Damoclès sur la tête de Hamilton. «On sent qu'il va se passer quelque chose dimanche, a confirmé Pascal Vasselon, directeur technique de l'écurie Toyota. Il serait très surprenant que la course se déroule sans le moindre bouleversement...»

Demain, Hamilton prendra le départ sous une pression formidable. Felipe Massa, à l'inverse, se retrouve face à une situation d'autant plus simple qu'elle paraît désespérée: s'il entend remporter le titre mondial, le Brésilien n'a d'autre choix que de gagner le Grand Prix du Brésil, ou, au pire, terminer deuxième - tout en espérant que Hamilton termine très loin. Pour le pilote Ferrari, la seule stratégie consistera donc à foncer tête baissée, le plus vite possible, devant une foule immense qui n'aura d'yeux que pour lui. Le reste, c'est-à-dire la position de Hamilton à l'arrivée, ne dépendra pas de lui. Hier, au terme des premiers essais, le Brésilien s'est ainsi classé tout en haut du tableau, alors que Hamilton se perdait au milieu du classement. Un signe?

Pour les deux rivaux, les cartes sont distribuées. Il ne leur restera plus, demain, qu'à les abattre de leur mieux pour devenir le 59e champion du monde de l'histoire de la Formule 1.