À l'exact opposé du politiquement correct, la Formule 1, polluante, bruyante et dangereuse, pourrait bien devenir la cible de politiciens en mal de popularité. Qui oublieront que l'ensemble des monoplaces consomment moins en une saison complète de Formule 1 qu'un seul Airbus reliant Montréal à Paris.

À l'exact opposé du politiquement correct, la Formule 1, polluante, bruyante et dangereuse, pourrait bien devenir la cible de politiciens en mal de popularité. Qui oublieront que l'ensemble des monoplaces consomment moins en une saison complète de Formule 1 qu'un seul Airbus reliant Montréal à Paris.

Mais la F1 ne sert à rien, on souhaite donc la supprimer. C'est du moins la rumeur qui court dans les couloirs du parlement européen, à Bruxelles. Pour anticiper la menace, Max Mosley, le président de la FIA, a décidé de rendre les F1 écologiques, en imposant dès 2011 l'utilisation de moteurs hybrides, ou récupérant l'énergie des freinages- un seul gros freinage pourrait réinjecter 50 chevaux pour l'accélération suivante! C'est encore de la théorie. Pour y parvenir, il y a du travail...

En attendant, l'écurie Honda a décidé de cultiver sa fibre verte: sa voiture, cette année, est décorée d'une gigantesque planisphère. Finis les logos de sponsors. Le site myearthdream.com permet d'ailleurs de participer à l'effort en inscrivant son nom sur la monoplace. «C'est une super idée, tente de plaider Jenson Button, l'un des deux pilotes de Honda. Je ne savais rien de cette histoire de réchauffement il y a encore six mois. La F1 s'adresse à des milliards de gens, et grâce à nous, ils sauront enfin ce qui se passe.»

Heureusement qu'il reste d'autres pilotes pour se prendre un peu moins au sérieux. «Pour ma part, pour lutter contre le réchauffement climatique, je mange moins de haricots cuits», lance Mark Webber.

De nos jours, les écuries emploient des départements marketing d'une taille impressionnante. Chez Toyota, à l'usine de Cologne, 15 personnes y sont affectées, avec pour seul but de prendre soin des sponsors de l'équipe. Chez McLaren, c'est encore plus poussé, puisque le «Marketing Service» fait l'objet d'une société indépendante de l'écurie.

Tous cherchent de nouveaux sponsors et passent leur temps à ratisser les multimationales pour les convaincre d'investir en F1. Lorsque AT&T a signé avec Williams, l'an dernier, il y avait trois autres écuries sur le coup.

C'est dire la surprise de beaucoup cet hiver en apprenant l'arrivée de la banque hollandaise ING sur les Renault championnes de monde. C'est Bernie Ecclestone, le détenteur des droits commerciaux de la F1, qui avait été contacté par la banque, et qui l'a dirigée vers l'écurie de son petit copain, Flavio Briatore. Comme le vaste budget d'ING n'était pas encore épuisé, Bernie Ecclestone en a fait profiter les organisateurs du Grand Prix d'Australie, devenu le «ING Australian Grand Prix», et qui, du coup, peut se contenter de subventions moindres de la part de la ville de Melbourne.

Le système «Kangaroo TV», dont des prototypes étaient testés l'an dernier, passe désormais en phase commerciale: sur tous les Grands Prix de la saison 2007, les spectateurs pourront louer de petits écrans tenant dans la main et permettant, depuis n'importe où dans le périmètre du circuit, de voir les images TV ainsi que les classements des essais et de la course.

Il n'y avait pas plus indiqué que le Grand Prix d'Australie pour lancer le système kangourou. Du coup, la société québécoise y a délégué son président directeur général, Marc Arseneau. À Melbourne, la compagnie a prêté quelques-uns de ses écrans aux journalistes. Celui de La Presse a fourni un classement fantaisiste tout au long de la première séance d'essais: selon lui, Sebastien Vettel était en tête devant... Adrian Sutil! Hum. Pas sûr que cela vaille les 100 $ demandés pour le week-end...

Au vote à main levée, le Grand Prix d'Australie de Melbourne remporterait sans doute le prix de l'épreuve préférée des membres du paddock, sans doute à égalité avec le Grand Prix du Canada à Montréal. Point commun aux deux épreuves les plus appréciées de la F1: la présence d'une grande ville dynamique à côté du circuit. Ce qui implique un choix d'excellents hôtels, restaurants, bars et discothèques. Rien à voir avec le désert campagnard de Magny-Cours, l'épreuve cordialement détestée de tous. Le soir, c'est sur Fitzroy Street que l'on retrouve le plus de mécaniciens, ingénieurs ou journalistes de la F1. La rue a de quoi charmer son monde: sur son large trottoir en pente douce qui se dirige vers l'océan, les restaurants se comptent par dizaines. Tout comme les demoiselles en décolleté qui profitent de la chaleur de cette fin d'été austral. Hier, vers deux heures du matin, on pouvait y croiser Christian Klien, ex-Red Bull et désormais pilote Honda. Il ne savait visiblement plus où donner du regard...