Sebastian Vettel, déjà vainqueur de huit Grands Prix en 2013, est arrivé à Suzuka avec 77 points d'avance sur Fernando Alonso (Ferrari), et l'Allemand peut rêver d'un nouveau titre mondial dès dimanche, à condition de remporter le GP du Japon.

S'il gagne encore, et si Alonso ne termine pas dans le top 8, Vettel sera champion du monde pour la 4e fois d'affilée, ce qui le rapprocherait encore de son modèle, le «Baron Rouge», alias Michael Schumacher, l'homme aux 7 couronnes. Il égaliserait avec un autre seigneur, le «Professeur» Alain Prost, lui aussi titré quatre fois (1985, 1986, 1989, 1993), avec une dernière couronne à 38 ans.

D'ici fin novembre au Brésil, on aura le temps de comparer les mérites respectifs de Vettel et Prost, à 20 ans d'écart. Ce qui est sûr, c'est que l'Allemand est pressé, qu'il n'a que 26 ans, et qu'il ne fait pas dans le détail, à la manière d'un Schumacher époque Ferrari (cinq titres d'affilée de 2000 à 2004).

Avant le Grand Prix de Corée dimanche dernier, Alonso évoquait la récente America's Cup à la voile, remportée 9-8 par les Américains d'Oracle pourtant menée 8-1 par le catamaran des Kiwis. Une manière élégante pour l'Espagnol de laisser un soupçon d'espoir aux optimistes incurables.

Depuis, le rouleau compresseur Vettel a passé une nouvelle couche sur la piste de Yeongam, où la Scuderia est passée à côté (Alonso 6e, Felipe Massa 10e).

Consignes chez Lotus ?

«En termes de performance, il ne faut pas s'attendre à des miracles d'ici la fin de saison, a reconnu Alonso dimanche. Alors la 2e place du championnat constructeurs est un objectif plus réaliste». Une 2e place qui ne tient plus qu'à un fil, car Mercedes-AMG s'est rapprochée à un point (283 à 284) avant Suzuka, une piste mythique où les Flèches d'Argent ont tout ce qu'il faut pour briller.

En F1, depuis quatre saisons, le vent souffle toujours en faveur de Vettel et son écurie dispose a priori du plus gros budget, comme Oracle en voile. Ce qui rend la glorieuse incertitude du sport moins incertaine, surtout depuis 2010, le directeur technique Adrian Newey dessinant chaque saison une monoplace quasi imbattable.

Il reste quand même cinq manches à disputer en 2013 et toutes les écuries ont au moins deux bonnes raisons de vouloir briller: obtenir un classement synonyme de grosses rentrées financières de la part de Formula One Management (FOM); montrer à des partenaires potentiels que la saison 2014, avec totale redistribution des cartes (nouveaux règlements moteurs et voitures), peut être meilleure.

En Corée, Lotus a encore mis ses deux pilotes sur le podium, aux côtés de Vettel, dans le même ordre qu'à Bahreïn et en Allemagne, Kimi Räikkönen devançant Romain Grosjean. Le podium constructeurs semble hors d'atteinte mais celui de Räikkönen au championnat pilotes est un objectif raisonnable, convoité aussi par Lewis Hamilton (Mercedes). Chez Lotus, des consignes de course seront peut-être utiles, surtout si Grosjean est encore aux avant-postes.

Sauber va mieux

À Yeongam, Sauber a confirmé son regain de forme par une 4e place de Nico Hülkenberg, le meilleur résultat de l'écurie suisse cette année. De quoi arriver à Suzuka gonflé à bloc, un an après le podium historique de Kamui Kobayashi (3e) au terme d'une course superbe du pilote japonais.

Un an plus tard, Kobayashi n'est plus chez Sauber mais des milliers d'amateurs nippons de F1 garniront encore les tribunes d'un circuit très apprécié des pilotes. «C'est certainement le plus beau circuit du monde», estime Vettel qui s'était imposé à Suzuka l'an dernier en se baladant du premier au 53e et dernier tour.

Quand Vettel gagne, c'est également Renault, son motoriste qui brille. En signant le meilleur temps des qualifications, samedi en Corée, Vettel a ainsi permis à Renault d'égaliser avec Ferrari au nombre de poles positions: 208 pour la Scuderia de Maranello, depuis 1951, autant pour les ingénieurs de Vélizy, mais depuis 1979 seulement. Rayon victoires cependant, Ferrari mène encore 222 à 160.