Parmi les têtes blanches réunies hier sur les terres de Ferrari, parmi ces anciens mécaniciens qui ont plongé les mains tant de fois dans le moteur de voitures championnes, se trouvait Paolo Scaramelli.

L'homme n'aurait manqué l'événement pour rien au monde. C'est que Scaramelli a été le chef mécanicien de Gilles Villeneuve dès son premier jour chez Ferrari. Jusqu'à son dernier.

Un peu pressé par le temps, le journaliste lui demande de raconter son meilleur souvenir de Gilles. Scaramelli sourit et se lance. «Je ne peux pas répondre à cette question rapidement, prévient-il en italien, parce que sur les cinq ans avec Gilles, il y a eu tellement de beaux moments. Ç'a été cinq belles années. On oubliait tout le reste, tout ce qui se passait à la maison. La maison, c'était la course. On était toujours ensemble.»

Il se souvient de Joann, de Jacques et de sa soeur Mélanie, qui traînaient aux courses. «On formait une grande famille», explique l'ancien mécanicien, qui a pris sa retraite en 1999 après 35 ans de loyaux services chez Ferrari. Pendant sa longue carrière à la Scuderia, où il a notamment été responsable de la voiture du double champion du monde Niki Lauda, jamais un pilote ne l'a autant marqué.

Sans pareil pour comprendre sa voiture

Gilles Villeneuve était selon lui sans pareil pour comprendre sa voiture. Mieux que la plupart des pilotes de F1. «Mais il y avait des fois où la voiture atteignait ses limites et Gilles n'aimait pas ça. Il la poussait alors encore plus. À ces moments, c'était un peu dangereux», explique-t-il. Une affirmation qui donne un peu froid dans le dos lorsqu'on connaît les circonstances de la mort du pilote, en 1982, lors des essais au Grand Prix de Belgique.

Mais cette propension à toujours pousser plus loin faisait aussi sa force. Il ne reculait jamais. Selon Paolo Scaramelli, c'est cet aspect qui a séduit le fondateur de Ferrari, Enzo, celui-là même qui a offert un volant au Québécois dans la célébrissime écurie italienne même s'il avait peu d'expérience.

«Quand Gilles revenait à Maranello (village où se trouve encore aujourd'hui la piste de Fiorano et l'usine Ferrari), même s'il avait terminé 4e, 5e ou 8e, Enzo Ferrari savait qu'il avait tout donné. C'est pour ça qu'il était toujours satisfait de Gilles. Il ne s'est jamais rendu. C'était un battant.»