La Formule 1 dispute dimanche à Yas Marina (Abou Dhabi) son 18e et avant-dernier Grand Prix d'une saison où tout a déjà été attribué, ce qui ne devrait pas nuire à la qualité du spectacle produit sur le superbe circuit émirati au coucher du soleil.

Sebastian Vettel a depuis longtemps remporté le titre pilotes. Son sacre, obtenu au Japon il y a trois courses déjà, a depuis lors été assorti de deux nouvelles victoires. De quoi assommer une concurrence déjà K.-O. D'autant que l'Allemand y met les formes.

Lors du dernier GP, couru en Inde, le pilote Red Bull, tirant partie d'une machine largement supérieure à celle de ses adversaires, a signé pole position, victoire après avoir mené tout du long et meilleur tour en course, qu'il a consciencieusement amélioré boucle après boucle en fin d'épreuve.

Un «petit spectacle» risqué, peu apprécié par son écurie, dixit Christian Horner, son patron. «Il sait que nous n'aimons pas cela. On a fait de notre mieux pour le freiner mais il aurait fallu mettre une vache sur le circuit pour le stopper», a-t-il commenté, ajoutant que Vettel s'était ensuite «excusé» pour cet égarement passager.

Inquiet quant au niveau de motivation de l'Allemand après un sacre prématuré, le paddock est désormais rassuré. «Il a l'instinct du tueur, même s'il ressemble à un doux agneau, c'est un perfectionniste, extrêmement ambitieux. Il a le dépassement dans le sang», a observé Horner. La pépite de Red Bull ne déçoit pas.

Tout juste ennuie-t-elle légèrement par son côté prévisible. Désormais débarrassé de toute pression, le blond "Seb", simple et accessible, s'attaque à tous les records. Samedi, s'il réalise le meilleur temps qualificatif, il égalisera celui du Britannique Nigel Mansell (14 poles en une saison), datant de 1992.

«Rendez-vous normal»

On voit d'ailleurs mal qui pourrait l'en empêcher. Derrière Red Bull, sacré champion dans la catégorie constructeurs en Corée du Sud, McLaren et Ferrari n'ont pas le niveau.

«Ce circuit devrait convenir à notre voiture. Je suis très optimiste, remarque toutefois Jenson Button (McLaren), deuxième du général. Nous avons vu lors du dernier GP que nous n'avions pas la vitesse pour rattraper et dépasser Sebastian. Mais nous lui avons bien compliqué la vie dans l'optique de la victoire».

«Le championnat est peut-être hors d'atteinte, mais nous voulons encore remporter des courses et faire le show», a poursuivi le Britannique.

Son compatriote et coéquipier voit encore plus loin: «J'ai pour l'instant remporté deux courses cette année. D'ici la fin de la saison, j'adorerais en gagner le double», a affirmé Lewis Hamilton.

Ferrari, complètement hors du coup en 2011, ne peut pas rêver si haut. Même si la Scuderia se damnerait vraisemblablement pour une victoire à Abou Dhabi, où l'Espagnol Fernando Alonso, arrivé en leader du général à l'orée de la dernière course l'an passé, avait dû abandonner le titre à Vettel.

«On essayera de faire de notre mieux ce week-end, sans penser à 2010. Ce GP est de toute façon déjà archivé dans la mémoire de cette équipe», a pourtant expliqué Pat Fry, responsable châssis de Ferrari, qui a indiqué «personnellement» aborder la course «comme un rendez-vous normal».

Dimanche, ses pilotes, à défaut de «regarder vers le futur» comme il le souhaite, devraient toutefois passer leur temps à observer, au mieux, l'aileron arrière des Red Bull. Certes dans la beauté d'un crépuscule émirati. Mais loin, tellement loin des objectifs illuminés du début de saison...