Après sa première victoire à Silverstone, Fernando Alonso (Ferrari) entame au Grand Prix d'Allemagne, dimanche au Nürburgring, une course de fond pour rattraper l'énorme retard qu'il compte sur le meneur, Sebastian Vettel (Red Bull).

La mission semble ardue. L'Espagnol, 92 points de retard sur le champion en titre, devrait enchaîner quatre victoires, assorties de quatre scores vierges de l'Allemand, pour le dépasser au classement. Presque une vue de l'esprit tant Vettel se montre constant au plus haut niveau cette saison.

Avec six victoires et trois deuxièmes places en neuf Grand Prix, le pilote Red Bull réalise un début d'année 2011 presque parfait. Alonso, au volant d'une Ferrari à la peine lors des premières courses, souffre de la comparaison (une fois premier, deux fois deuxième).

Plus que jamais, l'Espagnol reste en position d'outsider. Le voir coiffer cette saison une troisième couronne mondiale, après celles de 2005 et 2006, semble peu vraisemblable. Lui-même le reconnaît, au nom du «réalisme»: «92 points de retard, c'est beaucoup».

Pour s'en sortir, Alonso veut donc «prendre les courses une par une» et «essayer d'en gagner le plus possible», voire «prendre quelques risques en plus», quitte à «peut-être» en «payer le prix fort».

«Nous ne devons pas penser au Championnat», affirme-t-il toutefois.

Le président de Ferrari, Luca di Montezemolo, est au diapason. «Gardons les pieds sur terre, comme nous sommes habitués à le faire, nous qui savons ce que vaincre veut dire», glisse-t-il à ses troupes, avant de les appeler à faire «un autre pas en avant», «parce que nous voulons encore gagner cette année».

Et pourquoi ne pas récidiver dès l'Allemagne? L'an passé, Alonso y avait relancé sa saison en s'imposant, alors qu'il était arrivé avec 47 longueurs de retard sur le Britannique Lewis Hamilton (McLaren), alors leader du classement.

Consignes

Et n'avait-il pas ensuite gagné à trois reprises, pour se présenter au dernier Grand Prix de l'année, à Abou Dhabi, en tête du général? Vettel s'y était certes imposé, pour ravir, au bout du suspense, le titre à l'Espagnol. Mais Ferrari veut croire à un possible retour de son champion.

Quitte aussi à piper les dés, comme au Grand Prix d'Allemagne de 2010, quand des ordres d'équipes avaient été soufflés à l'autre pilote de la Scuderia, le Brésilien Felipe Massa, pour qu'il laisse passer son coéquipier. Les oreilles d'Alonso avaient longtemps sifflé pour avoir accepté de bénéficier d'un tel stratagème.

Mais depuis lors, ce genre de consigne a été autorisé. Le directeur de Red Bull, Christian Horner, très critique sur Ferrari la saison dernière, a lui-même demandé à Mark Webber de ralentir à Silverstone pour ne pas gêner Sebastian Vettel.

L'Australien n'a heureusement pas obéi, afin de sauver ses chances au général, et in fine l'intérêt même du Championnat. Même si Webber, dauphin de Vettel, navigue 80 points derrière son coéquipier. Un gouffre.

«Le fait que Red Bull donne des consignes d'équipe afin de protéger son pilote numéro 1 nous invite à penser que le come-back (de ses adversaires) n'est maintenant plus un miracle mais une possible réalité, difficile mais possible», observe Pedro de la Rosa, troisième pilote de McLaren.

Vettel et son écurie ne seraient plus aussi dominateurs, estime l'Espagnol.

Au marathonien Alonso, ainsi qu'aux pilotes McLaren, Hamilton et son compatriote Jenson Button, en méforme lors du dernier Grand Prix de Grande-Bretagne, d'en profiter. Dès le Nürburgring, où la pluie, probable, pourrait leur faciliter la tâche.