McLaren n'a jamais eu peur d'associer des pilotes de talent au sein de son équipe. Personne n'a oublié les terribles duels qui ont opposé Ayrton Senna et Alain Prost à la fin des années 1980, mais on pourrait aussi rappeler que Prost a côtoyé Niki Lauda chez McLaren ou que Bruce McLaren lui-même s'est frotté à son compatriote Denny Hulme, dans les années 1960.

Depuis deux ans, c'est au tour de Jenson Button et Lewis Hamilton de cohabiter chez McLaren. Deux champions du monde encore au sommet de leur forme à respectivement 31 et 26 ans et qui n'ambitionnent que de remporter un autre titre. Jusqu'ici, les deux jeunes Anglais s'entendent à merveille et ils font régulièrement la démonstration qu'on peut rivaliser à armes égales sans nécessairement terminer sa course dans les rails de sécurité... «Je crois que nous nous respectons sincèrement, a expliqué Button en entrevue à Monaco. Nous avons tous deux été champions et nous savons à quel point c'est important de tous travailler dans la même direction au sein d'une équipe pour arriver à ce résultat.

«Ce qu'on voit en piste est d'ailleurs le reflet de notre collaboration à l'extérieur des circuits, dans les paddocks, à l'usine, ou même dans les activités promotionnelles.»

Hamilton partage l'enthousiasme de son coéquipier. «Jenson est autant un ami qu'un collègue de travail, affirme-t-il. Nous nous voyons régulièrement à l'extérieur des Grands Prix et nous avons beaucoup de plaisir à travailler ensemble. C'est sûrement le coéquipier avec lequel je me suis le mieux entendu.»

Arrivé le premier chez McLaren, en 2007, Hamilton a d'abord connu une cohabitation difficile avec Fernando Alonso, alors double champion du monde en titre. L'Espagnol, qui entendait bien réussir la passe de trois, s'est vite rendu compte que McLaren ne lui accordait aucun traitement de faveur.

Les deux pilotes se sont ainsi retrouvés en lice pour le titre mondial lors de la dernière course au Brésil. Incapables de vraiment collaborer - ils ne se parlaient plus depuis la mi-saison -, ils ont laissé filer leur chance au profit du Finlandais Kimi Raikkonen. Alonso est reparti chez Renault, puis, un an plus tard, Button est arrivé après avoir enlevé le titre mondial avec l'équipe Brawn. «Fernando était très compétitif, moi aussi, a rappelé Hamilton. Il me voyait davantage comme un rival que comme un coéquipier. Ce n'est pas du tout le cas avec Jenson.»

Deux styles

Hamilton et Button sont encore cette saison les principaux rivaux de l'équipe Red Bull, avec Alonso chez Ferrari. Grâce à cinq victoires et une deuxième place en six courses, l'Allemand Sebastian Vettel s'est échappé au classement du championnat, mais les pilotes de McLaren ne croient pas que le titre soit déjà joué.

Le Grand Prix du Canada, une épreuve où Hamilton et Button ont signé un doublé l'an dernier, pourrait être un tournant de la saison. «Notre voiture a progressé régulièrement depuis le début de la saison et sera encore très compétitive à Montréal», a estimé Hamilton.

«Nous avons un excellent moteur, le meilleur SREC (système de récupération d'énergie cinétique) du plateau et une excellente traction à la sortie des virages plus lents. Nous avons donc tous les atouts pour connaître un excellent week-end et je prévois encore un excellent résultat d'équipe.»

Button, qui n'a jamais connu la victoire en Amérique du Nord, croit lui aussi que sa McLaren sera devant ce week-end. «Nous avons connu une excellente course l'an dernier et j'avais même pu réussir quelques beaux dépassements, sur Alonso notamment», a rappelé le pilote anglais.

«Je crois que nous sommes sur le point de renverser la tendance. C'était déjà presque le cas ici (à Monaco) et notre équipe aura encore des nouveautés pour Montréal. Je crois en mes chances sur ce circuit.»

Alors qu'Hamilton est toujours à l'attaque, capable d'exploits spectaculaires et de bévues déplorables (on l'a vu à Monaco), Button est réputé pour sa sagesse en course et pour son habileté à préserver ses pneus.

Deux styles différents, deux façons d'être champion. Quel est votre favori?