Les équipes du Grand Prix étaient au travail dès la fin des activités en piste, hier après-midi, pour tenter de réparer l'asphalte mise à mal par les bolides de Formule 1 dans quelques virages, plus particulièrement dans l'épingle.

«Tous les circuits se préparent pour ce genre de situation en ayant à leur disposition des produits qui servent à réparer la piste, a expliqué François Dumontier, le vice-président exécutif du Grand Prix du Canada. C'est ce qu'on va faire ce soir.»

Le produit en question, le même qui a été utilisé l'an dernier pendant la course de série Busch, est un composé de polymère, de résine et de fibre de verre qui prend une vingtaine de minutes à étendre. Il permet de remplir les pores de l'asphalte.

Espérons que cette potion magique pourra faire le travail, car les commentaires des pilotes risquent d'être encore plus acerbes qu'hier (voir le texte en page 1).

Par contre, mis à part quelques réactions provenant de prophètes de malheur, la piste ne serait pas devenue dangereuse au point de mettre la vie des pilotes en danger. «Ce n'est pas dangereux parce que le problème se situe dans les virages lents, a soutenu Nico Rosberg. En fait, ce n'est pas dangereux du tout, mais ce n'est pas de la course automobile quand l'asphalte se casse et qu'on roule sur des cailloux. Dans le pire des scénarios, on termine dans le mur, mais on ne risque pas de blessures.»

«Il s'agit d'une situation dangereuse, mais pas au point de mettre la santé des pilotes en jeu, a quant à lui déclaré le pourtant très irrité Felipe Massa. C'est juste que l'on a peu d'adhérence en virage, mais on parle de virages lents.»

Mauvais mélange

La direction du Grand Prix nous assure donc que la situation sera rentrée dans l'ordre pour le passage des premières voitures, ce matin. Charlie Whiting, le délégué à la sécurité de la FIA, a fait le tour du circuit et aurait donné sa bénédiction si l'on calfeutrait la piste avec le même produit que l'an dernier.

N'empêche qu'il faudra travailler à trouver une solution à long terme à ce problème devenu malheureusement gênant et récurrent.

«C'est dommage car on a travaillé fort pendant la saison pour trouver un bon mélange, a dit François Dumontier. On ne s'attendait donc pas à ce genre de dégradation. Nos premiers problèmes d'asphalte semblent être survenus avec l'arrivée des pneus rainurés. Est-ce un facteur? On l'ignore pour l'instant. Le tracé du virage de l'épingle serait peut-être aussi à repenser. Mais il est trop tôt pour conclure quoique ce soit.»

Chez Bridgestone, on rejette toute responsabilité, affirmant qu'il s'agit d'un problème de piste.

On est donc de retour à la case départ. «On va devoir encore une fois repenser le mélange du bitume, regarder ce qui se fait dans d'autres circuits, s'est résigné Dumontier. Mais, vous savez, Montréal est un des seuls circuits au monde qui est soumis à d'importantes variations de température. L'asphalte travaille énormément.»

Sans doute, mais ça ne risque malheureusement pas d'émouvoir les pilotes, qui vont réclamer une solution, coûte que coûte.

Rosberg, sucré-salé

Nico Rosberg n'était pas très heureux d'avoir été tiré du lit à l'aurore, hier, pour aller prendre le petit déjeuner avec une poignée de journalistes francophones. «Je me suis réveillé à 6h40, c'est inacceptable», a dit le jeune pilote Williams avec un sourire en coin qui l'a forcé à répéter à quelques reprises qu'il était réellement contrarié. Après sa cinquième place en qualifications, il avait un peu changé d'air. «J'étais tellement frustré que ça m'a rendu agressif en piste!» a-t-il enchaîné, avant de conclure avec un autre grand sourire.

En fait, Rosberg était manifestement de bon poil, même de bon matin, si bien qu'au bout d'une demi-heure, c'est la responsable des communications de Williams qui est venue couper court au petit déjeuner.

Côté givrage sucré, Rosberg nous a appris qu'il voyait d'un bon oeil l'essai prochain d'une monoplace Honda par Danica Patrick. «La F1 aurait besoin d'une fille, justement!» a-t-il dit. Il a toutefois affirmé pour sa part craindre les ovales, «ça a l'air trop dangereux».

Il a par ailleurs regretté être trop occupé par la F1 pour ne pas être en mesure de se trouver une «vie normale» en dehors du circuit. Par contre, le fils de l'ancien champion Keke Rosberg a avoué avoir un faible pour le poker. Assez pour en faire un passe-temps sérieux? «Je joue seulement avec des copains, pour quelques poignées d'euros, a-t-il dit. Mais je ressens tout de même de sérieuses poussées d'adrénaline. Quand je joue en ligne, je tremble devant l'écran de mon ordinateur quand je tente des bluffs!» a dit en rigolant le jeune polyglotte.

Rosberg s'est dit également grand amateur de soccer, mais aussi de hockey. «Quand je vois la rondelle, je perds un peu le contrôle, il n'y a plus rien qui existe. Je me donne à 110%. C'en est dangereux!»

Côté blé entier, Rosberg a confirmé que les pilotes n'avaient rien à dire à propos des projets du grand manitou de la F1, Bernie Ecclestone. «Bernie, qu'est-ce qu'il s'en fout de ce que je pense, au fond, a reconnu Rosberg. On a moins que rien à dire dans ses décisions.» Pas de là à s'inquiéter pour l'avenir de Grands Prix comme celui de Montréal, mais le jeune Allemand ne semblait pas déborder d'optimisme non plus.

En espérant que les problèmes d'asphalte ne viennent pas compliquer la donne encore un peu plus...