Bernie Ecclestone aurait-il décidé de contre-attaquer devant la réélection de Max Mosley à la tête de la FIA?

Le représentant des détenteurs des droits commerciaux de la F1 a convoqué les patrons d'écurie à une réunion d'urgence vendredi, réunion qui s'est étirée sur plus de deux heures. Une autre réunion a eu lieu hier matin au circuit. Officiellement, il était question du renouvellement de l'entente qui fixe les balises du championnat de F1, les Accords Concorde, arrivée à échéance à la fin de la saison dernière. Il apparaît toutefois que les discussions ont tourné autour d'un sujet plus explosif: la création d'un championnat parallèle, totalement indépendant de la Fédération internationale de l'automobile.

La presse britannique faisait état hier matin de cette scission fomentée par les dirigeants de la F1, Ecclestone en tête. Max Mosley, dont les activités sexuelles sadomasochistes ont fait la une des journaux du monde, a entaché sa crédibilité et par ricochet, celle de la F1. Conscient des inquiétudes des constructeurs, commanditaires et patrons d'écuries, Ecclestone a demandé à maintes reprises à son vieil ami de se retirer. Mais le président a décidé de s'accrocher à son poste.

Pire, Mosley a annoncé qu'il souhaitait que la FIÀ joue un rôle plus important en F1 et qu'il n'entérinerait les Accords Concorde que si ces derniers octroient plus de pouvoir à la Fédération.

La F1 se retrouve donc face à un dilemme: poursuivre sous la tutelle de Mosley jusqu'à son départ prévu pour octobre 2009 (s'il part, ce dont plusieurs doutent) ou se dissocier de l'homme et de l'organisation qui a accepté, contre toute logique marchande, de le laisser en poste. Il semble, toujours selon les médias britanniques, que la deuxième option soit la plus probable.

Un patron d'écurie a déclaré au journal britannique Telegraph: «Les constructeurs fournissent les voitures, les pilotes et les commanditaires. Bernie détient les contrats avec les circuits et les télédiffuseurs. Max n'est que l'arbitre. La FIÀ tient le sifflet.»

Selon le Times, certaines écuries ont d'abord montré des réticences à joindre le groupe de déserteurs depuis que le scandale a éclaté. Sir Frank Williams n'était pas chaud à l'idée et Ferrari préférait se tenir loin pour ne pas risquer d'affaiblir ses liens étroits avec Mosley. Le quotidien britannique rapporte toutefois que les écuries seraient sur le point de s'entendre.

«C'est ridicule!»

Interrogé hier sur ce projet, Ecclestone a tourné la question en dérision. «C'est ridicule! Nous négocions pour signer les Accords Concorde, mais les écuries ne s'entendent pas. Chacun veut avoir des avantages pour lui, et nous tentons de trouver un terrain d'entente qui convienne à tout le monde. L'une des solutions serait de mettre quelqu'un d'autre à la place de Max, quelqu'un qui ferait interface entre la FIÀ et les politiciens ou les écuries. Cela dit, je ne suis pour rien dans ces rumeurs de championnat parallèle.» Il a tout de même ajouté: «Nous avons créé la F1 comme on la connaît maintenant et pas la FIA, dont j'ai aussi aidé la création.»

Autre signe troublant, Ecclestone a cru bon de venir jusque dans la salle de presse pour commenter ces informations. L'homme le plus influent de la F1 ne franchit jamais les portes des centres médias. Il reste dans ses quartiers et laisse les scribes venir à lui. Pourquoi ce soudain bain de foule? Ce geste surprenant n'a fait que renforcer la théorie du championnat parallèle auprès des journalistes.

De fait, rien n'empêche les dirigeants de la F1 de lancer un autre championnat puisque les Accords Concorde entre les écuries, les détenteurs de droits commerciaux et la FIÀ sont expirés. Il suffirait de changer le nom de «Formule 1» et hop, le tour est joué. Nouvelle structure, nouveaux règlements, nouvelles instances décisionnelles. La FIÀ dirige la F1 depuis 58 ans et la menace d'une scission a plané à quelques reprises (il suffit de se souvenir du GPWR, le championnat que les constructeurs automobiles ont songé à lancer en 2005). Mais toutes les tentatives ont échoué.

Sauf que cette fois pourrait être la bonne. Si, comme on le croit, Bernie Ecclestone dirige la mutinerie, Max Mosley peut s'inquiéter. La F1 partie, il se retrouverait à la tête d'une Fédération chargée de veiller sur la sécurité routière.

Pas mal moins glamour...