Sébastien Bourdais a remporté presque tous les championnats auxquels il a participé; pourtant, la Formule 1 a longtemps ignoré le talentueux pilote français qui aura dû attendre l'aube de la trentaine pour enfin accéder à la discipline reine du sport automobile.

À tout juste 29 ans (depuis le 28 février), le pilote Français, natif du Mans, se réjouit de ce pas en avant dans sa carrière: «C'est l'aboutissement de beaucoup d'années d'efforts. J'ai commencé à y penser en 2000 quand j'ai débuté en Formule 3000. J'ai toujours eu la Formule 1 en tête mais ça m'a pris du temps pour y arriver. On peut aussi y voir une certaine logique: mes résultats m'ont un peu propulsé en F1».

Depuis tout jeune, Bourdais baigne dans le sport automobile. Initié par son père Patrick, lui-même pilote de bon niveau qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures du Mans, Sébastien a tout naturellement commencé par le karting.

Il obtient ses premiers résultats au début des années 1990 avant de rejoindre la Filière, près de chez lui au Mans, où il gravit les échelons. Après une saison en Formule Campus en 1995 (9e), il passe dès l'année suivante en Formule Renault (7e puis 2e en 1997) avant d'accéder à la Formule 3.

Après une année d'apprentissage (6e en 1998), Sébastien Bourdais devient champion de France en 1999, année où il prend part pour la première fois aux 24 Heures du Mans.

«Cinq années fantastiques»

Le Français poursuit son ascension avec la Formule 3000, où il sera sacré à sa troisième saison, en 2002. Il effectue cette année-là ses premiers essais en Formule 1, avec Renault, qui lui préfère finalement Franck Montagny pour le poste de pilote essayeur.

«Je ne me suis pas offusqué, je connaissais les règles, rappelle-t-il avec son calme habituel. Je me suis donc orienté vers le Champcar parce que je voulais rester en monoplace.»

Le salut passe en effet par l'exil pour Bourdais, qui décroche de l'autre côté de l'Atlantique un volant avec l'écurie Newman/Haas. Une nouvelle vie commence alors et rapidement le Français prend ses marques dans cette série américaine assez musclée.

Quatrième et meilleur débutant pour sa première année, il devient ensuite le premier pilote à remporter quatre titres d'affilée. Gage certain de talent dans une série où tous les pilotes disposent du même matériel, cette impressionnante série de succès lui ouvre enfin les portes de la F1.

«J'ai vécu cinq années fantastiques où j'ai pu montrer ce que je savais faire. J'avais une super équipe et j'ai gardé beaucoup d'amis aux Etats-Unis, mais pour moi c'était le bon moment pour passer à autre chose», continue Bourdais.

«Nouvelle aventure»

Le Manceau entre toutefois en Formule 1 par la petite porte, avec la modeste écurie Toro Rosso.

«Je ne suis pas naïf, je sais très bien que ce sera une année difficile, prévient-il. On aimerait bien sûr marquer des points aussi souvent que possible mais on doit être réaliste, ça n'arrivera pas tous les week-ends.»

Son rapide coéquipier, le jeune Allemand Sebastian Vettel, 20 ans, se félicite en tout cas d'avoir hérité du Français comme coéquipier: «Je m'entends bien avec lui même s'il est un peu plus âgé que moi et qu'on a encore besoin de temps pour apprendre à se connaître. En tout cas jusque-là il s'en tire très bien en piste», estime Vettel.

«Il va devoir s'habituer au rythme d'un week-end de course et les premiers Grand Prix ne seront certainement pas faciles pour lui, anticipe quant à lui Franz Tost, le directeur général de l'écurie. Mais je pense qu'à partir de la cinquième ou sixième course il sera un concurrent sérieux.»

Avec ses éternelles lunettes bien ajustées sous son casque, Sébastien Bourdais sera en tout cas le premier Français au départ d'un Grand Prix depuis Franck Montagny, qui avait effectué une pige de quelques mois pour l'écurie Super Aguri, achevée en juillet 2006.

«Aujourd'hui c'est le début d'une nouvelle aventure et j'espère qu'elle sera longue», conclut le Français.