«Si tout le monde fait ça, nous n'aurons plus un championnat de dix écuries à deux voitures, mais de cinq écuries à quatre voitures», s'insurge le patron de BMW Sauber, Mario Theissen.

L'utilisation par Super Aguri et Toro Rosso de «châssis clients» provenant de leurs «écuries soeurs» Honda et Red Bull inquiète une partie du plateau qui estime que le Championnat du monde 2007 de Formule 1 pourrait s'en trouver faussé.

«Si tout le monde fait ça, nous n'aurons plus un championnat de dix écuries à deux voitures, mais de cinq écuries à quatre voitures», s'insurge le patron de BMW Sauber, Mario Theissen.

Les dirigeants de Williams et de Spyker vont plus loin et affirment être prêts à saisir la justice ou, au moins, à se plaindre à la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

Car, outre des risques de tactiques de course à quatre voitures au lieu de deux, il estiment, à l'image de Frank Williams cité par The Guardian, que le championnat des constructeurs «doit sacrer l'équipe qui a fabriqué la meilleure voiture». Ce qui ne serait pas le cas si la victoire revenait à une équipe utilisant un châssis client.

«Red Bull Racing et la Scuderia Toro Rosso sont deux équipes et deux sociétés complètement différentes. Elles courront l'une contre l'autre à chaque Grand Prix et n'établiront aucune stratégie commune», se défend le patron de l'écurie Red Bull, Christian Horner, dans des déclarations à l'AFP.

Créée par Honda, Super Aguri, déjà motorisée par le constructeur nippon, compte utiliser le châssis des RA106 de l'an dernier.

Toro Rosso, elle, est née du rachat fin 2005 de la structure Minardi par le fabriquant autrichien de boisson énergétique Red Bull, déjà propriétaire d'une écurie du même nom.

Si les structures semblent distinctes sur le papier, avec leurs propres dirigeants, l'une -Red Bull- basée à Milton Keynes en Angleterre et l'autre -Toro Rosso- à Faenza en Italie, dans la pratique, les deux équipes sont bien soeurs.

Subterfuge

Même nom : Red Bull et Toro Rosso signifient «Taureau rouge» en anglais et en italien. Même «père» : le créateur de la boisson homonyme et de l'empire qui en découle, Dietrich Mateschitz. Même service de presse et même «motor-home».

Red Bull, motorisée par Ferrari, n'a d'ailleurs pas hésité à céder le propulseur italien à Toro Rosso pour monter sur ses propres châssis un V8 Renault. Et la Toro Rosso de 2007, qui n'a toujours pas été présentée, doit être construite autour du châssis modifié de la RB3 présentée le 26 janvier.

«Pour moi, il est écrit noir sur blanc dans le règlement que chaque équipe doit construire son propre châssis», dénonce Frank Williams. Mais, du même texte, Toro Rosso tire des conclusions contraires.

En fait, Toro Rosso et Red Bull jouent avec le réglement. Effectivement, la FIA accepte que deux écuries se fournissent chez une même tierce partie : «Si vous êtes Williams, vous ne pouvez pas utiliser un aileron avant McLaren, mais Williams ET McLaren peuvent utiliser un aileron avant Lola», a expliqué le président de la FIA, Max Mosley.

Or, Toro Rosso a eu recours à un subterfuge pour se conformer à cette règle : les châssis utilisés par Red Bull et Toro Rosso sont construits par Red Bull Technology... et non Red Bull Racing.

Si aucune action n'est intentée jusque-là, la FIA risque de devoir trancher lors des premiers contrôles techniques de la saison, avant le Grand Prix d'Australie programmé le 18 mars à Melbourne.

Le risque est de ne pas avoir 11 écuries au départ. Mais la question doit être rapidement tranchée car Prodrive compte acheter un châssis auprès d'une écurie existante pour former la 12e équipe du plateau 2008.