Ses commentaires au sujet de la révélation de l'année en F1, Lewis Hamilton, en sont la plus récente (et, franchement, regrettable) illustration. Villeneuve prétend que la recrue de McLaren pilote «par à-coups» lors des départs et aurait dû écoper du drapeau noir à quelques reprises depuis le début de la saison.

Ses commentaires au sujet de la révélation de l'année en F1, Lewis Hamilton, en sont la plus récente (et, franchement, regrettable) illustration. Villeneuve prétend que la recrue de McLaren pilote «par à-coups» lors des départs et aurait dû écoper du drapeau noir à quelques reprises depuis le début de la saison.

Dans le paddock du circuit Gilles-Villeneuve, hier, personne n'est venu appuyer les propos de l'ancien champion du monde. Tout le contraire, en fait.

«Je ne suis pas sûr si je devrais dire ce que je pense, a dit Alex Wurz, pilote chez Williams, d'un ton lourd de sous-entendus. Disons que Jacques risque d'avoir de plus en plus de difficultés à l'avenir à pouvoir donner ses commentaires. Je n'ai rien vu de répréhensible dans la façon de piloter (de Hamilton). Ça fait partie de la course que de défendre sa trajectoire.»

Assis aux côtés de Wurz lors de la conférence de presse de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), Giancarlo Fisichella, coéquipier de Villeneuve le temps de trois courses chez Renault à la fin de la saison 2004, a été cinglant. «Jacques parle beaucoup aux médias... et parfois il parle trop.»

Robert Kubica, qui a pris le baquet de Villeneuve au Grand Prix de Hongrie, l'été dernier, a bien résumé la situation. «On fait de la course, pas du taxi !»

Dans le monde ultrapolicé de la F1, Villeneuve a toujours eu une réputation (méritée) de libre-penseur et d'homme peu embêté par les contraintes de la rectitude politique. Plusieurs de ses contemporains se contentent de débiter des platitudes avec tout l'entrain d'un métronome en panne. Villeneuve, lui, n'a jamais hésité à dire ce qu'il pensait, sans se soucier des conséquences. Et c'est très bien ainsi.

Mais encore faut-il que ce qu'il pense ait un minimum de bon sens. Et les déclarations dont fait état cette semaine le magazine Autosport semblent davantage émaner d'un retraité aigri, voire jaloux, que d'un homme qui devrait avoir l'élégance de se comporter en elder statesman d'un sport dont il a un jour été l'une des vedettes.

«C'est niaiseux. Il n'a pas regardé les mêmes courses que moi, a dit l'analyste et ex-pilote de F3000 Bertand Godin à mon collègue Pierre-Marc Durivage. Ce que j'ai vu des départs de Hamilton, il n'y a rien là. Ça me surprend que Jacques ait dit ça. Il en a fait lui aussi, des chopping moves. Moi aussi, j'en ai fait. Tout le monde en a fait. Quand tu pars, tu ne mets pas le tapis rouge pour dire, allez-y, passez. On a une course à faire et la stratégie, c'est de passer en avant et d'empêcher ceux en arrière de passer.»

De la classe

Auteur de cinq podiums en autant de courses, un record pour une recrue, Hamilton a fait preuve de plus de classe que Villeneuve quand on lui a demandé ses impressions. «J'ai rencontré Jacques pour la première fois en 1995. Il est l'un des premiers pilotes de F1 que j'aie rencontrés. J'ai énormément de respect pour lui et il a droit à ses opinions», a-t-il dit.

Ce qui ne veut évidemment pas dire qu'il est d'accord avec son aîné. «C'est une course. C'est au pilote de décider si ce qu'il fait est dangereux. Si tu coupes les gens et que tu agis de manière dangereuse au point de les sortir de piste, je serais d'accord, mais ça n'a été le cas dans aucune des courses jusqu'ici.»

Villeneuve s'en est souvent pris à des jeunes pilotes dans le passé. Jenson Button a notamment été la cible de ses piques. J'étais dans le paddock du Nurburgring le jour de mai 2005 où il a enguirlandé Narain Karthikeyan, qui l'avait selon lui bloqué de manière éhontée pendant le Grand Prix d'Europe. Cette fois-là, il avait probablement raison.

Mais son attaque envers Hamilton, un pilote qui n'a pratiquement pas fait d'erreur jusqu'ici - à part une sortie de piste sans gravité lors des essais libres de Monaco - laisse pantois. Peut-être Villeneuve accepte-t-il mal le fait que son absence n'ait pas empêché le Grand Prix du Canada d'afficher complet ce week-end ? Quoi qu'il en soit, il aurait avantage à se concentrer sur ses préparatifs en vue des 24 Heures du Mans. Aux dernières nouvelles, Sébastien Bourdais est trois secondes plus rapide que lui. Et il n'a jamais couru en F1, lui.