Alors qu'il s'était gardé jusque-là de commenter une affaire «en cours d'instruction» devant les justices italienne et britannique, le patron de McLaren, Ron Dennis, a fait une mise au point musclée.

Alors qu'il s'était gardé jusque-là de commenter une affaire «en cours d'instruction» devant les justices italienne et britannique, le patron de McLaren, Ron Dennis, a fait une mise au point musclée.

Ferrari «accentue le mal fait à McLaren, en espérant sans nul doute en tirer profit au Championnat du monde», accuse Dennis -dont l'équipe domine les championnats pilotes et constructeurs- dans une lettre de cinq pages au président de l'Automobile club d'Italie (ACI), Luigi Macaluso.

C'est une missive de ce dernier au président de la FIA Max Mosley lui demandant de porter l'affaire devant la Cour d'appel internationale de la Fédération après le verdict clément du Conseil mondial à l'égard de McLaren, qui a fait sortir Dennis de ses gonds.

Mosley a effectivement saisi la Cour d'appel, qui devrait se réunir fin août. Depuis qu'il est président de la FIA, «sa» Cour d'appel n'a jamais déjugé «son» Conseil mondial.

Reprenant point par point les chefs d'accusation contre son équipe, Dennis expose à Macaluso la position de McLaren, soulignant que le président de l'ACI n'avait eu qu'une vision tronquée de l'affaire, celle présentée par Ferrari.

Mensonges

Or, selon Dennis, la Scuderia ment à tout le monde, comme lorsqu'elle justifie sa volonté d'aller en appel pour pouvoir présenter sa version des faits, ce qu'elle dit ne pas avoir pu faire le 26 juillet devant le Conseil mondial.

«D'abord, Ferrari a soumis un long -bien qu'induisant grossièrement en erreur- mémorandum de 118 pages (...) Ensuite, Ferrari qui était représentée par des avocats, a eu plusieurs occasions de s'exprimer durant l'audition. M. Todt, (administrateur délégué de Ferrari et patron de l'écurie de F1) a pu lui-même présenter des preuves et leurs avocats ont longuement conclu la séance», souligne Dennis.

Par ailleurs, alors qu'il s'était tu jusque-là à ce sujet, le patron de McLaren-Mercedes accuse l'équipe italienne d'avoir triché en Australie en utilisant un fond plat mobile.

«Si des critiques doivent être faites, je vous suggère de vous pencher sérieusement sur votre licencié, Ferrari, qui a semble-t-il remporté le Grand Prix d'Australie en utilisant sur ses monoplaces un élément illégal», propose ironiquement Dennis à Macaluso. Car «face à une information claire selon laquelle Ferrari voulait utiliser -sans aucun doute tout au long de la saison- un élément illégal, McLaren a agi tout à fait correctement et même avec retenue», estime-t-il.

«Tragédie»

Kimi Räikkönen a survolé le GP d'Australie en ouverture de saison, mais la FIA a explicitement interdit les fonds plats mobiles dès le GP suivant en Malaisie suite à une demande de clarification de McLaren. Dennis reconnaît bien volontiers que son intervention auprès de la FIA a pour origine une fuite venant de la «taupe» chez Ferrari, Nigel Stepney.

Stepney est accusé par Ferrari d'avoir donné des informations et remis des documents confidentiels sur les F2007 au concepteur des McLaren-Mercedes MP4-22, Mike Coughlan. Dennis confirme l'implication de ce dernier mais à but «strictement personnel» car avec Stepney «ils voulaient proposer leurs services à Honda».

«Ce serait une tragédie si l'un des plus beaux championnats depuis des années était faussé par les actes d'un employé de Ferrari et d'un de McLaren agissant pour leur propre compte et sans aucun lien ni avec Ferrari ni avec McLaren», conclut Dennis dans sa lettre à Macaluso, ultime tentative d'appel à «sa» raison.

En attendant, ni Alonso ni Hamilton n'ont été autorisés à rencontrer la presse jeudi, pour éviter «toute distraction inutile».