Le duel théorique entre Michelin et Dunlop, les deux manufacturiers de pneus qui équipent 55 voitures sur les 56 engagées dans ces 24 Heures du Mans, risque fort de tourner à l'avantage du manufacturier français, fournisseur des grands favoris, Audi et Peugeot.

En quête d'une 20e victoire quasi certaine au Mans, Michelin vise aussi une 14e consécutive au classement général puisque le Bibendum, vainqueur de la toute première édition en 1923, n'a plus mis un genou à terre depuis 1998 inclus, l'année du dernier succès Porsche avec la fameuse GT1.

«L'endurance est en phase avec les valeurs de Michelin, fondées sur trois piliers: la passion, l'innovation et la responsabilité», insiste Nick Shorrock, patron de la compétition chez Michelin, en prélude à cette 79e édition où il visera aussi un quatrième grand chelem consécutif, dans les quatre catégories (LMP1, LMP2, GTE-Pro et GTE-Am).

Pour y arriver, Michelin a apporté de quoi équiper 38 voitures. La bonne nouvelle pour les défenseurs de l'environnement, c'est que les nouveaux pneus durent plus longtemps, tout en restant très performants. Du coup, il en faut moins au Mans: 6 800 cette année, au lieu de 8 000 en 2008.

«L'innovation technologique nous permet de respecter notre engagement sur la mobilité durable», souligne Shorrock, «et ces progrès sont ensuite répercutés dans les pneus de série, dans un délai maximum de un à deux ans», comme pour le nouveau pneu «Pilot Super Sport» lancé début 2011.

La pole en pneus «usés»

Jeudi soir, Benoît Tréluyer a signé une pole position étonnante, en 3:25.738, après un double relais destiné à fignoler les réglages de son Audi R18 TDI pour la course. Soit 22 tours, donc 300 km, bouclés avec des pneus «medium», même pas les pneus les plus tendres de la gamme.

En 2010, en course, Anthony Davidson avait bouclé 46 tours avec les mêmes pneus sur sa 908, soit un quadruple relais de 627 km... à 243 km/h de moyenne, l'équivalent de deux Grands Prix de F1 consécutifs à Monza. Depuis, il y a eu un nouveau règlement technique, des nouvelles voitures et des nouveaux pneus.

«Les nouveaux pneus avant sont plus larges, donc plus efficaces au freinage et plus précis en entrée de virage, deux choses auxquelles un pilote tient beaucoup», explique Romain Dumas (Audi). «Et à 330 km/h aussi, en ligne droite, c'est important de pouvoir faire confiance à ses pneus», ajoute le vainqueur de 2010.

Face à Goliath-Michelin, David-Dunlop a misé sur la variété: 17 voitures, dont 3 en LMP1, 7 en LMP2, 4 en GTE-Pro et 3 en GTE-Am, alors que les Coréens de Hankook n'équipent qu'une seule voiture, la Ferrari 458 du Team Farnbacher. La meilleure chance de Dunlop, ce sont les BMW M3 officielles, favorites de la catégorie GTE-Pro. Avec des pilotes gonflés à bloc.