Malgré le niveau de performance de ses 908 HDi-FAP, Peugeot, en raison d'erreurs de jeunesse qui ne devront absolument pas être rééditées l'an prochain, a enregistré face à Audi un échec beaucoup plus cuisant que celui de l'an passé lors des 24 Heures du Mans automobiles.

«Il faut décortiquer tous les aspects et la stratégie pour en tirer les leçons», confirme d'ailleurs Nicolas Minassian pendant que le directeur de Peugeot Sport Michel Barge assure que l'écurie a déjà «commencé à travailler sur les 24 Heures du Mans 2009».

Stratégie de course:

 

Le Lion s'est voilé la face sous le soleil mais les premières gouttes de pluie ont fissuré ses belles certitudes. En ne parvenant pas à mettre une tactique efficace de chasseur pendant les dix dernières heures, quitte à prendre des risques sur une ou deux voitures pour pousser Audi à la faute, ou en faisant revenir simultanément ses trois voitures au garage, Peugeot a fait preuve d'une fébrilité qu'on ne lui connaissait pas.

D'une certaine absence de sens tactique aussi en ne réalisant que des doubles relais sous la pluie. Avec des quadruples relais, les pilotes Audi étaient parfaitement au courant de l'état de la piste et gagnaient dix secondes sur les Peugeot sur leur premier tour après le changement de pneus. D'ici un an, les (ou le...) responsables de ces avanies devrait avoir le temps de peaufiner ses réflexions.

Pneumatiques:

Sous les gouttes, les grands penseurs de la marque française n'ont jamais trouvé la solution idéale. Au petit matin, l'équipage de la N.7 a ainsi perdu la tête en faisant de mauvais choix de pneus pluie, alors que quatre types différents étaient à sa disposition. Pendant que la N.2 semblait marcher sur l'eau, la N.7 donnait l'impression de couler. A une heure de l'arrivée, le coup de poker des pneus lisses alors que la pluie tombait et qu'Audi avait chaussé des intermédiaires, n'a pas non plus permis de récolter la mise...

Équipages:

Les hommes choisis par Peugeot ont bien étalé leur rapidité (3:19.394) mais cela n'a pas suffi sur une course de 24 heures contre une Audi nettement moins rapide (3:23.939). Contre l'armada d'Audi composée de «vieillards» plus qu'expérimentés était-ce la bonne décision de confier le volant des trois 908 à huit anciens pilotes de F1? Assurément, non... Conséquence plus ou moins directe de la concurrence interne, la N.7 a été complètement détruite lors des essais, puis la N.9 accidentée jeudi lors des qualifications. Avec des pilotes jeunes, rapides sans repère en endurance, tout était réuni pour que Peugeot... aille dans le mur. La surcharge induite de travail pour le reste de l'équipe peut expliquer son manque de lucidité en course. Dans un an, les «top-guns», qui n'ont plus les faveurs des écuries de F1 depuis longtemps, auront logiquement plus d'expérience!

Réflexion générale:

Sur une course de 24 heures, à quoi cela sert-il de mettre au point une voiture capable de rouler plus de cinq secondes plus vite que ses rivales les plus dangereuses? Ultra-performant lors des qualifications, Peugeot a accaparé tout seul une pression qu'il aurait pu partager avec l'Audi tenante du titre mais en fin de cycle. Plus rapide, cette 908 a également dû repasser plus souvent aux stands. Soit pour étancher sa soif inextinguible en carburant... soit pour réparer les petites pannes qui l'ont gênées toute la course, comme une surchauffe récurrente du radiateur. Des arrêts répétés qui coûtent finalement cher en temps perdu.