Après la délocalisation en 2009 du célèbre rallye Dakar en Argentine et au Chili, le Sénégal veut encore croire à l'avenir du sport automobile dans le pays même si le secteur touristique fait grise mine en raison d'un important manque à gagner.

«C'est dommage, mais je ne pense pas que ce soit dramatique. Ca va nous obliger à faire quelque chose pour remplir le vide laissé par le raid Lisbonne-Dakar-2008», déclare à l'AFP le président de la Fédération sénégalaise de sport automobile (FSAM), Dialo Kane.

«Nous sommes en train de réfléchir à des formules. Ce sont des idées, des réflexions autour de projets que nous pourrons avoir» pour remplacer le Dakar, poursuit-il, sans plus de précision pour l'instant.

Après l'annulation de l'édition 2008 en raison de menaces terroristes, le Dakar-2009 aura lieu du 3 au 18 janvier en Argentine et au Chili, avec Buenos Aires comme ville de départ et d'arrivée, ont annoncé lundi les organisateurs du rallye-raid créé par Thierry Sabine en 1979.

Depuis près de trois décennies, l'arrivée -toujours très médiatisée- du rallye s'effectuait quasiment toujours au Sénégal sur les rives du Lac Rose, près de Dakar, après une dernière pointe de vitesse sur les immenses plages atlantiques.

Assistance d'ASO

Pour le journaliste sénégalais Lune Tall, éditeur de «Automoto magazine», un mensuel africain spécialisé sur le sport automobile, le Sénégal qui «a une longue tradition de sport automobile ne peut pas être alarmé» par cette décision.

«La FSAM a plus de 50 ans. Il y a une continuité sur le plan historique. L'automobile au Sénégal ne dépend pas du Dakar», assure M. Tall.

Selon lui, «ce sont les +6 heures de Dakar+ (une compétition annuelle organisée par la FSAM) qui ont fait connaître à Thierry Sabine (initiateur du Dakar) la destination Dakar».

En outre, «ASO (Amaury Sport organisation, organisateurs du Dakar) a promis d'apporter une assistance aux +6 heures de Dakar+, la seule épreuve de circuit de vitesse en Afrique au sud du Sahara», ajoute le journaliste.

Sindjéli Wade, fille du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui a participé à plusieurs Dakar se dit «déçue en tant que Sénégalaise». «Mais je ne suis pas surprise à cause des difficultés à trouver des itinéraires» sûrs, précise-t-elle.

«Le Dakar était un évènement médiatisé qui n'a pas d'équivalent mais j'espère que d'autres organisateurs prendront le relais», affirme-t-elle.

Un «manque à gagner direct»

L'assurance des spécialistes du sport automobile contraste toutefois avec les craintes exprimées par l'Agence nationale de promotion touristique du Sénégal (ANPT), une structure publique.

«Notre réaction va dans le sens du regret. Le Dakar représente un potentiel de rayonnement de la destination Sénégal qui a fini de s'imposer dans notre agenda culturel et sportif», déclare à l'AFP son directeur, Assane Soumaré.«L'annulation du Dakar-2008 a eu des effets néfastes après les investissements consentis dans l'exploitation des circuits touristiques, la restauration, la promotion internationale», poursuit-il.

M. Soumaré évoque un «manque à gagner direct» lié notamment à l'exploitation des entreprises touristiques et «indirect, difficilement calculable en terme d'image et de communication sur le plan international du fait de la médiatisation du Dakar».

Mais «je suis persuadé que cette (délocalisation) n'est qu'une parenthèse», précise-t-il.

«Les gens se rendent compte de l'impact médiatique, humanitaire et touristique» du rallye, indique pour sa part le journaliste Lune Tall, citant notamment des actions, liées à l'accès à l'eau et à l'alimentation, en faveur des populations africaines traversées par le Dakar.