C'est un petit peuple de 3000 âmes qui va, en exode permanent pendant deux semaines, d'Atlantique en Pacifique, des immensités de la pampa argentine à l'altiplano péruvien -sa terre promise-: le Dakar n'a pas d'équivalent au monde s'agissant des moyens mis en oeuvre pour son organisation logistique itinérante.

En dehors de la course proprement dite, il s'agit pour les organisateurs de construire et déconstruire quotidiennement, puis de transporter sur des centaines de kilomètres l'équivalent d'une petite ville, avec toutes les structures nécessaires à la vie et au travail de ses habitants.

«Nous fonctionnons selon un système à "tiroirs", avec deux villages ou bivouacs jumeaux qui jouent à saute mouton tout au long des 14 étapes, le premier passant de la position 1 à la position 3, quand le second, en position 2, se propulse à la position 4», explique Marc Phily, le coordinateur logistique du Dakar.

Ces bivouacs, installés, ici sur un circuit automobile, là dans un complexe sportif, ou encore sur une aire désertique écrasée de soleil et battue par le vent de la pampa, occupent chacun 10 hectares divisés en trois grandes zones: Technique (organisation, médical, production et transmissions télé), Restauration (zone de vie, sanitaires, cuisine et restaurant) et Concurrents, avec toutes les écuries de course et leurs camions ateliers mécaniques.

Une centaine de voitures, la moitié de camions et bus, mais aussi sept avions et 11 hélicoptères, circulent et volent, de jour comme de nuit, pour transporter hommes et matériel à travers le continent sud-américain.

 

Exceptionnel dispositif media et TV

Le Dakar ne serait pas le Dakar, sans la diffusion mondiale et sur tous les supports (journaux, radios, TV, internet) du spectacle des bolides et prototypes aux carrosseries chamarrées, à deux ou quatre roues, fonçant sur les pistes, canyons, ergs et regs.

Quelque 250 journalistes de la presse internationale suivent en permanence le rallye sur le terrain, nombre qu'il convient de multiplier par deux avec la venue ponctuelle de représentants des médias locaux en Argentine, Chili et Pérou.

Sur le bivouac, le «bloc télé», occupe à lui seul 230 personnes avec ses cadreurs, monteurs, régisseurs, techniciens et aligne ses 45 tonnes de matériel (camions de montage, de transmission et grandes antennes satellites).

Mais pour les aficionados du sport mécanique du monde entier, la force du dispositif média réside dans le site internet de l'organisation, qui informe en temps réel de la course, de son évolution en cours de spéciale, des résultats, classements, commentaires et déclarations de concurrents, écrits par une équipe de journalistes professionnels.

C'est d'ailleurs sur le site que tous les envoyés spéciaux en Amérique Latine prennent connaissance, en amont, des informations nécessaires à la «couverture officielle» de la course qu'ils retransmettent à leurs rédactions respectives.

Ainsi, beaucoup des représentants de la presse «sur place» ne voient pas grand chose des trois pays traversés, de leur population et même de la course, hormis les images tournées sur les pistes des spéciales et retransmises sur les écrans installés au bivouac.

Mais chaque jour et dans la limite des moyens disponibles (hélicoptères et voitures), les reporters peuvent aussi aller sur le terrain et s'immerger dans la course, donc souvent dans des nuages de sable sous le soleil écrasant de l'été austral.

C'est là que l'on sent battre le coeur du Dakar.... Nulle part ailleurs.

Photo AFP