Les Championnats du monde de Montréal ont commencé comme les Jeux olympiques pour Charles Hamelin: par une victoire convaincante au 1500 mètres, hier après-midi. Mais il s'en est fallu de peu pour que sa poisse de Sotchi se transpose sur la glace de l'aréna Maurice-Richard.

«Deux centimètres», a calculé le nouveau champion du monde en sortant de la patinoire. C'est la marge approximative qui lui a permis d'éviter d'être fauché après un léger contact avec un rival coréen avec moins de quatre tours à faire dans la finale. Se protégeant avec une main, Hamelin a pu éviter le pire, laissant son adversaire valser vers le centre de la glace. «Ça a passé à deux centimètres qu'il me pogne les lames et que je tombe avec lui...»

Manifestement dans une forme exceptionnelle, bataillant toujours à l'avant comme il en a l'habitude, le champion olympique a pu poursuivre sa course derrière le Chinois Tianyu Han, qu'il a habilement dépassé à l'intérieur avec un tour à faire, en route vers la première médaille d'or de sa carrière sur cette distance aux Mondiaux. Han a remporté l'argent comme à Sotchi, le Coréen Se Yeong Park, le bronze.

Après avoir conclu les JO sur deux chutes dès les premières rondes sur 1000 et 500 m, Hamelin avait des choses à se prouver pour cette première épreuve aux Championnats du monde.

«Je voulais remonter sur la glace, en gagner une autre, pour dire: regarde, c'étaient des malchances, c'est tout, a admis l'athlète de 29 ans. Mentalement, c'est dur de passer à travers, de laisser ça de côté et de tourner la page quand tu n'as pas couru de nouveau et que tu n'as pas eu un bon résultat. C'est un peu ça qui s'est passé aujourd'hui [hier].»

L'impact médiatique de cette médaille d'or est moindre qu'à Sotchi, mais sur le plan sportif, elle a autant de valeur aux yeux d'Hamelin. «Parce qu'un champion du monde canadien au 1500 mètres, je ne me rappelle pas la dernière fois qu'il y en a eu. Ça doit être Marc Gagnon dans les années 90.» Vérification faite, ce dernier avait gagné en 2001 en Corée sa quatrième médaille d'or sur la distance pour le quadruple champion mondial.

Charles Hamelin est donc dans une position idéale pour succéder à Gagnon et décrocher un tout premier titre au général, décerné au patineur qui accumule le plus de points au terme de quatre épreuves individuelles (500, 1000, 1500 et 3000 m). Avec 34 points, il a une priorité de 13 points sur Han et de 21 points sur Park.

Stoppé en demi-finale du 1500 m, le Coréen Da Woon Sin, champion mondial, a dû se contenter de deux points. Le Russe d'origine coréenne Victor Ahn, quintuple champion mondial (2003 à 2007) et quadruple médaillé à Sotchi (3 or), a fini quatrième, empochant huit points.

Olivier Jean (11e) et Charle Cournoyer (14e), les deux autres Canadiens en action, ont vu leur parcours d'arrêter en demi-finale. Jean a pris le quatrième rang d'une vague dominée par Hamelin.

«J'aurais aimé faire la finale, mais techniquement et physiquement, je me sentais extrêmement bien», a jugé le vétéran de Lachenaie, qui fêtera son 30e anniversaire aujourd'hui en participant au 500 m, son épreuve de prédilection.

Une «belle bataille»

Valérie Maltais est passée à un cheveu de monter sur le podium au 1500 m.

Prise en sandwich dans un train coréen, la patineuse originaire de La Baie a été reléguée au quatrième rang, reprise dans le dernier virage par Alang Kim, puis par Seung-Hi Park, respectivement médaillée d'argent et de bronze.

Leur compatriote Suk Hee Shim a remporté l'or.

«De façon générale, je suis quand même satisfaite de ma course. C'était une belle bataille, a jugé Maltais, qui garde l'oeil sur le classement général. Je suis excitée pour la suite.»

Marianne St-Gelais (16e) a fini cinquième de sa demi-finale, tandis que Marie-Ève Drolet (22e) s'est arrêtée en séries.

Maltais, Drolet, Jessica Hewitt et Jessica Gregg ont uni leurs efforts pour prendre le deuxième rang en demi-finale du relais 3000 mètres.

Les vice-championnes olympiques accèdent ainsi à la finale de demain.

Gagnon impressionné

Marc Gagnon ne se souvenait pas qu'il a été le dernier patineur canadien à avoir gagné l'or au 1500 mètres à des Mondiaux (2001).

À ce moment, l'accent était mis sur le classement général, même en Coupe du monde.

Assistant à la compétition depuis les gradins, le quintuple médaillé olympique a été impressionné par la prestation de Charles Hamelin, qu'il a trouvé «un peu moins dominant» qu'aux Jeux olympiques de Sotchi, mais tout aussi impressionnant par son contrôle technique et stratégique.

«Depuis trois ans, il a vraiment progressé», a jugé Gagnon, aujourd'hui entraîneur des juniors au Centre régional de Patinage de vitesse Canada.

«Il est plus fort, mais aussi vraiment plus complet sur le plan stratégique. Il est beaucoup plus intelligent; il sait quand c'est le temps de laisser passer quelqu'un et ensuite, le dépasser de nouveau, ce qu'il faisait peut-être moins avant. Sans dire que c'est dans le sac, s'il continue à patiner aussi intelligemment, je ne vois pas qui peut le challenger d'ici à dimanche [demain].»

Youppi! a payé le prix...

Ils étaient près de 4000 écoliers invités par le comité organisateur pour assister à la première journée de compétition.

Belle initiative. Ils ont fait du bruit - strident - pour à peu près 20 000. Même Youppi! en a eu pour son argent.

Malheureusement, à peu près la moitié des jeunes avait regagné les autobus jaunes quand Charles Hamelin a remporté sa médaille d'or.

Ceux qui restaient ont cependant bien fait sentir leur présence.

«La foule m'a vraiment aidé, a assuré Hamelin. Ça m'a donné la petite énergie qu'il me fallait pour dépasser le Chinois dans le dernier tour.»

Le champion olympique a toujours eu à coeur l'avenir de son sport et il espère avoir pu montrer la voie.

«En tant qu'athlète et sportif, tu veux inspirer des jeunes à bouger, à s'entraîner, à faire un sport qu'ils aiment.»