En 2012, l'haltérophile Christine Girard est revenue des Jeux olympiques de Londres avec une médaille de bronze autour du cou. Quatre ans plus tard, tout indique que le bronze se changera en or.

Une nouvelle analyse d'échantillons prélevés sur les athlètes ayant participé à la compétition a révélé mercredi 11 nouveaux cas de dopage dans la catégorie des moins de 63 kg. Parmi les fautives, on retrouve la Russe Svetlana Tzarukaeva, qui avait remporté la médaille d'argent.

Le mois dernier, la Kazakhe Maya Maneza, médaillée d'or, a elle aussi échoué à un contrôle antidopage. Tzarukaeva et Maneza ont été suspendues par la Fédération internationale d'haltérophilie. Comme leurs performances à Londres seront annulées en raison de ces résultats, Girard pourrait donc être sacrée grande gagnante de l'épreuve.

« J'étais surprise et extrêmement contente. Quand j'ai réalisé l'ampleur de tout ça, j'étais très émue », s'est-elle réjouie lorsque La Presse l'a jointe hier.

« C'est la première médaille d'or pour mon sport et pour une femme au Canada, souligne-t-elle. C'est un impact très grand, et j'espère que ça donnera du poids à mon message, à savoir que nous sommes capables de rivaliser avec les athlètes dopés tout en étant propres. »

UN PEU DE PATIENCE

L'athlète native de Rouyn-Noranda, établie en Colombie-Britannique depuis 2009, indique avoir reçu de nombreux messages de félicitations, notamment de la part des haltérophiles qu'elle entraîne à son gymnase.

« C'est assez incroyable, dit-elle. J'ai eu beaucoup d'appuis de la part des gens d'ici [en Colombie-Britannique], mais aussi d'Abitibi-Témiscamingue. Il y a même des gens d'autres pays qui prônent les mêmes valeurs que le Canada qui m'ont remerciée. »

Girard, 31 ans, devra toutefois attendre avant de tenir sa médaille dans ses mains, puisque le processus de redistribution des médailles pourrait prendre plusieurs mois. Rien pour atténuer son bonheur et sa fierté, cependant, même si elle aurait évidemment aimé recevoir l'or dans des circonstances différentes.

TRISTE POUR SON SPORT

Si elle jubile à l'idée de devenir championne olympique, Girard est toutefois très déçue pour l'haltérophilie en général. À ses yeux, cet incident assène un nouveau dur coup à la discipline, déjà éprouvée par plusieurs autres cas de dopage par le passé.

« C'est un énorme scandale pour mon sport. C'est très triste et ça m'inquiète pour son avenir. Voir que le dopage va ruiner notre image, c'est vraiment triste », déplore-t-elle.

Girard, qui ne cache pas son aversion pour le dopage chez les athlètes, se dit d'ailleurs déçue que le Comité international olympique (CIO) ait refusé de bannir la Russie des Jeux de Rio, préférant renvoyer la balle dans la cour de chacune des fédérations sportives.

« J'aurais aimé que la Russie se fasse taper sur les doigts un peu plus fort et que le CIO envoie un message plus clair, regrette-t-elle. Je peux comprendre qu'on s'en remette aux différentes fédérations, mais ça aurait pris un message plus cinglant pour montrer que c'est inacceptable à un haut niveau. »

« Les athlètes [russes] ne peuvent probablement rien dire, ajoute Girard. On ne peut pas leur en vouloir. Ce sont les valeurs du pays qui sont remises en question. »

photo YURI CORTEZ, archives agence france-presse

Christine Girard pourrait finalement être sacrée grande gagnante de l’épreuve.