Les Jeux olympiques de Rio de Janeiro devraient être reportés ou transférés vers d'autres sites en raison de la menace que pose l'épidémie liée au virus Zika au Brésil.

C'est du moins ce que soutient un professeur canadien spécialisé en droit et en santé publique.

Dans un commentaire publié dans le Harvard Public Health Review, Amir Attaran, qui enseigne à l'Université d'Ottawa, affirme que les quelque 500 000 visiteurs attendus aux Jeux olympiques et paralympiques pourraient propager le virus une fois qu'ils seront de retour dans leur pays.

La plupart des gens qui contractent le virus Zika, qui origine de piqûres de moustiques, ne ressentent aucun symptôme. Les autres se plaindront de fièvre, de douleurs au corps, de démangeaisons et de rougeurs dans les yeux.

Mais des experts ont découvert que le Zika peut provoquer une croissance anormalement faible du cerveau et du crâne de bébés - un phénomène connu sous le nom de microcéphalie - nés de femmes qui ont été infectés pendant leur grossesse. Le virus pourrait aussi être lié au syndrome de Guillain-Barré, un trouble neurologique pouvant causer une paralysie progressive, et à d'autres désordres neurologiques chez certains enfants et adultes ayant été infectés.

La maladie, qui a atteint des niveaux épidémiques en Amérique du Sud, en Amérique centrale, dans certains secteurs du Mexique et des Caraïbes, peut aussi être transmise sexuellement par un partenaire qui en a été infecté.

«Le problème, c'est que nous faisons face à une situation où les Jeux sont confrontés à la santé, a déclaré Attaran dans une entrevue menée lundi alors qu'il se trouvait à Ottawa. Et selon moi, il est très clair que vous ne tenez pas des Jeux qui pourraient saboter la santé du monde, ce qui est un scénario très possible.»

Attaran ajoute qu'il serait irresponsable de la part du Comité international olympique (CIO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de permettre aux Jeux - qui doivent commencer dans moins de 90 jours, le 5 août - d'aller de l'avant.

«En se fiant sur les preuves scientifiques, je considère que c'est potentiellement catastrophique, extrêmement négligeant et irréfléchi», affirme Attaran, tout en ajoutant que les données scientifiques sur Zika ont rapidement évolué depuis que le CIO a annoncé, vers la fin de janvier, que les Jeux auraient lieu comme prévu.

Depuis cette prise de position, lors de laquelle le CIO avait aussi énoncé divers conseils pour se protéger des piqûres de moustiques, des chercheurs ont prouvé qu'une infection au Zika pendant la grossesse peut causer une microcéphalie chez les nouveau-nés.

«C'est comme si l'on disait: "Nous présentons les Jeux à Fukushima. Protégez-vous. Portez une veste de plomb. Tout ira bien"», a illustré Attaran, en faisant référence au désastre nucléaire qui a frappé cette région du Japon à la suite du tsunami de 2011.

Attaran ne dit pas qu'il faut annuler les Jeux olympiques, seulement les reporter ou les déplacer vers un endroit plus sécuritaire, ou même vers plusieurs sites.

«Vous pourriez y arriver d'ici 90 jours, parce qu'il n'est plus nécessaire de tenir les Jeux au même endroit, a-t-il dit. Il suggère que soient utilisées les installations de Sydney, de Pékin et de Londres, sites des Jeux d'été de 2000, 2008 et 2012.

«En fait, ce serait un plus. Ce n'est pas négatif. Ça donnerait l'occasion de se servir d'une malheureuse tragédie connue sous le nom de Zika et de la transformer en des Jeux olympiques vraiment universels. Comment quelqu'un pourrait détester cette idée?»