Les sourires étaient nombreux hier matin à la boutique Vélo 2000-Louis Garneau, à Longueuil. Le cycliste David Veilleux y était pour annoncer une grande nouvelle: il poursuivra sa carrière en Europe. Il vient de signer un contrat avec Europcar, l'une des quatre grandes équipes françaises. Louis Garneau a profité de l'occasion pour révéler que son entreprise sera désormais le fournisseur officiel de vêtements et de casques pour la formation connue jusqu'à cette saison sous le nom BBox Bouygues Telecom.

«C'est un peu un rêve d'enfance qui se réalise», a confié Veilleux, à peine de retour d'une première rencontre avec les membres de sa nouvelle équipe, à Nantes, où il s'établira le mois prochain.

Ses premières impressions? «J'ai vraiment aimé ça. Il y a eu un dîner... euh un souper avec les 21 autres coureurs, et je n'ai pas eu l'impression qu'un tel était plus important qu'un autre. C'était comme une gang de chums. Ils sont très ouverts.»

La présence d'un Québécois a quand même piqué la curiosité. Habituellement, les nouveaux coureurs sont issus de l'équipe Vendée U, filière espoir créée par le directeur sportif Jean-René Bernaudeau il y a une vingtaine d'années.

Ancien coureur de grand calibre, Bernaudeau n'avait lui-même jamais entendu parler de Veilleux jusqu'à ce que Pierre Hutsebault, son entraîneur personnel, ne lui passe un coup de fil il y a un mois. Il lui a envoyé son C.V.: quintuple championnat national espoir (route et contre-la-montre), gagnant des championnats de critériums canadien et américain en 2010, top 10 au contre-la-montre des Mondiaux espoirs de 2009. Et lui a vanté ses qualités: un routier-sprinter, sérieux, jamais malade, costaud (1m80, 77 kg).

Il sait frotter? a demandé le directeur. Il adore, a répondu l'entraîneur. Bernaudeau était justement à la recherche d'un coureur en mesure de composer avec les rigueurs des classiques flandriennes. L'entente commerciale avec Louis Garneau, qui soutient Veilleux depuis ses débuts juniors, concourait au match parfait. Marché conclu.

«C'est la première fois que j'engage un coureur sans l'avoir vu!» a dit Bernaudeau à Hutsebault.

Précision de Veilleux, qui vient tout juste d'avoir 23 ans: «Mes résultats l'ont intéressé et il me l'a dit clairement: il croit vraiment à mon potentiel et pense que je peux apporter quelque chose à l'équipe.»

Ancien gagnant du Tour de l'Abitibi, Veilleux évoluait depuis 2007 sur le circuit professionnel américain, où il a signé quelques victoires d'importance, dont ce championnat de critérium. «J'ai fait beaucoup de courses là-bas et je commençais à trouver que je stagnais un peu, juge le cycliste originaire de Cap-Rouge. J'étais rendu à penser - sans prétention - que je pouvais gagner certaines courses. Je ne l'aurais peut-être pas fait l'an dernier ou il y a deux ans. Mais là, je pense que je suis prêt pour un nouveau défi.»

ProTour de 2005 à 2009, Europcar évoluera dans la catégorie continental pro (deuxième division) pour une deuxième année. Il est néanmoins acquis que l'équipe obtiendra encore son invitation pour le Tour de France, les grandes classiques et les courses européennes majeures, ainsi que les Grands Prix de Québec et Montréal.

C'est d'ailleurs Thomas Voeckler, coureur vedette d'Europcar, qui a remporté le premier GP de Québec dans son maillot de BBox et de champion de France, le 10 septembre dernier. La fidélité du populaire coureur, ancien maillot jaune au Tour de France, a d'ailleurs assuré la survie de la structure de Bernadeau, qui cherchait désespérément un repreneur à la suite du retrait de Bouygues. Europcar, une entreprise de location d'autos, a pris le relais avec l'intention d'accroître sa notoriété internationale.

Veilleux se réjouit de rejoindre cette formation, composée presque uniquement de coureurs français. «C'est une occasion rêvée, dit celui qui doit mettre sur la glace ses études de génie mécanique à la Polytechnique. Si j'avais eu une offre de Garmin, par exemple, je ne sais pas si je l'aurais acceptée. J'aurais été le 28e coureur sur la liste. Oui, il y a d'excellents coureurs chez Europcar, mais j'aurai une chance de me faire valoir quand je serai en forme. Et j'aime bien travailler pour des coéquipiers.»

Bien sûr, Veilleux rêve au Tour de France un jour, mais assure qu'une participation à Paris-Roubaix et au Tour des Flandres le réjouirait autant. Il a reçu la confirmation qu'il fera partie du groupe de 10 coureurs d'Europcar pour la campagne des Flandres, en mars et avril.

«Ce sont un peu des courses de guerriers, pour les bons rouleurs, costauds, note-t-il. J'ai fait beaucoup de vélo de montagne. Les affaires qui brassent, le mauvais temps, ça ne me dérange pas.»

Comme ses coéquipiers, Veilleux roulera avec les vêtements et les casques Louis Garneau, fabriqués à l'usine de Saint-Augustin-de-Desmaures. L'entrepreneur fait un retour dans le peloton européen. De 2005 à 2008, il a fourni les casques à l'équipe de Bernaudeau. Le marché a beaucoup changé. «Les coûts ont quintuplé», a noté Louis Garneau. L'objectif, qui cadre avec les ambitions d'Europcar, est d'augmenter la notoriété de la marque, déjà disponible dans 45 pays.

À terme, Garneau ne cache pas qu'il ambitionne de voir rouler ses vélos au Tour de France. «C'est un rêve, dit-il. D'ici trois à cinq ans, c'est envisageable.» Ce serait encore mieux avec un Québécois derrière le guidon.