(Calgary) Le rose. La lutte contre le cancer du sein pour les uns. Un futur projet de transport en commun pour d’autres. C’est Rose Ouellette, Pete Rose ou Paul Rose, selon nos références culturelles.

Mais pour d’autres, le rose, c’est un homme et un seul : Bret « Hitman » Hart, icône canadienne de la lutte, membre de la célèbre famille Hart, essentiellement la royauté par ici.

Il appert que son univers tout de rose est incarné par un bar sportif situé à un jet de bière du Saddledome, à Calgary : le Hitman’s Bar, tout simplement. Ouvert il y a un an, il est là, dans un recoin du Cowboys Casino, annoncé par une affiche de Bret Hart lui-même, de même qu’un sublime podium rose marqué d’un cœur rouge.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Le surnom de Bret Hart, « The Excellence of Execution », et ses nombreux titres, bien en évidence dans le bar

Il n’est pas clair si Hart est le propriétaire des lieux. Une serveuse nous dit que non, mais le site internet du commerce dit que oui. Qu’importe : l’amateur de lutte y trouvera un véritable musée documentant la carrière de celui qui donnait les meilleurs coups de poing de l’histoire de ce sport-spectacle. Pas pour rien qu’un de ses surnoms était « The Excellence of Execution », surnom rappelé par des néons sur les murs.

Les murs sont couverts d’écrans montrant tant des évènements sportifs en direct que de vieux spectacles dans lesquels apparaissait Bret Hart. Lors de notre passage, c’était WrestleMania XI, celui qui se termine par un combat entre le flamboyant Bam Bam Bigelow et la légende du football Lawrence Taylor.

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Photo signée par « Stone Cold » Steve Austin affichée au Hitman’s bar

Le véritable intérêt du bar, cela dit, ce sont les photos des plus grands combats de Hart, de même que les affiches promotionnelles rappelant que le catcheur a fait le tour du monde : Japon, Afrique du Sud, Allemagne et Koweït, pour ne nommer que ces pays. La photo la plus marquante : celle signée par « Stone Cold » Steve Austin, qui immortalise la fin de combat épique où Austin est pris dans le fameux sharpshooter, le visage ensanglanté. « C’est le match qui a créé Stone Cold », lui a écrit son rival. On retrouve aussi moult couvertures de magazine, dont une avec Bart Simpson, lors d’un rare saut de Hart dans la culture populaire.

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Le combat entre Bret Hart et Ric Flair joue en boucle dans un présentoir avec certaines de ses ceintures de championnat.

Derrière une vitre, quelques-unes des ceintures de championnat remportées par Hart. On a même pensé installer un téléviseur qui présente en boucle le combat où Hart est devenu champion du monde pour la première fois, face à Ric Flair.

Exactement comme au musée, sauf qu’au lieu d’admirer des tableaux de Rembrandt, on voit Bret Hart faire un brise-rein comme si sa vie en dépendait.

Le reste de la famille n’a pas été oublié dans les photos. Bret et le regretté Owen sont les plus connus, mais les huit fils de Stu Hart ont tous lutté ou travaillé dans le milieu. Ce sont les Sutter de la lutte. C’est sans oublier Davey Boy Smith, membre des British Bulldogs, et Jim « The Anvil » Neidhart, l’homme à la barbichette rousse qui a longtemps fait équipe avec Bret Hart. Ils ont épousé deux des filles du clan Hart. Aujourd’hui disparus, ils vivent encore en photos dans cet estaminet.

Après 20 bonnes minutes à faire le tour des photos, encore faut-il s’hydrater. À plus forte raison avec tous ces cocktails nommés en l’honneur de lutteurs. Mieux vaut s’en tenir aux cocktails, car côté bière, c’est mince.

Par souci de rigueur, La Presse a donc testé The Anvil, un paper plane qui ouvre bien l’appétit. Le cocktail sera bien sûr inscrit à titre de nourriture dans le rapport de dépenses ; si nos collègues de la comptabilité ne tombent pas sur cet article, l’astuce devrait fonctionner. Quoiqu’à bien y penser, il aurait été préférable de ne pas l’écrire du tout, mais bon, le mal est fait.

On n’a toutefois pas testé le Hitman Spritz, un breuvage que l’on ne souhaite pas aussi amer que Hart envers son ancienne industrie (sa carrière a fini en queue de poisson, notamment en raison de blessures).

Seule déception : ne pas avoir croisé Bret Hart lui-même. Pour y parvenir, on peut toujours remplir le formulaire qui permet de gagner « un souper avec Bret Hart », selon le site internet.

L’autre façon de le rencontrer, c’est de se pointer le jeudi ; il vient y faire son tour chaque semaine, nous explique la serveuse… en ce vendredi, question de bien tourner le fer dans la plaie.